Table of Contents
1.1 Postcard Poetry & Poetics / Poésie et poétique de la carte postale (Sorbonne Université)
1.3 Les corps vivants, vécus et représentés en Méditerranée #3C – CORPS. COSMOS. CORSE (Corte)
1.5 Congist’26. Interdisciplinary Perspectives on Crisis (Istanbul, Turkey)
1.6 Plurilinguisme, insularité, écritures littéraires et créations artistiques (Djerba, Tunisie)
1.7 L’alcôve – Cahiers interdisciplinaires, n° 1 : “Le rituel”.
1.8 Les mutations du concept de frontières : Entre fixité et mouvance (Beyrouth, Liban)
1.9 Décrire les créoles au XIXe s. : idéologie, sociologie et intertextualité (revue Archipélies)
1.10 Étude sur la filière du livre en Afrique francophone – Recherche de consultant.e.s.
1.15 Récits francophones de soi depuis les années 2000 (Montpellier)
1.16 La culture, d’hier à aujourd’hui : quel héritage ? (Bondoukou, Côte d’Ivoire &rRevue Mémoires)
1.21 Call for Papers: Special Issue series ‘Diasporic Cinemas’
1.23 What Are Your Methods for Africa and the Diaspora? – HIA Call for Papers.
2.1 Associate or Full Professor in African Diaspora History, Spelman College – Georgia.
2.3 Two-term Stipendiary Lectureship in French, University of Oxford – Merton College.
2.6 Assistant Teaching Professor of French Studies, Wake Forest University
2.7 Assistant Teaching Professor in French & Francophone Studies.
2.8 Assistant Professor or Associate Professor.
2.9 Assistant Professor – Francophone Caribbean Studies.
2.10 Assistant Teaching Professor in French and Francophone Studies.
2.11 Assistant Professor of French.
2.12 Assistant Professor – Black French Thought.
2.13 Assistant Professor of French Studies.
2.14 Chair, Department of English and Foreign Languages.
3.1 6th Annual Roundtable for Black Feminist and Womanist Theory (Hybrid & Free!)
3.2 DECOLONIAL EDUCATION AND GLOBAL CITIZENSHIP.
4.1 Resurrecting the Past: France’s Forgotten Heritage Mandate.
1. Calls for Papers
1.1 Postcard Poetry & Poetics / Poésie et poétique de la carte postale (Sorbonne Université)
- Date de tombée (deadline) : 07 Novembre 2025
- À : Sorbonne Université, Paris
- [VERSION FRANÇAISE]
- Appel à communications
- Colloque « Poésie et poétique de la carte postale »
- Sorbonne Université, Paris, 3-6 juin 2026
I
can’t get it out
to write letters or
postcards or anything:
— A. R. Ammons, Tape for the Turn of the Year (1965)
La carte postale incarne bien souvent le « degré zéro de l’écriture », pour détourner le titre de Barthes. Format mineur de la correspondance, dangereusement proche de l’insignifiant (comme l’illustre le decrescendo de A. R. Ammons dans les vers cités ci-dessus, « lettres ou / cartes postales ou quoi que ce soit ») ou de l’infra-ordinaire (pour reprendre un terme de Georges Perec, qui propose en 1978 des combinaisons pour « 243 cartes postales en couleur véritables »), l’écriture de cartes postales a longtemps été considérée comme une catégorie négligeable des échanges épistolaires, jugée au mieux expéditive et lapidaire, aux antipodes des aspirations littéraires, et globalement dénuée de portée esthétique ou sémantique. À l’ère actuelle du numérique, l’essor des messageries électroniques instantanées ou des plateformes de partage d’images (Instagram), semble produire un double effet : non seulement frapper d’obsolescence la carte postale imprimée comme vecteur de communication, mais lui conférer une sorte d’aura tenant à la fois de l’archaïsme, du kitsch et de la nostalgie.
L’une des conséquences pratiques de cette marginalisation culturelle est que les cartes postales de poètes, comme beaucoup d’ephemera littéraires tels que les affiches, prospectus, tracts ou cartes d’invitation, ont tendance à passer inaperçues (ou à ne pas être répertoriées) dans les archives. Les cartes postales manuscrites, par exemple, sont rarement signalées dans les correspondances d’écrivains : invisibles dans les catalogues, elles sont le plus souvent répertoriées par date ou par correspondant plutôt que par support. À l’inverse, les cartes postales identifiées comme telles dans les archives sont le plus souvent des objets collectionnés, des cartes vierges qui n’ont été ni écrites ni envoyées, un support sans message : regroupées dans des catégories telles que « documents divers » ou « miscellanées », elles sont considérées comme « principalement des déchets » (Ammons) et non comme des objets textuels intéressants, bousculant les frontières de l’autorité et de l’auctorialité littéraires. Depuis quelques années pourtant, les spécialistes de littérature sont de plus en plus nombreux·euses à s’intéresser à la carte postale comme objet littéraire (voir, par exemple, Clissold, Cure, Prochaska et Mendelson, Reverseau, Rosenbaum et Ellis). Ils et elles ont voulu inverser la tendance en « représentant la carte postale » comme faisant partie de notre histoire culturelle (Cure), en valorisant ces « fragments éphémères de culture visuelle » autrefois considérés comme des « détritus culturels » (Mendelson et Prochaska xi, xii) dans le cadre de la « construction d’un patrimoine » (Nachtergael et Reverseau 17), en examinant les cartes postales collectionnées et/ou affichées par les écrivains comme faisant pleinement partie de leur poétique (Reverseau 2019-2024), et en procédant à une profonde réévaluation de la carte postale littéraire (Clissold), réelle ou imaginaire.
Que se passe-t-il donc lorsque les poètes font de la carte postale un support poétique à part entière, l’investissant d’un rôle majeur dans l’élaboration de leur poésie et de leur poétique ? Au moment où la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne (B.I.S.) se prépare à accueillir une exposition des cartes postales de la poétesse nord-américaine Elizabeth Bishop au printemps 2026 (sélectionnées par les co-commissaires Jonathan Ellis et Susan Rosenbaum dans les archives Elizabeth Bishop à Vassar College), ce colloque international s’intéressera à l’attrait que continue d’exercer la carte postale sur les poètes en France et aux États-Unis depuis les années 1920, en étudiant tout particulièrement la manière dont chacun s’est emparé de ce support pour mobiliser, inspirer ou diffuser son écriture poétique.
Dans le sillage de l’ouvrage pionnier de Frank Staff, The Picture Postcard and Its Origins (1966), de récents travaux ont progressivement remis en question « le discours dominant selon lequel la carte postale serait un nouveau média qui s’est développé […] en opposition à la lettre », l’envisageant plutôt comme « un complément » (Cure 4). En étudiant les cartes postales et la deltiologie (ou collection de cartes postales, pratique à laquelle Paul Éluard s’est exemplairement livré) à la croisée des études de médias, de l’histoire de l’art, des études culturelles et des études modernistes, chercheuses et chercheurs sont désormais parvenus à réinscrire ce support dans l’histoire du système postal, des médias de masse ou de la photographie, souvent en abordant la carte postale comme l’incarnation de « l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique » (Benjamin). Bien que l’accent soit souvent mis sur la dimension visuelle des cartes postales au détriment de leur dimension textuelle, ces travaux ont toutefois ouvert la voie à la revalorisation d’un patrimoine littéraire dont la poéticité mérite à présent d’être sondée. Car il ne faudrait pas oublier que les premières cartes postales qui ont circulé dans les années 1860 et 1870 en Europe et aux États-Unis ne comportaient pas d’images (Cure 5). Destinées avant tout à faciliter la communication commerciale entre pays et continents, elles durent leur succès à ce nouveau format de poche sur papier cartonné et à leur moindre coût, qui permettaient l’envoi de messages très brefs et souvent stéréotypés. Cette caractéristique du « style » carte postale (voir, en particulier, Perec) lui valut d’ailleurs d’être accusée de précipiter le déclin de l’écriture, tout comme on accuse aujourd’hui les messageries instantanées d’être responsables du déclin de la lecture.
Non seulement les cartes postales ont vu leur popularité considérablement augmenter au cours des décennies suivantes, dépassant allègrement les frontières géopolitiques et sociales au point d’être saluées, et parfois redoutées, comme un moyen de communication démocratique au potentiel révolutionnaire, mais leur essor a également coïncidé avec celui de la photographie, qui a complètement transformé le médium en introduisant la carte postale illustrée, sous-catégorie qui s’est imposée depuis comme la version dominante (et comme par défaut) de « la » carte postale. Les cartes postales illustrées sont rapidement devenues un support privilégié des expérimentations visuelles et textuelles chez les modernistes, qui se sont emparés du caractère éminemment réversible et donc subversif de la carte postale au point que Bradley D. Clissold parle d’une « technologie de communication moderniste » (6) —ce que, sur le versant français, pourraient illustrer les noms d’Apollinaire, Carco, Cocteau ou Levet. C’est cette remise en question des hiérarchies établies que souligne d’ailleurs Jacques Derrida dans son éloge de la carte postale : « Ce que je préfère dans les cartes postales, c’est qu’on ne sait pas ce qui est devant ou ce qui est derrière, ici ou là, près ou loin, […] recto ou verso. Ni ce qui importe le plus, l’image ou le texte, et dans le texte, le message ou la légende, ou l’adresse » (19). Elle mérite néanmoins d’être nuancée à la lumière des relectures postcoloniales de la carte postale qui ont montré au contraire comment celle-ci renforce et dissémine à travers le monde toutes sortes de stéréotypes, notamment racistes ou sexistes (DeRoo) ; de même, Cary Nelson en se penchant sur « une forme littéraire largement oubliée : la carte-poème imprimée » (Nelson 2010, 174) a mis au jour son utilisation par les Nazis à des fins de propagande pendant la Seconde Guerre mondiale (2004, 2010). Ce colloque invite donc les chercheuses et chercheurs à repenser la manière dont les cartes postales, individuelles ou en série, ont été utilisées pour fonder ou étendre une communauté de lecteurs, en s’appuyant parfois sur une collaboration fructueuse entre poètes et éditeurs (voir, par exemple, les séries de cartes postales poétiques—mais aussi de poèmes sur marque-pages et autocollants pour pare-chocs—imprimées à Détroit par Ken et Ann Mikolowski de The Alternative Press dans les années 1970).
Sans minimiser le rôle de la photographie (ni la présenter comme un « élément perturbateur » dans l’histoire de l’écriture de carte postale [Brunet 8]), ce colloque souhaite explorer toute la gamme des cartes postales poétiques, y compris, mais pas seulement, les cartes postales illustrées. Ainsi les brouillons de poèmes griffonnés sur des cartes (trouvées ou fabriquées), les cartes-poèmes à usage promotionnel imprimées en nombre limité (servant de carton d’invitation pour le lancement d’un nouveau recueil ou une lecture de poésie), voire les cartes de vœux produites en série agrémentées de vers (écrits ou sélectionnés pour l’occasion) feront également partie du corpus à l’honneur tant il nous semble que les cartes postales mentionnées, décrites, collectionnées, fabriquées, affichées ou détruites par les poètes méritent d’être incluses dans une réflexion sur leur poésie et leur poétique.
Nous invitons les propositions de communications portant sur la poésie des aires francophones et nord-américaines des années 1920 à nos jours. Ces communications pourront aborder un ou plusieurs des thèmes énumérés ci-dessous ou s’aventurer au-delà de ces lignes directrices. Nous encourageons vivement les études de cas originales sur des poètes dont l’intérêt pour les cartes postales en tant que forme d’écriture, dont les archives riches en cartes postales, ou les poèmes en forme de carte postale, sont restés à ce jour inexploités.
- Matérialités des cartes postales, ou le poème en devenir
– cartes postales mentionnées dans des poèmes
– poèmes écrits sur des cartes postales
– poèmes inspirés par le format des cartes postales
– essais de poètes sur les cartes postales
– expérimentations de poètes avec les cartes postales
– poètes, cartes postales et récits de voyage
– cartes postales transfrontalières et poétique transnationale
– cartes postales et tourisme littéraire
– jeux avec les cartes postales
– cartes postales de poètes et clichés
– cartes postales et études queer
- Collections de cartes postales et archives poétiques
– cartes postales, éphémères et mort de l’imprimé
– cartes postales de poètes, nostalgie, rétromania
– cartes postales de poètes comme explorations intermédiales
– cartes postales, miniatures et formes courtes
– cartes postales uniques / en série
– cartes postales trouvées et cartes postales fabriquées
– cartes postales de poètes exposées dans la sphère publique (musées, rues et bibliothèques)
– cartes postales de poètes affichées dans leur atelier (murs de cartes postales)
– environnement matériel des cartes postales de poètes (boîtes, albums, portfolios, présentoirs, enveloppes, tiroirs, diaporamas)
III. Cartes postales, communautés de lecteurs et diffusion de la poésie
– la carte postale comme objet démocratique
– l’écriture de cartes postales : loisir ou travail ?
– la carte postale comme genre littéraire ou comme forme-sens en devenir
– l’impact culturel des cartes postales de poètes
– cartes postales et événements (ou performances) poétiques
– cartes postales poétiques et objets promotionnels
– cartes postales et études de genre
– cartes postales, colonialisme et race
– cartes postales de poètes et censure
– cartes postales de poètes et propagande
– cartes postales de poètes et impérialisme
Les communications pourront être données en français mais l’anglais sera la langue principale du colloque.
Merci d’envoyer une courte biographie et un résumé de 300 mots avant le 7 novembre 2025 à :
– Olivier Belin, Sorbonne Université (o.belin@wanadoo.fr“>o.belin@wanadoo.fr)
– Jonathan Ellis, Sheffield University (j.s.ellis@sheffield.ac.uk”>j.s.ellis@sheffield.ac.uk)
– Susan Rosenbaum, University of Georgia (srosenb@uga.edu“>srosenb@uga.edu)
– Juliette Utard, Sorbonne Université (juliette.utard@gmail.com“>juliette.utard@gmail.com)
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[ENGLISH VERSION]
Call for Papers
“Postcard Poetry & Poetics” Conference
Sorbonne Université, Paris, 3-6 June 2026
I
can’t get it out
to write letters or
postcards or anything:
— A. R. Ammons, Tape for the Turn of the Year (1965)
Postcards have often been viewed as embodying a “degree zero of writing,” to borrow a phrase from Roland Barthes. A lesser form of letter-writing dangerously poised toward not writing at all—as exemplified by Ammons’s decrescendo in the lines quoted above, “letters or / postcards or anything”— postcard-writing was long dismissed as a negligible subcategory of epistolary writing, one deemed formulaic at best, at odds with literary aspirations and typically lacking in aesthetic or semantic significance, if not downright obsolete in the age of instant electronic messaging.
One practical consequence of such cultural marginalization is that poets’ postcards tend to go unnoticed (or unregistered) in the archive. Inscribed postcards are typically unflagged in poets’ correspondences: they remain invisible in catalogs, where they are generally listed under specific dates or correspondents’ names rather than according to medium. Postcards that are identified as such in a poet’s archive, however, tend to be collectibles, blank cards that were neither written nor sent, a medium without a message: grouped under such categories as “loose material” or “miscellany,” they are treated as “mostly junk” (Ammons), not textual objects of interest, thus testing the boundaries of authorship and authoriality. Yet in recent years, postcards have increasingly come to the attention of literary scholars (e.g., Clissold, Cure, Prochaska and Mendelson, Reverseau, Rosenbaum and Ellis) who have sought to reverse the dynamic—by “picturing the postcard” as part of our cultural history (Cure), recovering these “ephemeral pieces of visual culture” once considered “cultural detritus” (Mendelson and Prochaska xi, xii) as part of “a heritage in the making” (Nachtergael and Reverseau 17, my translation), reclaiming blank postcards collected and displayed by writers as a meaningful part of their poetics (Reverseau 2019-2024), and altogether calling for an in-depth reexamination of literary postcards (Clissold), whether real or imagined.
What actually happens when poets invest the postcard as a poetic medium in its own right, approaching it as part of the elaboration of their poetry and poetics? As the Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne (B.I.S.) prepares to host an exhibit of Elizabeth Bishop’s postcards in spring 2026 (with items selected from the Elizabeth Bishop Papers at Vassar College by Jonathan Ellis and Susan Rosenbaum), this international conference seeks to explore the enduring allure of postal cards, looking at the many ways that French and American poets from the early twentieth century onward have approached the medium as facilitating, inspiring, or circulating their poetic writing.
Recent scholarship in the wake of Frank Staff’s pioneering The Picture Postcard and Its Origins (1966) has increasingly challenged “the dominant narrative of postcard as a new medium that developed […] against the medium of the letter in antagonistic fashion,” redefining it instead as “a supplement to the letter” (Cure 4). Addressing postcards and deltiology (i.e. the collecting of postcards) from the intersecting perspectives of media studies, art history, cultural studies, and modernist studies, scholars have now successfully re-inscribed the medium within histories of the postal system, mass media, or photography, with a view to rediscovering postcards as epitomizing “the work of art in the age of mechanical reproduction” (Benjamin). While they have often emphasized the pictorial over the textual, these scholars have also opened the way for a literary reexamination of a medium whose full poetic potential has yet to be gauged in order to provide a new account of the postcard as a literary object as well as a visual one. Interestingly, the first postcards that circulated in the 1860s and 1870s in Europe and the United States did not display images (Cure 5). Their pocket-size format and thick-paper texture were primarily meant to ensure swift business communication between countries and continents at a cheaper rate, through brief, straightforward messaging—a stylistic feature that was soon singled out as complicit with (and accelerating) the decline of literacy, much like today’s short messaging system.
Not only did the popularity of postcards increase dramatically over the following decades, blossoming across geopolitical as well as social borders to the point where they were hailed, and at times feared, as a democratic medium with revolutionary potential; but their rise also coincided with the boom of photography, a technology that utterly reshaped the medium and heralded the era of the picture postcard, a subcategory that has since become the dominant, default version of “the postcard.” Picture postcards soon became a favorite format for experimental artists and writers of the modernist era, who played with their reversible and, by the same token, subvertible quality, prompting Bradley D. Clissold to call the mailed postcard “a modernist communication technology” (6). Such unsettling of established hierarchies as underlined by Jacques Derrida in his celebration of the postcard (“What I prefer, about post cards,” he writes, “is that one does not know what is in front or what is in back, here or there, near or far, […] recto or verso. Nor what is the most important, the picture or the text, and in the text, the message or the caption, or the address” [13]) nevertheless deserves to be challenged anew, in light of postcolonial readings of the postcard as reinforcing and disseminating racial or gender stereotypes (DeRoo), or Cary Nelson’s forays into “a largely forgotten form of literature—the printed poem card” (Nelson 2010, 174), which was also used as a vehicle for Nazi propaganda during World War II (2004, 2010). This conference invites scholars to reconsider how single/serial postcards have been used to build or extend reader communities, sometimes through the creative collaboration of poets and publishers (as exemplified by the poetry postcards printed and circulated by Ken and Ann Mikolowski at The Alternative Press in Detroit, along with other functional formats such as poetry bookmarks and bumper stickers).
Without downplaying the role of photography or casting it as a “troublemaker” in the history of postcard-writing (Brunet 8), this conference wishes to explore the full range of poetry’s postal cards including, but not restricted to, picture postcards—e.g., handwritten drafts of poems on found or made cards; letterpress poem-cards used as promotional material for book launches and reading events; even mass-produced sympathy postcards with lines of poetry either written or selected for the occasion—in the belief that postcards mentioned, described, collected, designed, displayed, or destroyed by poets all deserve scrutiny as part of their poetry and poetics.
We welcome proposals in the field of French and American poetry from the 1920s onward that will engage with one or several of the topics listed below, or expand their investigation beyond these guidelines. We particularly encourage original case studies of poets whose interest in postcards as a form of writing, whose postcard archive or postcard-shaped poetry, has remained largely unexplored.
- Postcard Materialities, or Poetry in the Making
– postcards mentioned in poems
– poems written on postcards
– poems inspired by the postcard format
– poets’ essays on postcards
– poets’ experimentations with postcards
– poets, postcards, and travel writing
– postcards across borders and poets’ transnational poetics
– postcards and literary tourism
– playing with postcards
– poets’ postcards and clichés
– queering postcards
- Postcard Collections and the Poetry Archive
– postcards, ephemerality, and the death of print
– poets’ postcards, nostalgia, retrophilia
– poets’ postcards as intermedial explorations
– postcards, the miniature, and small forms
– single / serial postcards
– found postcards and made postcards
– poets’ postcards on public display (museums, streets, and libraries)
– poet’s postcards on display in their studies (postcard walls)
– the material environment of poets’ postcards (boxes, albums and portfolios, books or frames, display racks, envelopes or slide shows)
III. Postcards, Reader Communities, and the Circulation of Poetry
– postcards as democratic medium
– postcard-writing: leisure or labor?
– postcard-writing as a genre
– the cultural impact of poets’ postcards
– postcards and poetry events/performances
– postcards and/as promotional material
– postcard-writing and gender
– postcard-writing and race
– poets’ postcards and censorship
– postcards as imperialistic medium
– postcards and propaganda
Papers may be delivered in French but English will be the main language of the conference.
Please send a short bio and 300-word abstract by 7 November 2025 to:
– Olivier Belin, Sorbonne Université (o.belin@wanadoo.fr“>o.belin@wanadoo.fr)
– Jonathan Ellis, Sheffield University (j.s.ellis@sheffield.ac.uk”>j.s.ellis@sheffield.ac.uk)
– Susan Rosenbaum, University of Georgia (srosenb@uga.edu“>srosenb@uga.edu)
– Juliette Utard, Sorbonne Université (juliette.utard@gmail.com“>juliette.utard@gmail.com)
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Scientific committee
Olivier Belin (Sorbonne Université)
Diane Drouin (Sorbonne Université)
Jonathan Ellis (University of Sheffield)
Valentin Fauque (Sorbonne Université)
Ron Patkus (Vassar College)
Antonia Rigaud (Université Sorbonne Nouvelle)
Susan Rosenbaum (University of Georgia, Athens)
Juliette Utard (Sorbonne Université)
With funding from:
The Arts and Humanities Research Council (AHRC)
Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne (BIS)
CELLF (UMR n° 8599), Sorbonne Université
Consortium SPHINX, Sorbonne Université
PRISMES (EA n° 4398), Université Sorbonne Nouvelle
Réseau PHILOMEL, Sorbonne Université
Société d’Études Modernistes
University of Georgia
University of Sheffield
VALE (UR n° 4085), Sorbonne Université
Vassar College
Selected bibliography
Basso, Pauline, and Adèle Godefroy. Les Cartes postales de Michel Butor. Preface by Mireille Calle-Gruber with Anne Reverseau. Bourg-sur-Gironde : Éditions du Canoë, 2024.
Benjamin, Walter. “The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction” (1935). Illuminations: Essays and Reflections. Ed. Hannah Arendt, Trans. Harry Zohn. New York, NY: Schocken Books, 2007, 217-251.
Berest, Anne. La carte postale. Paris : Grasset, 2021.
Berrigan, Ted. A Certain Slant of Sunlight. Ed. Alice Notley. Okland: O Books, 1988.
Bouillon, Marie-Ève, and Valérie Perlès, eds. Nouvelles du paradis. La carte postale de vacances. Paris : Éditions Loco / Musée de la Poste, 2023.
Brunet, François. Photography and Literature. London: Reaktion Books, 2009.
Clissold, Bradley D. Rereading Modernist Postcards. Critical Studies in Materialist Recovery. New York: Routledge, 2024.
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DeRoo. Rebecca J. “Colonial Collecting: French Women and Algerian Cartes Postales.” Postcards: Ephemeral Histories of Modernity. Ed. David Prochaska and Jordana Mendelson, University Park: The Pennsylvania State University Press, 2010. 85-92.
Derrida, Jacques. The Post Card. From Socrates to Freud and Beyond (1980). Trans. and intro. Alan Bass. Chicago: The University of Chicago Press, 1987.
Desclaux, Jessica, and Bertrand Gervais, Corentin Lahouste, Anne Reverseau, Marcela Scibiorska, eds. Iconothèques : collecte, stockage et transmission d’images chez les écrivains et les artistes, XIXe-XXIe siècle. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2024.
Devillez, Virginie, Isabelle de Longrée, Marie-Aude Rosman, and Anne Berest. La carte postale. Objet de collection, œuvre d’art. Namur : Fonds Mercator, Le Delta, 2024.
Doty, Mark. “A Postcard Concerning the Nature of the Imagination.” The Wallace Stevens Journal, Vol. 28, No. 2, Fall 2004, 129-132.
Ellis, Jonathan. Letter Writing Among Poets: From William Wordsworth to Elizabeth Bishop. Edinburgh : Edinburgh University Press, 2015.
Louvel, Liliane. Poetics of the Iconotext. Ed. Karen Jacobs. Trans. Laurence Petit. New York: Routledge, 2011.
Malaurie, Christian. La Carte postale, une œuvre : Ethnographie d’une collection. Paris : L’Harmattan, 2003.
Meikle, Jeffrey L. Postcard America: Curt Teich and the Imaging of a Nation, 1931-1950. Austin: University of Texas Press, 2015.
Montandon, Alain, ed. Iconotextes. Paris : Ophrys, 1990.
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Perec, Georges. « Deux cent quarante-trois cartes postales en couleurs véritables ». L’infra-ordinaire. Paris : Seuil, 1989.
Prochaska, David and Jordana Mendelson, eds. Postcards: Ephemeral Histories of Modernity. University Park: The Pennsylvania State University Press, 2010.
Reverseau, Anne. Le Sens de la vue : Le regard photographique dans la poésie moderne. Paris : Sorbonne Université Presses, 2018.
Reverseau, Anne, and Jessica Desclaux, Marcela Scibiorska, Corentin Lahouste, with the collaboration of Pauline Basso and Andrés Franco Harnache. Murs d’images d’écrivains : dispositifs et gestes iconographiques (XIXe-XXIe siècle). Louvain : Presses universitaires de Louvain, 2022.
Reverseau, Anne. “HANDLING: Writers Handling Pictures: A Material Intermediality (1880-today),” ERC Project, UCLouvain, 2019-2024, https://projethandling.be/.
Rosenbaum, Susan, and Jonathan Ellis. “Elizabeth Bishop’s Picture Postcards.” Introduction to Exhibition Catalog, and related Online Exhibition. Vassar College Libraries, 2023, https://vclibrary.vassarspaces.net/elizabeth-bishops-postcards-an-exhibition/index.
Schor, Naomi. “Cartes Postales: Representing Paris 1900.” Postcards: Ephemeral Histories of Modernity. Ed. David Prochaska and Jordana Mendelson. University Park: The Pennsylvania State University Press, 2010. 1-23.
Staff, Frank. The Picture Postcard and Its Origins. London: Lutterworth press, 1966.
Stewart, Susan. On Longing: Narratives of the Miniature, the Gigantic, the Souvenir, the Collection. Durham and London: Duke University Press, 1993.
Warn, Emily. “D.I.Y. Detroit. How the Alternative Press shaped the art of a city left for dead.” Poetry Foundation, 20 April 2011, https://www.poetryfoundation.org/articles/69676/diy-detroit.
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Zervigón, Andres Mario. “Postcards to the Front: John Heartfield, George Grosz, and the Birth of Avant-Garde Photomontage.” Postcards: Ephemeral Histories of Modernity. Ed. David Prochaska and Jordana Mendelson. University Park: The Pennsylvania State University Press, 2010. 54-69.
1.2 Affables destructions : une exploration des fractures narratives et esthétiques de la modernité à l’extrême contemporain
- Date de tombée (deadline) : 07 Novembre 2025
- À : Aix-Marseille Université et en ligne
Appel à communications pour le Séminaire 19-21 des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s du CIELAM,
Aix-Marseille Université (2025/2026)
« Affables destructions : une exploration des fractures narratives et esthétiques de la
modernité à l’extrême contemporain »
Présentation et problématique
Affables destructions, ou les formes de destruction qui ne se manifestent pas dans le vacarme ou l’évidence, mais qui se glissent subtilement, presque avec douceur, dans les interstices du langage et des formes. Elles érodent les cadres institués de la modernité, non pour imposer un vide, mais pour ouvrir la possibilité d’autres agencements : latents, insubordonnés, parfois déroutants. À ce titre, la fabulation constitue un outil précieux pour appréhender ces « destructions affables ». Deleuze la définit comme une « parole en acte » (Image et temps, 1985), par laquelle le personnage franchit sans cesse la frontière entre le privé et le politique, produisant ainsi des énoncés collectifs. Dans une autre perspective, Donna Haraway évoque les « fabulations féministes » (« Speaking Resurgence to Despair / I’d Rather Stay With the Trouble », 2019) comme autant de récits spéculatifs et critiques, tandis que Saidiya Hartman propose une position éthique de critical fabulation (« Venus in Two Acts », 2008) qui fait émerger une parole reconstructive malgré les silences et les manques des archives de l’esclavage.
Tandis que le XXIᵉ siècle a été marqué par la mondialisation des lettres, la multiplication des voix, la reconnaissance en cours d’une « littérature-monde en français » (« Manifeste pour une littérature-monde en français », 2007) issue d’un décentrement, qu’un rapprochement renouvelé des questions d’esthétique et de politique à travers les questions de représentation agite toujours les critiques littéraires et de théâtre, que peut-on dire de l’expérimentation formelle de l’extrême-contemporain ? Alors que cette dernière s’est régulièrement déplacée des supports conventionnels de la littérature écrite vers les plateformes et les outils numériques, s’éloignant de la nécessité de définir la modernité, quel est aujourd’hui son centre de gravité ? Est-il dans la génération machinique textuelle automatique ? Est-il dans l’écriture instantanée, éphémère et, ou, collective ? Comment ces pratiques dialoguent-elles avec les avant-gardes des siècles précédents ?
Le séminaire propose de revisiter les questionnements formels qui ont marqué la littérature depuis le XIXᵉ siècle pour tenter de cerner fabulations et destructions à venir. Destructions qui appellent à penser les ruines de la modernité, ses promesses inachevées et ses cadres fissurés :
* D’un côté, ses tentatives de déconstruction et d’auto-critique (progrès technique, rationalité, industrialisation, capitalisme, extractivisme).
* De l’autre, leur possibilité de fabuler autrement au moyen d’une parole qui invente, réinvente et reconstruit à partir des silences, ouvrant des récits nouveaux là où les formes anciennes se défont.
Exemples de thématiques possibles (liste non exhaustive) :
Les communications pourront s’inscrire, sans s’y limiter, dans les thématiques suivantes :
– Décolonialisation* des formes, récits et savoirs
– Poétiques et esthétiques de la ruine, du désastre ou du refus
– Mise en crise du progrès technique, industriel ou numérique
– Formes de dé-subjectivation et éclatement du moi moderne
– Dé/reconstructions de la mémoire, du langage ou du genre
– Écopoétiques et représentations de la crise environnementale
– Critiques littéraires ou artistiques de la rationalité moderne
– Destructions formelles et réinventions esthétiques (XIXᵉ-XXIᵉ siècles)
*D’après la distinction faite par l’historien Michel Cahen : « […] la décolonisation est le renversement de la colonie et le rétablissement de l’indigénité d’un territoire, quand la décolonialisation est la fin des rapports sociaux de colonialité. » dans Colonialité : Plaidoyer pour la précision d’un concept, Karthala, Paris, 2024, p.79.
Organisation prévisionnelle des séances :
Séance 1 (26/11, 15h-17h30) : « Fracas coloniaux » : Perspectives postcoloniales et approches décoloniales.
Séance 2 (16/12, 15h-17h30) : « Scènes en ruines » : La scène comme lieu de résistance et de déconstruction.
Séance 3 (fin février, date à confirmer) : « Formes fracassées » : Destructions formelles et réinventions esthétiques (XIXᵉ-XXIᵉ).
Séance 4 (début avril, date à confirmer) : « La terre et le vivant en miettes » : Écopoétique, poétiques du désastre, solastalgie littéraire.
Séance 5 (fin mai, date à confirmer) : « Le moi en éclats » : Dé-subjectivation, fragmentation et démultiplication du sujet.
Bibliographie indicative :
Œuvres
AKERMAN, Chantal. Ma mère rit. Paris : Mercure de France, 2013.
BARNES, Djuna. Nightwood. Londres : Faber & Faber, 1936.
BECKETT, Samuel. L’Innommable. Paris : Les Éditions de Minuit, 1953.
BESSETTE, Hélène. Lili pleure. Paris : Éditions de Minuit, 1953.
CÉSAIRE, Aimé. Une Tempête. Paris : Présence Africaine, 1969.
CÉLINE, Louis-Ferdinand. Voyage au bout de la nuit. Paris : Denoël, 1938.
CONDÉ, Maryse. Traversée de la mangrove. Paris : Éditions Stock, 1989.
DJEBAR, Assia. L’Amour, la fantasia. Paris : Albin Michel, 1985.
DUSTAN, Guillaume. Dans ma chambre. Paris : Éditions Pauvert, 1996.
ERNAUX, Annie. La Place. Paris : Gallimard, 1983.
GARY, Romain. Les Racines du ciel. Paris : Gallimard, 1956.
GIDE, André. L’Immoraliste. Paris : Mercure de France, 1902.
GIONO, Jean. L’Homme qui plantait des arbres. Paris : Gallimard, 1953.
KOLTÈS, Bernard-Marie. La Nuit juste avant les forêts. Paris : Éditions de Minuit, 1980.
LEDUC, Violette. Ravages. Paris : Éditions P.O.L, 2023 [éd. orig. 1955].
MOÏ, Anna. Riz noir. Paris : Actes Sud, 2004.
NDIAYE, Marie. Rosie Carpe. Paris : Minuit, 2001.
NDIAYE, Marie. Trois femmes puissantes. Paris : Gallimard, 2009.
PEREC, Georges. La Vie mode d’emploi. Paris : Hachette, 1978.
PEYRADE, Pauline. Poings. Paris : Éditions P.O.L, 2022.
RACHILDE. Monsieur Vénus : roman matérialiste. Paris : Charpentier, 1884.
ROBBE-GRILLET, Alain. Le Voyeur. Paris : Les Éditions de Minuit, 1955.
SARRAUTE, Nathalie. Tropismes. Paris : Denoël, 1939.
SARRAZIN, Albertine. La Cavale. Paris : Jean-Jacques Pauvert, 1966.
VILLIERS DE L’ISLE-ADAM, Auguste. L’Ève future. Paris : Alphonse Lemerre, 1886.
WOOLF, Virginia. The Waves. Londres : Hogarth Press, 1931.
ZOLA, Émile. La Bête humaine. Paris : Fasquelle, 1890.
Textes critiques et essais
Livres
ARTAUD, Antonin. Le Théâtre et son double. Paris : Gallimard, 1938.
BENJAMIN, Walter. L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Paris : Editions Allia, 1953.
CIXOUS, Hélène. Le Rire de la Méduse. Paris : Galilée, 1975.
CASANOVA, Pascale. La République mondiale des Lettres. Paris : Seuil, 1999.
DELEUZE, Gilles & GUATTARI, Félix. Capitalisme et schizophrénie, t. I & II. Paris : Minuit, 1972.
DIDIER, Béatrice. L’écriture-femme. Paris : Presses universitaires de France, 1981.
ERNAUX, Annie. L’écriture comme un couteau. Paris : Gallimard, 2011.
FRIEDMAN, Susan Stanford. Planetary Modernisms: Provocations on Modernity Across Time. New York : Columbia University Press, 2015.
GÉLINAS-LEMAIRE, Vincent (dir.). Le monde en ruines : espaces brisés de la littérature contemporaine. Études françaises, vol. 56, no 1, 2020.
LATOUR, Bruno. Nous n’avons jamais été modernes. Paris : La Découverte, 1991.
LEHMAN, Hans-Thies. Le Théâtre postdramatique. Paris : Éditions L’Entretemps, 2002.
LÊ, Linda. Le Complexe de Caliban. Paris : Christian Bourgois, 2005.
MARCANDIER, Christine. L’écopoétique. Paris : Éditions Le Seuil, 2023.
MINH-HA, Trinh T. Femme, indigène, autre : écrire le féminisme et la postcolonialité. Paris : Éditions Amsterdam, 2022 [trad. française].
MOURA, Jean-Marc. Littératures francophones et théorie postcoloniale. Paris : Presses universitaires de France, 2019.
SAID, Edward. Culture and Imperialism. New York : Knopf, 1993.
SARRAUTE, Nathalie. L’Ère du soupçon. Paris : Gallimard, 1956.
SPIVAK, Gayatri Chakravorti. Can the Subaltern Speak?. Londres : Macmillan, 1988.
WOLF, Nelly. Le roman féminin : écriture et modernité. Paris : Presses universitaires de France, 1997.
Articles et contributions
BUEKENS, Sara. « L’écopoétique : une nouvelle démarche de la littérature française », in Études de la littérature française des XXe et XXIe siècles, no 9, 2019.
COLLECTIF. « Manifeste pour une littérature-monde en français », Le Monde des Livres, 2007.
COLLECTIF. Lettres aux jeunes poétesses. Paris : Éditions P.O.L, 2021.
HARAWAY, Donna & GOODEVE, Thyrza. « Speaking Resurgence to Despair / I’d Rather Stay With the Trouble », Feministische Studien, 37(2), 335‑347, 2019.
HARTMAN, Saidiya. “Venus in Two Acts”, Small Axe, numéro 26 (volume 12, numéro 2), Duke University Press, juin 2008, pp. 1‑14.
NACHTERGAEL, Magali. « The Ghost in the Machine : Multimédia, algorithme et littérature artificielle », Littérature, 192, 85‑95, 2018.
HELL, Julia & SCHÖNLE, Andreas (dir.). Ruins of Modernity. Durham : Duke University Press, 2010.
Organisation et modalités de soumission :
Chaque séance réunira autour d’une des cinq sous-thématiques mentionnées ci-dessus un·e doctorant·e ou jeune docteur·e et un·e intervenant·e invité·e par le comité d’organisation. Les séances auront lieu en hybride, à la Maison de la Recherche d’Aix-Marseille Université et en ligne. Pour les étudiant·e·s d’AMU, il sera possible de faire valoir une communication en heures de formation doctorale.
Le séminaire accueille avec plaisir des communications sous forme expérimentale et les présentations de travaux en recherche-création.
Les doctorant·e·s et docteur·e·s intéressé·e·s sont invité·e·s à soumettre une proposition de communication individuelle de 20 min maximum comprenant :
Le titre de la communication
Un résumé (environ 5 lignes)
Une bio-bibliographie succincte (3 lignes)
Les propositions sont à envoyer au comité d’organisation : Théo Blauwart, Ibtihel Ghourabi, Marie Yan et Pr. Corinne Flicker.
Dates butoirs pour soumettre une proposition :
le 7 novembre 2025 pour les séances 1 et 2
le 12 janvier 2026 pour les séances 3, 4 et 5
À propos du CIELAM : Le CIELAM est le Centre Interdisciplinaire d’Étude des Littératures d’Aix-Marseille. Créé en 2008, il fait partie depuis 2013 des dix laboratoires constitutifs de la Maison de la recherche de la Faculté des lettres de l’université d’Aix-Marseille. Il est composé de quatre groupes de recherche : le CUER MA réunit les médiévistes, TRANSPOSITIONS les comparatistes, 16-18 porte sur la littérature de la Renaissance aux Lumières, et 19-21 sur la période moderne et contemporaine. La revue du laboratoire, MALICE, publie les travaux de ses membres et accueille les productions de ses partenaires. https://cielam.univ-amu.fr/
Coordonnées du comité d’organisation :
theo.blauwart@univ-amu.fr
ibtihel.ghourabi@etu.univ-amu.fr
marie.yan@univ-amu.fr
corinne.flicker@univ-amu.fr
1.3 Les corps vivants, vécus et représentés en Méditerranée #3C – CORPS. COSMOS. CORSE (Corte)
- Date de tombée (deadline) : 15 Novembre 2025
- À : Corte, Université de Corse Pasquale Paoli, France
Ce colloque international, organisé par le Laboratoire CNRS LISA (Lieux, Identités, eSpaces, Activités) de l’Université de Corse, en partenariat avec la revue CORPS (Ed CNRS) co-dirigée par le professeur Bernard Andrieu, propose une réflexion interdisciplinaire sur le corps via une mise en synergie des corps vivants, vécus et représentés en Corse et en Méditerranée. Il s’inscrit dans les recherches contemporaines en sciences humaines — anthropologie, philosophie, littérature, histoire, géographie, arts et études culturelles, sciences du sport — qui explorent le spectre des relations sensibles et symboliques entre corps et milieu, s’étendant de la fusion à la disruption.
Dans cette perspective, le corps n’est pas seulement une entité fonctionnelle, mais le lieu vivant où se conjuguent expérience, perception et interaction. Il se révèle comme le point d’ancrage fondamental par lequel se tissent simultanément subjectivité, altérité, environnement et systèmes symboliques. Le concept d’écologie corporelle[1] invite à analyser les dynamiques de l’ajustement, de la résistance, de la transformation et de la recomposition du corps dans le flux constant des environnements sociaux, naturels et imaginaires, soulignant ainsi son caractère vécu et en perpétuel devenir. Les concepts de cosmose (intégration, harmonie, continuité du corps avec le milieu d’existence) et de dismose (déséquilibre, écart, conflit du corps avec le milieu d’existence)[2] structurent cette approche, permettant de rendre compte des dynamiques de régulation, de tension ou de réinvention du rapport au monde.
Durant le colloque, les intervenants aborderont ces phénomènes, selon une perspective diachronique et diatopique, en Corse et en Méditerranée. Ils tâcheront d’explorer le lien des Corses et des Méditerranéens à « leur terre » et leur mode existentiel d’habiter leur environnement, tant à travers leur culture traditionnelle et son maillage symbolique que dans leurs réactions à la mondialisation.
Conception phénoménologique du corps
Au fondement de ce colloque se trouve une conception phénoménologique du corps, envisagé comme le lieu premier de l’expérience vécue et l’unité intégrante de l’expérience, où tout se conjugue sans rupture nette entre le sujet et le monde. La philosophie phénoménologique, d’Edmund Husserl à Maurice Merleau-Ponty, a montré que le corps humain possède une double dimension irréductible : il est à la fois objet physique dans le monde et sujet incarné qui éprouve ce monde. « Le corps propre est dans le monde comme le cœur dans l’organisme » écrit Merleau-Ponty. Par cette célèbre analogie, il souligne que le corps et le monde forment un tout indissociable : le corps propre est inséparable du milieu dans lequel il s’immerge et qu’il contribue à révéler. Il est le centre existentiel à partir duquel un sujet humain fait l’expérience du réel.
Partant de ce constat, les travaux contemporains de Bernard Andrieu introduisent une perspective écologique pour penser le rapport corps-monde. Andrieu propose le concept d’écologie corporelle comme « principe de constitution des relations entre le corps et le monde ». L’écologie corporelle étudie comment le corps vivant apprend, ressent, intègre, s’adapte et réagit à son environnement. Dans cette optique, le corps n’est pas seulement situé dans un contexte, il est lui-même un écosystème en interaction constante avec le monde.
Ainsi, le corps apparaît comme un lieu de convergence, où se tissent simultanément le vécu subjectif, les dynamiques écologiques et les constructions culturelles.
Ce colloque ambitionne de développer une réflexion rigoureuse et novatrice sur le corps en Méditerranée. Il invite les chercheurs de toutes disciplines concernées à concevoir le corps comme une entité vivante intégrant le sujet à son milieu, afin d’éclairer, sous un nouveau prisme, les interactions entre expériences corporelles, représentations, environnement et cultures méditerranéennes.
Axes thématiques pour les propositions de contributions :
Axe 1 : Corps et environnements méditerranéens
Objectif : examiner comment le corps interagit avec son environnement – qu’il soit naturel ou urbain – en mettant l’accent sur la territorialité et l’écologisation du corps. Cet axe offre une lecture interdisciplinaire des échanges sensoriels, sensibles et symboliques, entre pratiques et environnement.
Thématiques à explorer :
Interactions écologique et corporelle : approches de pratiques telles que l’agriculture, la pêche, la chasse ou de réponses aux enjeux de pollution et de traitement des déchets. Comment le corps se fait acteur sensible dans l’utilisation et la transformation des milieux méditerranéens en ne se limitant pas à une action fonctionnelle, mais en intégrant des dimensions affectives, historiques, politiques et culturelles.
Territorialités et inscription spatiale du corps : étudier la manière dont le corps se construit dans des espaces particuliers qu’ils soient urbains, villageois ou ruraux : explorer les formes d’inscription corporelle dans ces espaces par ancrage ou mobilités et examiner les tensions qui peuvent naître des interactions entre expériences sensibles, dispositifs culturels et politiques territoriales tout en abordant leurs dimensions historiques, sociales et culturelles. Les notions de dismose et de cosmose peuvent éclairer les disparités et recompositions qui jalonnent les vécus de la spatialité.
Écologie du soin et santé : le bien-être et la santé résultent d’une co-construction entre le corps, l’environnement et la société. Dans cette perspective, une approche écosystémique de la santé et des soins dans l’aire méditerranéenne met l’accent sur les interactions dynamiques entre les individus et leur environnement. Par ailleurs, elle présente une vision globale et interconnectée des dimensions physique, psychique, sociale et environnementale de la santé. Elle explore les savoirs et les pratiques traditionnel(le)s et contemporain(e)s du soin ainsi que les tensions entre médecine savante, savoirs populaires et écologie du soin. Enfin, elle analyse comment, dans un contexte méditerranéen, l’environnement influe sur le bien-être corporel, la vulnérabilité – vieillesse, maladie, handicap, état de nourrisson et petite enfance – et la résilience du corps souffrant.
Axe 2 : Représentations et expériences sensorielles et sensibles du corps
Objectif : Découvrir comment le corps est pensé, dit, écrit et vécu en tant qu’acteur d’expressions sensorielles, sensibles, esthétiques et identitaires, au sein des cultures méditerranéennes.
Thématiques à explorer :
Corps, naturisme et nudité : le naturisme valorise une relation harmonieuse entre le corps, et la nature, en prônant l’acceptation de soi et la liberté corporelle dans un cadre respectueux de l’environnement. Il déconstruit les normes sociales de pudeur liées à la nudité, favorisant un rapport apaisé au corps et une approche écologique du bien-être.
La nudité peut aussi être perçue comme un symbole de pureté, de vérité ou de connexion avec le divin. Dans certaines sociétés, elle est perçue comme une expression de spiritualité, tandis que dans d’autres, elle est associée à l’intimité ou à la transgression. Qu’en est-il dans les sociétés méditerranéennes ?
Les réflexions autour de la nudité exploreront ses liens spécifiques à la nature, à l’espace, au regard et à l’altérité. Les approches pourront être historiques, philosophiques, sociologiques ou esthétiques. La nudité sera appréhendée comme modalité d’inscription dans le monde, comme pratique de liberté ou de rupture, comme geste politique ou comme expérience sensible du rapport au vivant (par exemple : le naturisme ou des performances artistiques ou des danses rituelles en pleine nature).
Imaginaire corporel et langages de l’écriture : étudier comment la littérature, la poésie, le graffiti, les dynamiques langagières, les métaphores corporelles, et autres formes d’expression verbale et visuelle traduisent le corps comme lieu de mémoire, d’émotion, de critique sociale ou d’identité.
Expériences sensorielles et médiations culturelles : Analyser le corps en tant que médium d’expériences sensorielles – le toucher, la vue, le mouvement – et explorer comment ces sensations façonnent les récits individuels et collectifs en Méditerranée.
Axe 3 : Corps, pratiques artistiques et rituels
Objectif : explorer comment le corps se mobilise dans les dispositifs artistiques, performatifs et rituels, en le considérant à la fois comme support de création et comme vecteur d’engagement social, politique et/ou spirituel.
Thématiques à explorer :
Pratiques artistiques et esthétiques somatiques : étudier des créations contemporaines – en danse, théâtre, performance, musique, chant, en arts plastiques, numériques et du cirque ou en pédagogie artistique – qui réinventent les capacités expressives du corps et questionnent ses potentialités. L’analyse portera sur les gestes, les esthétiques, les imaginaires du corps en scène ainsi que sur les procédés où le corps devient à la fois médium, langage et lieu d’émancipation.
Corps et cinéma méditerranéen : explorer les représentations du corps dans le cinéma méditerranéen (et plus largement dans la production audiovisuelle), leurs impacts sur l’imaginaire collectif et leur rôle dans le questionnement des normes esthétiques et sociales. Analyser les affects éprouvés par les spectateurs ainsi que les dispositifs d’images façonnant leurs perceptions et visions. Les communications pourront, en outre, prendre la forme d’analyses filmiques, d’études de réception ou de réflexions sur les dispositifs cinématographiques mettant en jeu le corps dans son environnement, ses expressions et ses émotions.
Cosmos, cosmogonie et transcription corporelle : les cosmogonies fournissent le cadre symbolique de nombreux rituels qui les mettent en corps. Cette transcription corporelle de l’ordre cosmique dans les rites permet aux individus et aux communautés de se positionner dans l’univers, de se connecter au cosmos et d’inscrire leur vécu humain avec une dimension spirituelle.
À travers des rituels – tels que les rites funéraires, les pratiques religieuses et magiques, les fêtes ou encore les jeux traditionnels – il est possible d’étudier l’inscription du corps dans des logiques de transmission gestuelle, de mémoire rituelle et d’incarnation de la cohésion sociale et de son lien avec l’écosystème environnant, dans les communautés méditerranéennes.
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Ces axes thématiques en favorisant le dialogue entre disciplines et en ouvrant des perspectives nouvelles sur l’interconnexion du corps, des environnements et des cultures, offrent un cadre propice à une appréhension du corps dans l’aire méditerranéenne.
Il serait, cependant, enrichissant que des contributions établissent des ponts entre ces axes. De plus, l’intégration de perspectives historiques pourrait montrer comment les expériences et la symbolique du corps ont évolué. Enfin, des analyses interrogeant les enjeux contemporains (globalisation, migrations, changements écologiques, mort des grands récits) et leur impact sur la corporéité en Méditerranée permettraient une approche novatrice et actualisée.
Modalités de soumission
Les propositions de communication (2500 à 3000 signes, espaces compris), accompagnées d’une notice bio-bibliographique, sont à envoyer jusqu’au 15 novembre 2025 inclus. Elles seront évaluées par le comité scientifique.
Les auteurs dont les propositions auront été retenues devront remettre un article complet pour le 10 janvier 2026 afin de pouvoir participer au colloque. La remise des versions finalisées en vue de la publication interviendra entre février et juin 2026. Une charte d’édition sera transmise aux auteurs.
Une sélection d’articles issus du colloque fera l’objet d’une publication dans la revue CORPS, numéro spécial prévu au premier semestre 2027.
Le colloque se tiendra à Corte, à l’Université de Corse Pasquale Paoli, les 10, 11 et 12 février 2026.
Propositions à envoyer jusqu’au 15 novembre 2025 inclus à l’adresse :
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Responsable scientifique :
Davia Benedetti
Comité scientifique :
Andrieu Bernard, PR, Université Paris Cité. Chercheur ass. Univ. Corse.
Benedetti Davia, MCF, Université de Corse.
Gherardi Eugène, PR, Université de Corse.
Landron Fabien, MCF, Université de Corse.
Quenot Sébastien, MCF HDR, Université de Corse.
UMR CNRS LISA
Comité organisateur :
Alliti Pascal, Ingénieur d’étude, Université de Corse.
Aragni Lesia, Ingénieur d’étude, Université de Corse.
Benedetti Davia, MCF, Université de Corse.
Landron Fabien, MCF, Université de Corse.
Mamino Fabrice, Ingénieur d’étude, Université de Corse.
Mattei Andrea, Ingénieur d’étude, Université de Corse.
Miniconi Louise, Ingénieur d’étude, Université de Corse.
UMR CNRS LISA – Centre Culturel Universitaire
Partenaires :
Institut des sciences du sport-santé de Paris – I3SP, Université Paris Cité.
Revue Corps – CNRS édition.
Chaire Unesco devenir en Méditerranée.
Centre Culturel Spaziu Natale Luciani, Université de Corse.
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[1] Andrieu, B. (2009-2011). L’écologie corporelle (4 tomes). Biarritz : Atlantica.
[2] Andrieu, B. (2017). Se fondre dans la nature : Figures de la cosmose – Cosmotique 1. Montréal : Éditions Liber.
1.4 Lecture distante, lecture rapprochée et intermédiaires ? Big data, small data et entre-deux ? Repenser les méthodes de recherche dans les humanités (revue COnTEXTES)
Appel de textes pour un numéro spécial de la revue COnTEXTES
Deux grandes méthodes rivalisent pour lire les textes : le distant reading ou la lecture distanciée, popularisée par Franco Moretti (2005, 2013), et le close reading ou la lecture rapprochée. Les études littéraires, culturelles, sociologiques ou historiques ont longtemps privilégié la lecture approfondie de corpus restreints. Lire moins, mais mieux, l’idée ne remonte-t-elle pas à Sénèque? Le paradigme de la lecture de proximité est « concurrencé » depuis trois quarts de siècle par des rapprochements de plus en plus attendus entre les sciences humaines et les innovations informatiques. Hervé Dumez soulevait en 2023 l’urgence d’une réflexion de fond sur l’avenir des études de cas dans un article de Recherches qualitatives :
Au moment où la majorité des sciences attendent beaucoup du big data, c’est-à-dire de la possibilité de traiter des masses de plus en plus énormes de données, l’étude de cas doit-elle être rangée au magasin des antiquités méthodologiques malgré sa longue tradition en sciences sociales ? Ou a-t-elle encore un avenir scientifique, et lequel ? (2023, 2)
L’ouvrage en préparation de Dan Sinykin et Johanna Winant, Close Reading for the XXIst Century (Princeton University Press 2025), entend faire valoir que la lecture rapprochée est anticapitaliste, rebelle, et nécessaire pour contrer les masses de textes que nous traversons tous les jours sur les médias sociaux et ailleurs, et pour faire contrepoids à l’intelligence artificielle à force de patience, d’ouverture à l’autre, de lentes et prudentes réflexions[i]. L’argumentaire est convaincant, mais laisse à notre avis dans l’ombre les potentiels de la lecture distanciée, que nous postulons complémentaire plutôt qu’opposée aux ambitions initiales des humanités. La lecture distanciée peut-elle à sa façon enrichir notre lecture d’un monde saturé de mots, de sens, de symboles? La dichotomie elle-même mérite d’être repensée. Entre les lectures rapprochées et réalisées à distance, existe-t-il des intermédiaires probants, que l’on pourrait qualifier de lectures « mixtes » (combinant les approches qualitative et quantitative)? Peut-on développer et/ou apprivoiser ces méthodes en français?
Ce numéro de COnTEXTES souhaite baliser les méthodes de lecture distanciée et mixte dans l’espace francophone. En plus des propositions inédites, nous accueillerons des traductions en français de textes théoriques et critiques portant sur la lecture distanciée. Trois axes de réflexion sont proposés.
Axe 1 : lecture à distance et méthodes mixtes dans la francophonie
Lorsqu’elles et ils s’aventurent dans les humanités numériques, les chercheuses et chercheurs francophones se butent à un domaine dynamique, mais pensé presque uniquement en anglais, y trouvant assez peu d’interlocutrices et d’interlocuteurs. Le premier axe invite à mettre en lumière des traditions de lecture distanciée ayant déjà cours dans certaines parties du monde francophone, de même que des approches mixtes. Des zones intermédiaires entre close et distant reading sont couramment habitées par des spécialistes recourant à des méthodes quantitatives sans pour autant sonder des milliers de textes. Quelle taille doit avoir un corpus pour qu’il soit scientifiquement pertinent de l’observer en surplomb? D’autres chercheuses et chercheurs mobilisent les deux approches afin que l’une informe l’autre (Boivin 2024, 70-76), mais ne formalisent pas toujours leur méthode. De la Belgique au Québec et ailleurs, lit-on à égale distance? Revendique-t-on la mixité des approches?
Les diverses formes de recherches élargies et mixtes dans les humanités gagneront ici à être rassemblées en français.
Axe 2 : lire la méthode distanciée de plus près
Le web scraping et l’analyse de banques de données immenses sont les deux principales avenues empruntées pour le distant reading, du moins ce sont elles qui frappent les esprits (surtout ceux, sceptiques, des littéraires!) : des masses de textes qu’on ne lira pas, des œuvres littéraires « interchangeables » avec d’autres produits de consommation, une analyse grand-angle (donc floutée?)… Les pratiques de lecture à distance sont sans doute à bonne distance de ces stéréotypes, qui nient les apports spécifiques des analyses panoramiques. Dans ses livres Graphs, Maps, Trees (2005) et Distant Reading (2013), Franco Moretti posait l’importance d’une telle approche de lecture, « where distance is however not an obstacle, but a specific form of knowledge: Fewer elements, hence a sharper sense of their overall interconnection » (2005, 1; l’auteur souligne). Quels savoirs spécifiques peuvent émerger de la lecture à distance? Comme la suspicion entourant la lecture distanciée semble procéder d’une forme de crispation, de peur devant les dérives possibles de l’intelligence artificielle, on peut se demander : les humanités numériques peuvent-elles mener à la découverte de corpus, de réseaux et de pratiques moins connus, plus hétérogènes et plus inclusifs?
Le second axe invite à mettre en commun nos réflexions sur les retombées de la méthode distanciée sur les plans scientifique et social.
Axe 3 : histoire et pratiques de la lecture à distance
Si celles-ci ont peu à voir avec l’analyse massive de données au premier coup d’œil, les études littéraires sont le creuset des humanités numériques. Des travaux pionniers ont été réalisés à compter de 1949 par le littéraire Roberto Busa souhaitant indexer l’œuvre de Saint Thomas d’Aquin grâce à une collaboration pionnière avec IBM (Giuliano 2019). Des travaux semblables sont menés à partir des décennies 1960 et 1970, faisant naître les humanités numériques. Malgré l’accessibilité et la popularité grandissantes de ces pratiques, un « malaise dans la culture » persiste. Durant les dernières années, le perfectionnement des interfaces de données et de l’intelligence artificielle a été si fulgurant qu’il a peut-être produit un ressac (backlash) méthodologique, creusant le fossé entre des méthodes plus proches dans leurs intérêts et dans le temps qu’on ne veut bien le croire. Certains des travaux les plus importants de l’histoire littéraire, puis de la sociologie de la littérature, ont exploité des méthodes que l’on qualifierait aujourd’hui de distant reading : c’est Vladimir Propp réalisant l’analyse morphologique de 400 contes (Morphologie du conte, 1928); c’est Robert Escarpit observant la chaîne complète de la communication littéraire en compilant des données empiriques sur les tirages, les pratiques de lecture, les données de diffusion du livre (Sociologie de la littérature, 1958); c’est nul autre que Pierre Bourdieu, proposant une première cartographie du champ littéraire misant sur les rapports entre positionnements et structures (Les règles de l’art, 1992). Toutes ces lectures systémiques et systématiques précèdent et fondent le distant reading tel qu’il est pratiqué aujourd’hui.
Nous souhaitons avec cet axe revisiter l’historiographie de la lecture à distance afin d’établir la complémentarité de cette méthode avec celles dites « traditionnelles ».
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Modalités de soumission
Les propositions d’articles comporteront un titre provisoire, un résumé précisant problématique, méthodologie et corpus (300 mots), l’intitulé de l’axe dans lequel s’inscrit la proposition, ainsi qu’une biobibliographie succincte de l’autrice ou de l’auteur. Elles seront adressées par courriel à Karol’Ann Boivin (karolann.boivin@queensu.ca) et à Julien Lefort-Favreau (jlf10@queensu.ca) avant le 15 novembre 2025. Les décisions seront rendues le 15 décembre 2025.
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Comité scientifique
Karol’Ann Boivin, Queen’s University, karolann.boivin@queensu.ca
Julien Lefort-Favreau, Queen’s University, jlf10@queensu.ca
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Bibliographie sélective
Boivin, Karol’Ann. 2024. « Les romans de campus au Québec (1903-2022). De l’imaginaire à l’architexte ». Thèse de doctorat. Université de Sherbrooke.
Bourdieu, Pierre. 1992. Les règles de l’art. Paris : Seuil.
Dumez, Hervé. 2023. « Réflexions sur l’étude de cas (explorer, écrire, théoriser) ». Recherches qualitatives. Hors-séries « Les Actes » (28) : 70-80. ⟨hal-04283378⟩
Escarpit, Robert. 1958. Sociologie de la littérature. Paris : Presses Universitaires de France.
Giuliano, Frédéric. 2019. « Humanités numériques et archives : la longue émergence d’un nouveau paradigme ». Documentation et bibliothèques 65(2) : 37–46. https://doi.org/10.7202/1063788ar.
Moretti, Franco. 2013. Distant Reading. Londres : Verso Books.
Moretti, Franco. 2005. Graphs, Maps, Trees. Londres : Verso Books.
Propp, Vladimir. [1928] 1970. Morphologie du conte suivi de Les transformations des contes merveilleux et de E. Meletinski, L’étude structurale et typologique du conte. Paris : Seuil.
Sinykin, Dan et Johanna Winant. [À paraître en 2025]. Close Reading for the XXIst Century. Princeton : Princeton University Press.
Sinykin, Dan. 2025. “Close Reading is for Everyone”. Defector. 22 mai 2025. https://defector.com/close-reading-is-for-everyone.
Sinykin, Dan. 2023. Big Fiction : How conglomeration changed the publishing industry and American literature. New York : Columbia University Press.
Underwood, Ted. 2020. Why Literary Periods Mattered : Historical Contrast and the Prestige of English Studies. Stanford : Stanford University Press.
Underwood, Ted. 2019. Distant Horizons : Digital Evidence and Literary Change. Chicago : The University of Chicago Press.
[i] Dans un article du 22 mai relayé par Defector, Sinykin affirme : “Every day, AI produces more of the words we come across, making it hard—maybe impossible—to care about reading them. I’m sure there were college courses this semester where students completed their work with AI and professors graded it with AI, cutting humans from the loop. It’s easy to see why close reading, which demands patience, openness to others, and slow, careful thought, is having a moment among academics.” (2025) Cette défense du close reading ne devrait pas laisser dans l’ombre l’affiliation de Sinykin au Department of Data and Decisions Science de l’Université d’Emory, où il s’intéresse aux approches computationnelles des études littéraires. L’apparence de polémique dans le discours fait écran à des pratiques de conciliation possiblement nombreuses et éclairées, dont Big Fiction (Sinykin 2023) offrirait un exemple intéressant.
1.5 Congist’26. Interdisciplinary Perspectives on Crisis (Istanbul, Turkey)
- Date de tombée (deadline) : 15 Novembre 2025
- À : Istanbul University, Faculty of Letters, Istanbul, Turkey
In the context of social sciences, crisis is broadly defined as a period of severe disruption or instability that challenges established structures, norms, or systems within societies. Crises can manifest in various forms—economic collapses, political upheavals, environmental disasters, technological shifts, wars, pandemics, climate or cultural conflicts. Historically, crises have always triggered societal change, which necessitate adaptation, reorganization, and innovation within communities. Throughout history, the impact of crises has been profound, shaping the trajectories of societies by prompting adaptation and transformation. Societies that fail to address crises effectively often face decline, while those that develop robust strategies can recover and evolve. Understanding crises within an interdisciplinary framework helps to reveal patterns, inform policies, and foster resilience in the face of contemporary and future challenges.
This international congress aims to explore the dynamics of crises from interdisciplinary perspectives. Potential themes for papers and panels include, but are not limited to:
Cultural Crises and Sustainability
Representations of Crises and Sustainability in Media, Cinema, and Art
The Crisis of Art Criticism
Aesthetic Reflections of the Crisis
Crisis in Performing Arts
Crisis, Sustainability, and Misinformation
Social Crises and Transformation: Sociological and Psychological Approaches
Information and Records Management in Times of Crisis: Digitalization, Archiving, and Sustainability
Eco-Communication in Crises
Crisis and Ethics
War, Crisis, and Sustainability: The Impact of Conflict on Societal Continuity
Sustainability and Resilience in Historical and Archaeological Perspectives
Utopian and Dystopian Visions of Crisis and Sustainability
Geographical Approaches to Environmental Crises and Sustainable Solutions
Philosophical Reflections on the Relationship Between Crisis and Sustainability
Crises and Sustainability in the Ancient World
Anthropological Perspectives on the Social and Cultural Impact of Crises
The Language of Crisis: Linguistic Perspectives
Eco-Linguistics and Sustainability
The Role of Discourse in Shaping Collective Action about Crisis and Sustainability
Discourse(s) of Crisis
Semiotics of Crisis
Multimodal Communication in Crisis Situations: Ecolinguistic and Ecosemiotic Perspectives
Ecocriticism, Ecofeminism, and the Climate Crisis: Literary Representations of Sustainability
Apocalyptic and Post-Apocalyptic Fiction: Crisis, Survival, and Sustainable Futures
Literary Depictions of Resource Scarcity and Environmental Collapse
The Evolution of Crisis-Related Vocabulary: Historical and Contemporary Linguistic Trends
Narratives of Crisis and Sustainability: Literary Responses to Environmental and Social Challenges
Historical Perspectives on Crisis and Recovery
The Psychological Impacts of Crises
Eco-translation and Climate Crisis
Disaster and Crisis Interpreting
Crisis in Logic
Episteme and Crisis
Phenomenology of Crisis
Postmodernity and Crisis
Ontology and Crisis
Identity construction and Crisis
Language and Signs of Crisis
The Role of Globalisation in Triggering and Resolving Crises
Local Effects of Global Crises
Preparation for Future Crises in the Light of Historical Analyses
Sustainable Development and Crisis Prevention Policies
Income Inequality, Class Conflicts and Crises
The Search For Social Justice and Crisis Management
Wars, Famines, And Waves of Migration
The Effects of Refugee Crises on International Politics
Geographical Dimensions of the Climate Crisis
Natural Disasters and Social Vulnerability
Resource Crises and Geopolitical Tensions
Urbanization and Ecological Crisis
Digital Crises and Social Interaction
Social Impacts of Crises
Post-Crisis Psychological Transformation,
Resilience, and Adaptation Processes
Psychological Impacts of Crises
Congress Languages: English and Turkish
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PUBLICATION OPPORTUNITIES
ABSTRACTS
Abstracts of the papers presented at the conference will be published in the book of abstracts with ISBN.
FULL TEXTS
Option 1: Selected papers presented at the congress will be considered for publication in peer-reviewed edited volumes of the Congist Book Series by IU-Press. IU-Press is indexed in the Web of Science Book Citation Index (BKCI).
Option 2: Selected papers presented at the congress will be considered for publication in special issues of international peer-reviewed journals published by IU-Press, which are indexed in the Web of Science Emerging Sources Citation Index (ESCI) and Elsevier Scopus.
Submission of the Abstracts: Please submit your paper proposals (max. 1 DIN-A-Size, Times New Roman 12 point type, 2000 characters including spaces) online at https://eventedebiyat.istanbul.edu.tr/e/congist26 All abstracts will undergo a blind peer-review process.
Congress Dates: May 13 – 15, 2026
Deadline for abstract submissions: November 15, 2025
Notification of evaluation results: December 15, 2025
Early payment period: January 15 – March 15, 2026
Late payment period: March 16 – April 15, 2026.
1.6 Plurilinguisme, insularité, écritures littéraires et créations artistiques (Djerba, Tunisie)
- Date de tombée (deadline) : 15 Novembre 2025
- À : Île de Djerba, Tunisie
Le département des langues étrangères de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Médenine, Université de Gabès. Tunisie
Laboratoire Dynamique du Langage In Situ. Université de Rouen Normandie
Laboratoire Savoirs, Langage et Traitement Automatique et intelligent. Université de Sfax
Laboratoire Ecole et Littérature, Université de Sousse
organisent un colloque international
Plurilinguisme, insularité, écritures littéraires et créations artistiques
Djerba, les 22,23 et 24 décembre 2025
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« Je suis un arbre qui parle. Mes racines sont enfoncées profondément dans la terre d’Haïti. Mes branches cherchent l’espace et la lumière. » Frankétienne, Les Affres d’un défi, 1979.
L’insularité, conçue comme un espace géographique, linguistique, culturel et mental, agit comme un catalyseur unique pour l’émergence de formes littéraires et artistiques plurilingues et transforme la contrainte linguistique en une force créative et identitaire. L’insularité crée un espace paradoxal, lequel est à la fois un isolat propice à la conservation et un carrefour ouvert aux influences externes. Ce double mouvement fait de l’île un laboratoire exceptionnel pour observer la dynamique des langues et leur expression dans les arts. Le plurilinguisme n’y est pas une simple superposition de codes linguistiques, mais une matrice fondamentale de la création.
L’insularité : un écosystème linguistique et culturel unique
La contrainte comme creuset : l’espace limité de l’île intensifie les contacts entre les langues et les cultures insulaires quel que soit le statut de la langue. Cette promiscuité linguistique produit et structure les interactions, les contacts, les mélanges et les créations hybrides.
Le double rapport à l’espace : l’île est pensée à la fois comme un espace fermé (frontières naturelles, protection des particularismes linguistiques et culturels, conservation du patrimoine historique…) et ouvert (porte d’entrée des navires, des empires, des cultures, lieu de refuge…). Cette dialectique intérieur/extérieur et ouvert/fermé façonne les pratiques langagièreset leur donne sens. Les expressions littéraires et artistiquesqui en découlent sont constamment tiraillées entre l’enracinement et l’ouverture.
La question de la légitimité : dans un contexte post-colonial, les langues s’inscrivent dans une hiérarchie implicite (langue dominante de l’ancien colonisateur vs langues dominées ou vernaculaires). L’écriture littéraire etla production artistique deviennent un champ de bataille pour déconstruire cette hiérarchie et affirmer la valeur esthétique de toutes les langues en présence quel que soit leur statut.
Stratégies d’écriture et de création plurilingue
Face à ce paysage linguistique complexe mais d’une richesse inouïe, les artistes et écrivains insulaires développent des stratégies pour transformer cette contrainte en richesse. Prenons à titre d’exemple, le contexte créole, on parle souvent de créolisation, laquelle est une sorte de mélange et de métissage linguistique et culturel. N’est-ce pas Patrick Chamoiseau (Martinique) qui écrit dans un français dit « créolisé », intégrantdes structures syntaxiques, des lexiques et une oralité du créole. Son œuvre n’est ni totalement en français ni totalement en créole, mais dans unevariété qui invente sa propre tonalité musicale en se nourrissant des deux univers linguistiques. · Quant à Édouard Glissant, il a théorisé la « créolisation » comme un processus mondial de mise en contact des cultures qui produit de « l’imprévisible », l’île en étant le paradigme.
Par ailleurs, l’écriture littéraire peut intégrer la traduction en son sein (un mot en créole ou en arabe suivi de sa « traduction »(en français, anglais, arabe…) ou inversement), non pas pour soumettre une langue à une autre, mais pour les faire dialoguer d’égale à égale. Cela crée un rythme et une pédagogie du texte précieux pour le lecteur. L’écriture insulaire n’est pas un nouveau système d’écriture mais une pratique stylistique et orthographique propre aux écrivains insulaires. Nassur Atoumani (Mayotte), par exemple, écrit dans une langue française teintée de fortes influences créoles et comoriennes (shimaore) à la fois dans le lexique, la syntaxe et la musicalité. C’est en quelque sorte une transcription du shimaore de Mayotte dans la structure écrite du français. L’écrivain déforme délibérément le français standard pour épouser la phonétique, la grammaire ou les tournures des langues locales. Les écrivains insulaires jouent avec les langues, détournent les proverbes et expressions idiomatiques, mélangent les registres de langue (soutenu/très familier) et créent des formes hybrides vivantes, subversives et satiriques. Cette écriture n’est pas un simple folklore, c’est un acte politique et culturel et une affirmation identitaire forte refusant de se soumettre à la norme d’un idiome académique, perçu comme la langue dominante de l’ancien colonisateur. L’œuvre des écrivains insulaires (Caraïbes, océan Indien, Méditerranée, Pacifique, etc.) s’inscrit plus largement dans une écriture exprimant une réalité unique et constituant une forme de résistance contre l’uniformisation linguistique et culturelle.
Cependant, cette interaction entre les langues au sein des espaces insulaires ne concerne pas que les écritures mais touchent les productions orales aussi : si, par exemple, la poésie de Derek Walcott (Sainte-Lucie) est profondément influencée par le rythme et la sonorité de l’anglais parlé dans les Caraïbes, cellesd’Aimé Césaire (Martinique), d’Edouard Maunick (Maurice), de Jean-Joseph Rabearivelo (Madagascar), de Boris Gamaleya (La Réunion), de Camille Olivier Monchoachi (Martinique), de Frankétienne (Haïti), et de bien d’autres, sont conçues pour être dites à voix haute, avec la cadence et les accents des îles, pour être criées, chantées, performées. Les jeux de mots, les onomatopées et le rythme sont centraux. C’est une poésie riche, vivante, qui puise constamment ses références dans la parole métissée, les contes, les chants et la transmission orale. Ce qui caractérise fondamentalement cette poésie insulaire, c’est qu’elle n’utilise pas les langues locales comme une simple couleur, mais en faisant acte de résistance culturelle, elle les élève au rang de langues littéraires.
Plurilinguisme et créations artistiques
L’histoire des espaces insulaires est souvent marquée par la colonisation, les migrations et les échanges. Les îles sont des creusets où se côtoient et se mélangent plusieurs langues. Des Caraïbes à l’océan Indien et de la Méditerranée au Pacifique, les artistes insulaires transforment cette contrainte historique en une formidable ressource esthétique et identitaire.
En musique, les paroles plurilingues sont récurrentes. Un même morceau peut mêler créole, français et anglais (le zouk ou le seggae des Mascareignes) ou maltais et anglais (la musique maltaise moderne). Chanter en créole fut longtemps un acte de résistance culturelle (le gwo ka en Guadeloupe, le maloya à La Réunion). À cela s’ajoute la fusion des styles dans la mesure où la diversité linguistique va de pair avec la fusion musicale (reggae, soul, rythmes traditionnels), créant des genres nouveaux. Par ailleurs, dans le théâtre, le cinéma, la peinture, la sculpture et le cinéma insulaires, la thématique de l’identité multiple, du métissage et de la mémoire est centrale. L’œuvre visuelle peut être une langue en soi pour exprimer l’hybridité.
Enjeux identitaires et politiques
L’écriture plurilingue dans un contexte insulaire est un acte profondément politique. Il s’agit de l’affirmation d’une identité complexe qui refuse le choix binaire (être « créole » ou « français », « arabe » ou « français ») et revendique une identité multiple, composite et dynamique. Elle est l’expression d’une « identité-relation », pour reprendre l’expression d’Edouard Glissant, qui se construit dans le rapport à l’autre.
Cette écriture décolonise la langue et l’imaginaire en s’appropriant la langue du colonisateur en latorsadant, en la mélangeant. Elle lui retire son pouvoir dominateur pour en faire un outil de libération. Elle crée un nouvel idiome qui appartient en propre à la culture insulaire. Dans un monde largement globalisé, la résistance à l’uniformisation devient incontournable, la pratique artistique se met au service de la diversité culturelle et linguistique. Les défis qu’elle affronte (cohabitation des langues et des cultures, enjeux identitaires, rapports à l’histoire complexes…) sont ceux de la planète en réduction. Sa production littéraire et artistique, née de la contrainte insulaire, offre ainsi des outils précieux pour penser la complexité du monde contemporain (Glissant). L’écriture plurilingue n’est pas un artifice exotique mais une nécessité intérieure pour des artistes qui portent en eux plusieurs mondes et qui inventent, pour les dire, un langage nouveau à l’image de leur identité : archipélique, connectée et multiple. L’écriture plurilingue transforme la fragilité linguistique en une force poétique et politique majeure.
Axes de recherche
- L’île comme espace de contacts et de métissages linguistiques et culturels
- Esthétique et poétique de la fragmentation et du métissage
- Le plurilinguisme dans le texte (hybridation des langues et des signes)
- Déconstructions identitaires : entre enracinement et archipélisation
- Les enjeux d’une didactique insulaire : quelle place pour la diversité linguistique ?
- La traduction comme métaphore de la condition insulaire
- Exil, migration et mémoire : l’île comme lieu de départ (diaspora) et comme lieu d’arrivée (migration)
- Plurilinguisme et créations artistiques
- Études de cas (les Caraïbes, les îles de l’océan Indien, les îles méditerranéennes…)
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Les propositions de communication, d’environ une page, (titre et résumé) accompagnées d’une courte notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 15 novembre 2025 à l’adresse suivante: colloque.plurilinguisme.djerba@gmail.com
Inscription : Les participants procèderons à l’inscription une fois leur proposition acceptée
Les frais de participation : (hébergement [3 nuitées] dans un hôtel sur l’île de Djerba, Tunisie), pauses café, pack du colloque et publication des actes) :
- 350 euros pour les non-Maghrébins
· 550 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins
Frais de participation (sans hébergement) :
· 150 euros pour les non-Maghrébins
· 250 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins
Les frais d’inscription sans hébergement couvrent les pauses café, le déjeuner et le pack du colloque.
Le déplacement restera à la charge des communicants.
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Langues du colloque : français et anglais
Calendrier
15 novembre 2025 : dernier délai pour réception des propositions de communication
20 novembre 2025 : notification aux auteurs
22,23 et 24 décembre 2025 : déroulement du Colloque international
2026 : publication
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COMITE SCIENTIFIQUE
-Foued Laroussi, Université de Rouen. France
-Akinci Mehmet-Ali, Université de Rouen. France
-Chokri Rhibi, Université de Gabès. Tunisie
-Nizar Ben Saad,Université de Sousse. Tunisie
-Nedjma Cherrad, Université de Constantine. Algérie
-Ramzi Turki, Université de Sfax. Tunisie
-Mounir Triki, Université de Sfax. Tunisie
-Mokhtar Farhat, Université de Gafsa. Tunisie
-Mustapha Trabelsi, Université de Sfax.Tunisie
-Hassen Amdouni, Université de Jendouba. Tunisie
-Lassad Kalai, Université de Carthage. Tunisie
-Saloua Béji Ben Hmid, Université de Kairouen. Tunisie
COMITE D’ORGANISATION
-Awatef Boubakri (Université de Gabes)
-Faouzi Horchani (Université de Gabes)
-Mehdi Boujlida (Université de Gabes)
-Jamel Zaidi (Université de Gabes)
-Mourad Abdelkébir (Université de Gabes)
-Bilel Salem ( Université de Carthage)
-Nouseiba ouakaoui (Université de Tunis)
-Feten Boubakri (Université de Gabes)
-Afifa Zaghouani, (Université de Gabes)
1.7 L’alcôve – Cahiers interdisciplinaires, n° 1 : “Le rituel”
- Date de tombée (deadline) : 15 Novembre 2025
- À : En ligne
Appel à contribution
L’ALCÔVE – Cahiers interdisciplinaires, n° 1 – Le rituel, Décembre 2025
L’Alcôve est une revue interdisciplinaire fondée en 2025. Elle se veut un espace de réflexion à la croisée de la philosophie, des lettres , des sciences humaines et des pratiques artistiques. Chaque numéro, centré sur une notion, propose un dialogue entre chercheurs, cliniciens et artistes.
La revue paraît sous format numérique (PDF en accès libre), dans une esthétique sobre et exigeante.
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Thématique du premier numéro : Le rituel
Le rituel est une forme universelle qui traverse l’histoire des sociétés et des subjectivités. Religieux ou profane, politique ou intime, collectif ou personnel, il organise des seuils, structure les expériences, soutient les identités.
Ce premier numéro entend interroger la pluralité des formes et des fonctions du rituel :
- ses dimensions anthropologiques et historiques,
• ses enjeux psychiques et cliniques,
• ses incarnations artistiques et esthétiques,
• ses usages politiques et sociaux,
• sa place dans les pratiques contemporaines.
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Modalités de contribution
Nous accueillons des articles courts (environ 15 000 à 20 000 signes, espaces compris — soit 6 à 8 pages). Les contributions peuvent prendre des formes variées :
- Articles scientifiques (philosophie, anthropologie, histoire, psychologie, sociologie, études culturelles, etc.),
• Essais cliniques ou réflexifs,
• Analyses et témoignages artistiques,
• Fragments créatifs (poèmes, textes littéraires, images accompagnées d’un commentaire).
Calendrier
- Date limite d’envoi des propositions : 15 novembre 2025
(titre + résumé de 10 lignes + courte bio)
- Réponse aux auteurs : 20 novembre 2025
- Envoi des textes complets : 1er décembre 2025
- Parution du numéro : décembre 2025 (en ligne, accès libre)
1.8 Les mutations du concept de frontières : Entre fixité et mouvance (Beyrouth, Liban)
- Date de tombée (deadline) : 16 Novembre 2025
- À : Université Libanaise, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Section 1, Beyrouth, Liban.
Les mutations du concept de frontières :
Entre fixité et mouvance
Colloque International
Les 10 & 11 février 2026
Coordonné par : Carole MEDAWAR & Nada MARAASHLI
English version below
Le mot frontière, issu du latin frons, frontis (le front), renvoie à ce qui est en avant, à une ligne de démarcation. D’abord politique et territoriale, la notion s’est progressivement étendue à des sphères sociales, culturelles, linguistiques, symboliques ou encore épistémologiques. Dans le champ des lettres, des sciences humaines et des arts, la notion de frontière est plus que jamais remise en question : elle se déplace, se redéfinit, se brouille ou se transgresse.
À l’heure des bouleversements géopolitiques, des crises migratoires, des transformations numériques et de la mondialisation des savoirs, la frontière apparaît comme un espace paradoxal : à la fois seuil et barrière, séparation et porosité, exclusion et interaction. Loin d’être fixes ou figées, les frontières se révèlent mouvantes, instables, souvent remises en cause dans les pratiques, les discours et les représentations.
Comment penser cette instabilité constitutive des frontières à partir des œuvres, des formes et des savoirs produits dans le champ des humanités ? Quels enjeux soulève leur constante reconfiguration dans la construction des identités, des récits et des disciplines ?
Ce colloque vise à interroger non seulement les représentations des frontières, mais aussi les gestes de leur transgression, de leur effacement ou de leur redécoupage. Il s’agira d’examiner comment ces frontières s’inscrivent dans le corps des œuvres, les récits et les langages, et comment elles en modèlent la réception, la transmission et l’interprétation.
Axes de réflexion
Frontières géographiques et politiques dans la littérature, le cinéma et les arts
Cet axe explore les notions d’exil, de migration, de guerre et d’errance, ainsi que leur impact sur l’identité nationale et la mémoire des lieux et des conflits.
Mémoire, récit et frontières de l’Histoire
Il s’agit ici d’interroger la relation entre fiction et réalité dans la mémoire collective, le récit individuel et le récit national, en abordant les mémoires empêchées, occultées ou fragmentées.
Pensée postcoloniale et critique des frontières
Cet axe se concentre sur les dynamiques de domination, l’effacement des récits minorés, la décolonisation des imaginaires, ainsi que les circulations et réappropriations culturelles.
Frontières esthétiques, symboliques et épistémologiques
Il examine la liminalité, l’hybridation, les expérimentations formelles, les récits mythiques et archétypaux, ainsi que les croisements entre les genres et les correspondances entre les arts, les langages et les savoirs.
Modalités de participation
Le colloque se déroulera en trois langues : arabe, français et anglais.
Les propositions de communication, d’environ 300 mots, doivent inclure un titre, un résumé en français et en anglais, cinq mots-clés et une courte notice bio-bibliographique. Elles devront être envoyées au plus tard le 16 novembre 2025 aux adresses électroniques suivantes : frontierescolloque@gmail.com et carole.medawar@ul.edu.lb.
Toutes les propositions seront évaluées par le comité scientifique. Nous invitons les participant·e·s à spécifier l’axe thématique dans lequel s’inscrit leur projet.
Le comité scientifique communiquera les résultats de la sélection avant le 7 décembre 2025. Le programme définitif sera établi le 27 janvier 2026.
Suite au colloque, une sélection de communications fera l’objet d’une publication collective, après avoir été soumise à une évaluation en double aveugle.
Formulaire de participation
NOM et prénom :
Université / Institution :
Téléphone :
E-mail :
Directeur·trice de thèse (si doctorant·e) :
Titre de la communication :
Résumé (300 mots) :
Mots-clés (5) / Axe choisi :
Notice bio-bibliographique :
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Calendrier
16 novembre 2025 : Date limite d’envoi des propositions
7 décembre 2025 : Résultats de l’évaluation scientifique
27 janvier 2026 : Programme définitif du colloque
Dates du colloque : 10 et 11 février 2026
Envoi du texte complet (environ 35 000 signes, espaces et bibliographie comprises) : 28 février 2026
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Comité scientifique
ABIDINE Nour, (Université Arabe de Beyrouth, Liban)
AL JAREF Rima (Université du Roi-Saoud, Riyad, Arabie saoudite)
AL KHATIB Hayat (Université Ouverte Arabe, Liban)
BASSI Dorra (Université de Tunis, Tunisie)
DANAB Rabaa (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
EL HAGE HASSAN Hussein (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
EL RAMMOUZ Hind (Université Libanaise, Fanar, Liban)
GINGRICH Good Luann (York University, Toronto, Canada)
HASHEM Imad (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
KAMAL Amale (Université de Menoufia, Égypte)
LEBBOS Joseph (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
MANDIL Amani (New Illinois University, États- Unis d’Amérique)
MANSOUR Salim (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
MARAASHLI Nada (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
MAZBOUDI Badia (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
MEDAWAR Carole (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
MOHAMED Nermin (Université Arabe de Beyrouth, Liban)
NJEIM Tanios (Université Saint-Esprit de Kaslik, Liban)
OBEID Maguy (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
RAMADAN Hany (Université de Giresun, Turquie)
SABRA YOUSRA (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
SALEM Mouhammad (Université de Mossoul, Irak)
SARI Latifa (Université Abou Bakr Belkaïd, Tlemcen, Algérie)
YAHFOUFI Najwa (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
ZAINEDDINE Aïda (Université Libanaise, Beyrouth, Liban)
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Comité d’organisation
Hamid AWWAD, Mona DASSOUKI, Hussein EL HAJJ HASSAN, Diana HADDARA, Ibrahim HOUT, Sourailla JABAK, Nada MARAASHLI, Carole MEDAWAR, Yousra SABRA, Najwa YAHFOUFI.
Coordinatrices du colloque : Carole MEDAWAR & Nada MARAASHLI
https://lu.ul.edu.lb/files/ann/20250819-ULFLHS-ConAn-VersionFr.pdf
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English version
The Changing Concept of Border in Humanities:
Between Fixity and Flux
International Conference
February 10-11, 2026
Coordinated by: Carole MEDAWAR & Nada MARAASHLI
The word border, originally referring to the edge or boundary of a territory, derives from Old French bordure and is rooted in the idea of a limit or threshold. While historically associated with political and territorial demarcations, the concept has gradually extended into social, cultural, linguistic, symbolic, and even epistemological domains. In literature, the humanities, and the arts, the notion of the border is more contested than ever: it shifts, redefines itself, becomes blurred, or is actively transgressed.
In an era marked by geopolitical upheavals, migration crises, digital transformations, and the globalization of knowledge, the border appears as a paradoxical space: between threshold and barrier, separation and porosity, exclusion and interaction. Far from being fixed or static, borders prove to be fluid, unstable, and frequently questioned in practices, discourses, and representations.
How can we think through the inherent instability of borders based on the works, forms, and knowledge produced within the humanities? What are the stakes of their ongoing reconfiguration in shaping identities, narratives, and disciplines?
This conference aims to examine not only the representations of borders but also the acts of their transgression, erasure, or redrawing. The goal is to explore how these borders are inscribed in the body of works, narratives, and languages, and how they shape their reception, transmission, and interpretation.
Areas of inquiry
Geographical and political borders in literature, cinema, and the arts
Exile, migration, war, wandering, national identity, memory of places and conflicts. Memory, narrative, and the borders of history
Fiction and reality in collective memory, individual and national narratives, obstructed, concealed, or fragmented memory.
- Aesthetic, symbolic, and epistemological borders
Liminality, hybridity, formal experimentation, mythical and archetypal narratives, intersections between genres, correspondences between arts, languages, and knowledge. - Postcolonial thought and the critique of borders
Domination, erasure of marginalized narratives, decolonization of imaginaries, circulation and reappropriation.
Submission Guidelines
- Conference languages: Arabic, French, English
Proposals for papers (approximately 300 words) should include a title, an abstract in both French and English, five keywords, and a brief biobibliographical note. Submissions should be sent no later than November 16, 2025, to the following addresses:
frontierescolloque@gmail.com / carole.medawar@ul.edu.lb
All proposals will be reviewed by the scientific committee.
Participants are kindly asked to indicate the thematic area in which their paper fits. The final conference program will be confirmed on January 15, 2026.
Following the conference, selected papers will undergo double-blind peer review and be published in an edited volume.
Participation Form
- Full name:
- University / Institution:
- Phone number:
- Email address:
- Thesis supervisor (if PhD student):
- Title of the paper:
- Abstract (300 words):
- Keywords (5) / Thematic axis:
- Biobibliographical note:
Timeline
- November 16, 2025
Deadline for submission of proposals - December 7, 2025
Notification of acceptance - January 15, 2026
Final conference program - February 10-11, 2026
Conference dates - February 28, 2026
Submission of full papers (approx. 35,000 characters including spaces and bibliography)
Scientific Committee
ABIDINE Nour (Arab University of Beirut, Lebanon)
AL JAREF Rima (King Saud University, Riyadh, Saudi Arabia)
AL KHATIB Hayat (Arab Open University, Lebanon)
BASSI Dorra (University of Tunis, Tunisia)
DANAB Rabaa (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
EL HAGE HASSAN Hussein (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
EL RAMMOUZ Hind (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
GINGRICH Good Luann (York University, Toronto, Canada)
HASHEM Imad (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
KAMAL Amale (Menoufia University, Egypt)
LEBBOS Joseph (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
MANDIL Amani (New Illinois University, United States of America)
MANSOUR Salim (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
MARAASHLI Nada (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
MAZBOUDI Badia (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
MEDAWAR Carole (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
MOHAMED Nermin (Beirut Arab University, Lebanon)
NJEIM Tanios (Holy Spirit University of Kaslik, Lebanon)
OBEID Maguy (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
RAMADAN Hany (Giresun University, Turkey)
SABRA Yousra (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
SALEM Mouhammad (University of Mosul, Iraq)
SARI Latifa (Abou Bakr Belkaïd University, Tlemcen, Algeria)
YAHFOUFI Najwa (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
ZAINEDDINE Aïda (Lebanese University, Beirut, Lebanon)
Organizing Committee
Hamid AWWAD, Mona DASSOUKI, Hussein EL HAJJ HASSAN, Diana HADDARA, Ibrahim HOUT, Sourailla JABAK, Nada MARAASHLI, Carole MEDAWAR, Yousra SABRA, Najwa YAHFOUFI.
Conference Coordinators: Carole MEDAWAR & Nada MARAASHLI
https://lu.ul.edu.lb/files/ann/20250819-ULFLHS-ConAn-VersionEn.pdf
1.9 Décrire les créoles au XIXe s. : idéologie, sociologie et intertextualité (revue Archipélies)
- Date de tombée (deadline) : 18 Novembre 2025
- À : Université des Antilles
En quoi les croyances sur les langues créoles influencent-elles l’interprétation qu’en donnent les créolistes du xixe siècle ? C’est à cette question que s’efforce de répondre ce numéro d’Archipélies, qui se consacre aux croyances, aux représentations et plus largement aux idéologies qui traversent la description des créoles depuis la première documentation sur la langue créole par Ducœurjoly en 1802 jusqu’à la peinture du créole en termes naturalistes au tournant du siècle. Loin de se réduire à de simples nomenclatures, les descriptions des langues créoles reproduisent en filigrane un arrière-fond idéologique, qu’il convient d’interroger pour mieux comprendre l’élaboration progressive d’un discours linguistique sur la genèse et l’essor des créoles. Pratiques linguistiques nées de situations coloniales, de contacts forcés et de ruptures historiques, les créoles et leurs descriptions cristallisent les clivages idéologiques et conceptuels de la colonialité dont ils menacent la cohérence et l’uniformité.
Le dossier soumis à la revue Archipélies se structurera autour des questionnements de recherche suivants :
- De la nomination à l’idéologie
Le premier axe rendra compte tout d’abord des différentes nominations des langues créoles, en prêtant une attention toute particulière à la terminologie (scientifique ou autre), aux expressions choisies et aux domaines auxquels elles ressortissent, qui se déclinera sous la forme de trois questions :
Dans quelle mesure la désignation des créoles emprunte-t-elle les codes d’écritures et les enjeux idéologiques de la pensée coloniale de son temps ? La description des créoles détonne-t-elle par rapport à celle des langues dites « ordinaires » de son temps ou dénote-t-elle à l’inverse une rupture franche ? En quoi les dénominations utilisées pour désigner les créoles révèlent-elles les idéologies linguistiques qui les sous-tendent ?
- Langue, société et savoir
Le XIXe siècle entremêle de façon inextricable le sentiment d’identité et le sentiment linguistique. Les principes mis au jour par Renan (1882) et Bréal (1891), en particulier, sur lesquels reposent de nombreux débats linguistiques qui animent la réflexion épistémologique du xixe siècle, trouvent un écho parfois implicite dans les écrits des créolistes. Trois retiennent en particulier toute notre attention : la transposition du discours naturaliste au domaine de la linguistique, la langue comme le signe d’appartenance à une histoire et une culture commune, la trace de l’esprit des peuples dans la langue. Les contributions pourront répondre à l’une des trois questions :
En quoi la description des créoles reflète-t-elle les débats de société qui traversent le XIXe siècle ? L’orientation racialiste de la recherche contemporaine a-t-elle un impact sur la description de la langue et en particulier des catégories grammaticales retenues ? À quel point les créolistes s’inscrivent-ils dans une logique déterministe de la différence humaine, à quel point maintiennent-ils une vision universaliste du développement linguistique ? Quel est l’impact des a priori épistémologiques sur le choix des catégories grammaticales ? En quoi les choix grammaticaux traduisent-ils des positionnements épistémologiques ?
- Épistémologie et intertextualité
La finalité de ce dernier axe, sans pour autant être exclusive d’autres, empruntera un cheminement plus littéraire ou philologique. Il s’agira autant de questionner l’influence réciproque plus ou moins palpable des penseurs du siècle, qui fournissent autant un gage de cohérence que de scientificité, que l’incidence du genre textuel retenu (discours, lettre, exposé, etc.) sur la construction du raisonnement idéologique. Trois interrogations seront particulièrement mobilisées :
Quelle part accorder aux influences théoriques dans le raisonnement des créolistes du XIXe siècle ? Quelles traces de la voix d’auteurs découvre-t-on au fil des textes ? En quoi l’emprunt à d’autres penseurs éclaire-t-il le sens de la démonstration ? Que nous apprennent les écrits, parfois considérés comme mineurs (correspondance, journaux intimes, etc.), dans la construction d’une réflexion linguistique ? En quoi les formes génériques (traités, lettres, journaux, notamment) influencent-elles le développement et la construction du raisonnement linguistique ?
Calendrier
- Remise des propositions de contribution (titre et résumé de 500 mots environ) adressées aux coordinateurs du dossier (olivier-serge.candau@univ-antilles.fr et philipp.kramer@vub.be) d’ici au 18 novembre 2025. Les contributions pourront être rédigées dans l’une des langues suivantes : allemand, anglais, créoles à base française, espagnol, français, portugais.
- Avis sur l’acceptation des propositions le 16 décembre 2025.
- Envoi des contributions retenues sous leur format intégral (40 000 signes environ, espaces comprises) d’ici au 16 février 2026.
- Retour des expertises le 14 avril 2026.
- Envoi des contributions corrigées le 12 mai 2026.
- Publication du numéro à la mi-juin 2026.
Coordinateurs
- Olivier-Serge Candau (Université des Antilles), olivier-serge.candau@univ-antilles.fr
- Philipp Krämer (Vrije Universiteit Brussel), philipp.kramer@vub.be
Références bibliographiques
Sources primaires
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Sources secondaires
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Candau, O.-S. (à paraître). « Entendre et faire entendre la parle des Caraïbes insulaires. Lectures d’extraits d’écrits de missionnaires dominicains aux Antilles dans la seconde moitié du XVIIe siècle », dans Olivier-Serge Candau, Mylène Lebon-Eyquem et Odile Hamot (dir.), Mélanges offerts au professeur Lambert Félix Prudent, Saint-Denis, Presses Universitaires Indianocéaniques, à paraître (a), s.p.
Candau, O.-S. (à paraître b). « Entre ombre et lumière : quelques mots sur le génie de la langue créole », La Linguistique, « Les langues créoles du xviie au xixe siècle. Aux origines de l’étude grammaticale », dir. Olivier-Serge Candau et Béatrice Jeannot-Fourcaud, La Linguistique, vol. lxi, fascicule 2, Presses Universitaires de France, p. 9-26.
Candau, O.-S. (2025). « Jean Turiault : portrait de l’écrivain en plagiaire », dans Olivier-Serge Candau, Gwenaëlle Boucher et Nathalie Bouchaut (2025), Voix créoles. Dire, entendre et faire entendre les voix créoles, Pointe-à-Pitre, Presses de l’Université des Antilles, p. 221-23
Krämer, P. (2013). Linguistique coloniale au xixe siècle : Le discours racialiste dans la recherche française sur les langues créoles. French Colonial History 14. 55-70.
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Sousa, S. M. de. (2016). A influência de Hugo Schuchardt na primeira geração de lusocrioulistas, Thèse de doctorat, Graz, Université de Graz.
Sousa, S. M. de / Mücke, J. / Krämer, P. (2019). A History of Creole Studies, Oxford Research Encyclopedia of Linguistics.
1.10 Étude sur la filière du livre en Afrique francophone – Recherche de consultant.e.s
- Date de tombée (deadline) : 18 Novembre 2025
Le Salon international du livre d’Abidjan (SILA) pilote à l’heure actuelle une étude sur la création de richesses et d’emplois dans les filières du livre en Afrique francophone.
Livres numériques, audio, webtoons, édition augmentée, édition traditionnelle et autoédition, librairie traditionnelle comme éphémère, intelligence artificielle… que se passe-t-il aujourd’hui dans le secteur ? Quelles sont les initiatives innovantes ? Mais aussi : comment sont structurés les écosystèmes nationaux actuels ?
Pour mener cette enquête, des étudiant.e.s et professeur.e.s d’université sont recherché·e·s dans 19 pays d’Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est*. Les candidat·e·s doivent résider localement, avoir une bonne connaissance du secteur du livre et des ICC, maîtriser les méthodes de collecte et d’analyse de données et être disponibles entre novembre 2025 et janvier 2026.
Si vous êtes intéressé.e.s, veuillez faire parvenir des éléments de votre CV en rapport avec l’étude, ainsi que vos coordonnées avant le 19 novembre 2025 à etudes@scolibris.fr.
*Liste des pays concernés :
Afrique centrale : Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République Centrafricaine, République du Congo, Rwanda, République Démocratique du Congo, Tchad
Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo
Afrique de l’Est : Djibouti
Espaces de citoyenneté et dynamiques humaines : verticalités, horizontalités, fluidités
Colloque international biennal du laboratoire RÉMÉLICE (UR4709)
Université d’Orléans – Hôtel Dupanloup, les 26 et 27 mars 2026
À l’heure où les démocraties libérales semblent plus que jamais en état de crise, on assiste à la remise en cause progressive des mécanismes représentatifs et performatifs du contrat social au sein de nombre d’États-nations, dans une tendance qui paraît mondiale. La montée en puissance de diverses formes de populismes ou d’autoritarismes dans l’ensemble des sphères sociales, linguistiques et culturelles explorées au sein du laboratoire RÉMÉLICE (UR4709) semble imposer une réflexion sur des concepts tels que le « peuple », le pouvoir ou les « élites », la démocratie, l’état de droit, etc. Face à cela, on assiste à la radicalisation des questions relatives à l’identité, à la nation en tant qu’entité indépendante et à sa généalogie, à la souveraineté (nationale, populaire, individuelle ou collective, etc.). Face aux atours néo-libéraux d’une mondialisation que d’aucuns auraient voulu « heureuse », la remarquable résurgence de notions telles que celles de « race », d’« identité », de « communauté » ou encore de « civilisation » dans les débats publics et scientifiques, sont autant de phénomènes qui nous invitent à remettre en question l’idée d’une certaine « fin de l’histoire » (Fukuyama) que le capitalisme et la démocratie auraient scellée main dans la main à la toute fin du XXe siècle. En termes politiques et d’organisation de la cité, on retrouve dans ce sillage d’une part une volonté d’intégration pensée en termes d’assimilation ou d’un multiculturalisme aux hiérarchisations plus ou moins assumées, d’autre part la mise au jour et en question de discriminations structurelles fondées sur les privilèges des uns ou sur différentes formes d’oppressions issues de l’histoire des colonisations/dominations et de leurs intersections.
Loin d’une quelconque fin de l’histoire, verticalités et horizontalités s’affrontent. La grandissante « haine de la démocratie » (Rancière), qui résulte bien souvent en réalité de la mise en évidence de déficits démocratiques (Norris) dans les sociétés, semble ouvrir la voie à de nouveaux régimes politiques illibéraux voire autoritaires. Plus rares semblent être les expériences de réappropriation démocratique voire de remises à plat constitutionnelles. Des conflits se font jour ou réémergent, socio-politiques, mais aussi culturels – fussent-ils palpables ou fantasmés, niés ou érigés comme autant d’épouvantails stratégiques (on pense, par exemple, à la re-convocation récente du « choc des civilisations » (Huntington)) – qu’il convient aux chercheuses et chercheurs d’interroger.
Dans ce contexte, le colloque biennal du laboratoire RÉMÉLICE choisit en 2026 d’interroger la notion de « citoyenneté » comme outil pour analyser les tensions à l’œuvre dans le monde moderne et contemporain. Historiquement, la citoyenneté a imposé une articulation entre l’individu et le corps social , en affirmant une série de droits censée garantir la liberté politique des citoyennes et citoyens, mais aussi des devoirs sociaux les enjoignant à agir collectivement pour le « bien commun ». Tout en permettant l’émergence d’une identité collective, dont les paramètres sont définis verticalement par les structures politiques de l’État (le plus souvent dans le cadre de l’État-nation), la citoyenneté dote l’individu d’une “légitimité à appartenir” dont elle est dans le même temps le garant et l’obstacle volontaire puisqu’elle impose, de fait, un phénomène simultané d’inclusion et d’exclusion des individus de la communauté nationale. La citoyenneté impose au citoyen une appartenance à un espace national défini géographiquement et politiquement dans lequel son agentivité citoyenne est censée pouvoir/devoir s’exprimer. Mais elle confère aussi à l’individu un statut spécifique qui définit sa position à l’échelle du monde (ressortissant, résident, exilé, réfugié politique, etc.) et sa capacité à circuler ou non à travers les espaces de celui-ci (restrictions d’entrée sur un territoire donné, statuts liés à la clandestinité, etc.).
En choisissant de mettre en tension les notions d’« espaces de citoyenneté » et de « dynamiques humaines », notre intention est de choisir comme noeud d’analyse la dichotomie fondamentale entre rigidités normatives dans l’élaboration, la construction, l’expression, la représentation de la citoyenneté au sens large, et ce qui relève de l’organicité, du foisonnement des expériences humaines dans toute leur complexité. On s’intéressera par conséquent autant à la verticalité des normes, aux processus à l’œuvre dans la construction, la (re)structuration de la citoyenneté, notamment dans les États-nations “modernes”, qu’à la complexité, à l’horizontalité et à la fluidité des expériences humaines, individuelles ou collectives.
Il s’agira bien sûr de se concentrer sur l’étude des divers espaces – institutionnels, géographiques, métaphoriques, etc. – dans lesquels la citoyenneté est censée s’exprimer, se représenter, s’incarner, se vivre, de telle sorte qu’une adéquation soit permise entre « appartenance » à la nation et « agentivité citoyenne » au sein de celle-ci. Mais, surtout, nous nous intéresserons aux endroits de l’inadéquation, aux espaces de frottement, dans lesquels le mécanisme normatif de construction de la citoyenneté se grippe, du fait notamment de l’incompatibilité entre les rigidités normatives de la citoyenneté et la spontanéité intrinsèque aux dynamiques humaines, à l’échelle individuelle et collective (citoyens de « seconde zone », double nationalité, déchéance de nationalité, appartenances aux diasporas, statut d’apatride, statuts différenciés au sein des empires coloniaux, etc.). Nous tâcherons donc d’étudier, d’observer, d’interroger tout particulièrement ces espaces d’« entre-deux », de marges, de superpositions, de palimpsestes, de dissonances, de dispersions, de déchirements éventuels par rapport aux espaces dans lesquels s’exprime “structurellement” la citoyenneté, ou du moins dans lesquels d’aucuns voudraient qu’elle s’exprime, qu’elle s’incarne. Aussi, en filigrane, il s’agira d’appréhender les éventuelles dissonances entre normativités de la citoyenneté et fluidité des identités, de s’intéresser aux dynamiques de circulation qui s’articulent autour des formes de verticalité ou d’horizontalité, ainsi qu’aux processus d’adaptation, d’ajustement, d’accommodement, de résistance et de résilience, mais aussi de création, d’innovation, de (ré)invention qui émergent précisément de ces dissonances. Ces adaptations constantes de/à la citoyenneté pourront être analysées par le biais de leurs évolutions historiques comme de leurs expressions politiques, sociales, mais aussi culturelles, artistiques, esthétiques. Ces dernières vont de pair avec la construction de soi et des “soi” et produisent une multitude d’identités et d’héritages.
La recherche et le statut des individus et collectifs qui la pratiquent sont eux-mêmes au cœur de ces questionnements sur la citoyenneté et les espaces qui en permettent ou limitent l’expression. Le positionnement et la réflexivité de la chercheuse ou du chercheur est en effet une question permanente (Balla 2024, Bourdieu 2001), pris que nous sommes entre d’un côté l’identification des faits et le recul analytique nécessaires à la scientificité de notre travail et de l’autre le besoin d’une connaissance intime de notre terrain de recherche pour en saisir les subtilités et les ambiguïtés. À cela s’ajoute notre double position à la fois dans la recherche et dans la citoyenneté. Un rôle ne saurait effacer l’autre, les deux s’informant mutuellement. L’internationalisation des espaces de recherche pousse à la conscientisation de ces interactions recherche/citoyenneté et à une réflexion approfondie à leur propos, qui questionnent la possibilité théorique d’une neutralité scientifique appliquée à la « matière » humaine. Les débats autour de l’objectivation (Bourdieu 2003), du positionnement, voire de la positionnalité (Berger 2013, Holmes 2020) imposent à l’épistémologie des sciences humaines une réflexivité telle qu’une recherche ne prenant pas en compte l’ancrage de la chercheuse ou du chercheur dans un espace et une appartenance citoyenne donnés en devient questionnable, en particulier lorsqu’il s’agit d’étudier les développements ou les héritages des colonisations (Grosfoguel 2007). L’étude des espaces, les espaces/lieux d’étude et de recherche, les lieux de rencontre ou d’exclusion mutuelle entre recherche et citoyenneté et les nouvelles épistémologies qui en émergent seront donc explorés, et avec eux les questions de la neutralité, de l’objectivation, ou de l’engagement de la recherche dans la cité.
Résolument structuré autour des études internationales, le laboratoire RÉMÉLICE entend donner à l’étude de l’objet « citoyenneté » une dimension méthodologiquement transnationale, transrégionale et comparatiste, tout en permettant des échanges interdisciplinaires (histoire, civilisation, études littéraires, visuelles, culturelles, etc.), autour de sujets tels que (liste non exhaustive) :
- Citoyenneté et institutions
- Les lieux de la citoyenneté / espaces de l’expression citoyenne
- Citoyenneté comme espace mental pensé ou impensable
- Citoyenneté comme concept traduit/transposé
- Représentations / représentativités de la citoyenneté / du citoyen
- Citoyenneté et culture(s) / « civilisation(s) »
- Citoyenneté et identité(s) individuelle(s) et collective(s)
- Citoyen critique et démocratie / révolution(s) citoyenne(s)
- Citoyenneté et représentation / émancipation / autodétermination
- Citoyenneté et pouvoir / État
- Inclusion / exclusion, appartenances périphériques et marges, diasporas, non-appartenance, non-citoyens
- Citoyennetés multiples, double appartenance
- Citoyenneté et genre / race / classe
- Construction nationale / récits nationaux et expériences individuelles et collectives
- Citoyenneté et patrimoine culturel, héritage et pratiques de transmission
- Citoyenneté et pratiques culturelles / expérimentations esthétiques / innovations
- Performance(s) de la citoyenneté
- Transformations culturelles, transculturation et souveraineté(s)
- Stratégies de résistance, de résilience, de survivance culturelle
- Citoyenneté numérique/digitale
- Citoyenneté et environnement / éco-citoyenneté / matérialisme
- Cosmopolitisme / citoyenneté « du monde » / anti-frontiérisme
- Recherche et citoyenneté / science citoyenne / science ouverte
- Étude des espaces citoyens / espaces de la recherche / inclusion/exclusion de la recherche dans la construction de la citoyenneté
- Épistémologie / neutralité / réflexivité / positionnalité
- Engagement des chercheuses/chercheurs dans la cité
—
Le colloque interdisciplinaire se tiendra en français (et éventuellement en anglais) de manière à faciliter nos échanges. Merci d’envoyer vos propositions de communication (abstract d’environ 300 mots et courte biographie) à remelice2026@gmail.com, avant le 21 novembre 2025.
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Comité d’organisation :
Joseph Ciaudo (Université d’Orléans)
Karin Fischer (Université d’Orléans)
Augustin Habran (Université d’Orléans)
Chloé Lacoste (Université d’Orléans)
Caroline Sarré (Université d’Orléans)
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Comité scientifique :
Shems Kasmi (Université d’Orléans)
Saïd Ouaked (Université de Limoges)
Catherine Pélage (Université d’Orléans)
Thierry Robin (Université d’Orléans)
Ludivine Thouverez (Université de Poitiers)
Kerry-Jane Wallart (Université d’Orléans)
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Bibliographie indicative :
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Taylor, Lawrence J., “Bás InÉirinn: Cultural Constructions of Death in Ireland”, Anthropological Quarterly, Vol. 62, No. 4, The Uses of Death in Europe, Oct. 1989, p.175-187.
1.11 Créer et écrire pour l’enfance et la jeunesse francophone afrcicaine et diasporique. Biennale des littératures africaines 2026 (Bordeaux)
- Date de tombée (deadline) : 28 Novembre 2025
- À : Université Bordeaux Montaigne
- Colloque international
- Biennale des littératures africaines 2026.
- Créer et écrire pour l’enfance et la jeunesse francophone africaine et diasporique
- 19-20 novembre 2026 – Université Bordeaux Montaigne
- CLEFF- Cité des Langues étrangères, du Français et des Francophonies
- Organisateurs : Alpha Barry – Yamna Chadli Abdelkader – Sylvère Mbondobari
- CELFA-Plurielles UR 24142 et Chaire DiANA’T LAM UMR 5115
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- Que peut la littérature d’enfance et de jeunesse en contexte post-colonial et transnational ? Comment exprime-t-elle une conscience africaine et/ou afrodiasporique ? Qui l’édite ? Qui la lit ? Qui la commente ? Telles sont les principales questions soulevées par le colloque international sur les littératures pour l’enfance et la jeunesse en contexte africain et diasporique.
- Le champ des études de la littérature d’enfance et de jeunesse francophone africaine, notamment dans ses expressions diasporiques, est relativement peu exploré. Et pourtant, le corpus dédié à ce sous-champ de la littérature francophone est de plus en plus important et très diversifié. Outre la bande dessinée inspirée du vécu et de l’histoire des afrodescendants, on retrouve des recueils de contes pour enfants, des romans à énigme, des récits autobiographiques, des récits de science-fiction, des comics, etc. Les textes et les films de la littérature d’enfance et de jeunesse afrodiasporiques portent en eux les traces d’un vécu et d’une histoire spécifique, transnationale et transculturelle que les auteurs cherchent à transmettre, comme l’indique la collection Je découvre mon héritage. La foi qui anime certains auteurs (Tadjo, Condé, Kanor, etc.) est le reflet d’un engagement qui dépasse la simple recherche esthétique pour donner forme à une quête identitaire et à une attente de plus en plus significative. Comme l’indique Mélissa Francisco, responsable de la collection Je découvre mon héritage : 6 souverains africains destinée aux 5 à 10 ans, « Au fil des récits, les enfants découvriront la richesse et la grandeur de leur héritage ! ». Les nuances propres et différentielles des écrivains afrodiasporiques sont dans les caractères nécessairement uniques qu’ils tiennent de leurs trajectoires et de leurs époques marquées par les revendications identitaires et la racialisation des rapports sociaux et interculturels. Leur élan vers la réalité afrodiasporique est plus résolu, plus hardi et, parfois, plus offensif que la littérature de migration dite « classique » ; leur sentiment humaniste et universaliste apparaît davantage renforcé par l’affermissement de la conscience diasporique chez les afrodescendants dans un contexte de mondialisation de la littérature (Perrot). En ce sens profond, la littérature de l’enfance et de la jeunesse afrodiasporique touche à des domaines aussi différents que l’histoire coloniale, la situation post-coloniale en Afrique et en Europe, les questions d’immigration, les identités afropéennes, le multiculturalisme, etc. Elle s’inscrit aisément dans la continuité de la tendance postcoloniale de la littérature afrodiasporique, dont elle ne fait qu’appliquer plus largement les principales thématiques à un public plus jeune. Elle charge le langage le plus spontané d’un imaginaire de la condition afrodiasporique. L’on assiste donc encore ici à la fois à un retour à l’histoire et aux mythes des mouvements de la diaspora africaine et à une prise en charge des grandes problématiques de la présence africaine en Europe, en Amérique du nord et en Amérique du Sud (Bébel-Gisler, Fagour-Daïri, etc.).
- Habités par une « conscience diasporique » très affirmée, les auteurs et autrices cherchent souvent à combler le vide laissé par l’industrie du livre de jeunesse occidentale en proposant des héros et des héroïnes afrodescendant.es (Véronique Tadjo, Serbin, Condé, etc.). La problématique principale retenue est celle de la construction identitaire, aspect majeur de la littérature d’enfance et de jeunesse francophone africaine, notamment dans ses expressions diasporiques. Il s’agit là, à la fois, de montrer les dynamiques littéraires et culturelles contemporaines à partir d’un genre relativement peu étudié (du point de vue des contenus comme de la forme), et d’explorer une question de sociologie littéraire où se greffent bien plus que de simples nuances entre les postures et les prises de position des écrivains, des éditeurs et des critiques.
- Une attention particulière est également à porter aux modalités concrètes de réception et d’appropriation de cette littérature par ses publics cibles : enfants, familles, enseignants, éducateurs, médiateurs du livre. La manière dont ces œuvres sont introduites dans les espaces éducatifs et culturels (école, bibliothèque, cercle familial, réseaux sociaux) participe à la construction identitaire et culturelle des jeunes lecteurs. De même, les enjeux liés à leur reconnaissance critique et à leur intégration dans les corpus institutionnels (programmes scolaires, revues spécialisées, prix littéraires) soulèvent des questions essentielles sur la légitimité de cette littérature et sa capacité à influer sur les imaginaires collectifs. En outre, la circulation transnationale de ces œuvres (parfois traduites, parfois autoéditées, souvent diffusées de manière informelle ou numérique) pose la question de leur visibilité dans l’espace francophone et au-delà. Dans quelle mesure les logiques éditoriales globalisées favorisent-elles ou freinent-elles leur diffusion ? Cela suppose souvent d’observer de près l’esthétique visuelle de ces œuvres : le rôle de l’image (illustration, bande dessinée, graphisme, animation) dans la construction d’une identité africaine ou afrodiasporique visuelle est fondamental, en particulier dans les albums pour enfants ou les romans graphiques. Par ailleurs, la place de l’enfant comme sujet de parole, de mémoire ou de résistance (que ce soit par le biais de la narration à la première personne ou par l’oralité transmise) interroge les modalités d’énonciation spécifiques à cette littérature. Quels types de voix enfantines sont mobilisées pour dire l’exil, la mémoire, la transmission ?
- L’intérêt de ce colloque international est de signaler une évolution importante de la littérature francophone africaine pour l’enfance et la jeunesse, et en particulier de ses formes afrodiasporiques. S’il est vrai qu’elle reprend à l’histoire des migrations africaines notamment ses grands thèmes, cette littérature produite en Afrique comme dans les diasporas tend en réalité vers la valorisation de l’identité et de la culture africaine plurielle dans un monde globalisé. Les œuvres sont des témoignages frappants des enjeux identitaires, politiques et esthétiques.
- Sept axes de recherche
- (1) Conditions sociologiques et culturelles de la production des œuvres. Champ éditorial de la littérature de jeunesse notamment dans le contexte diasporique.
- (2) Modalités de représentations des réalités spécifiques comme la violence, la marginalité, les conditions sociales et psychologiques des personnages dans les textes.
- (3) Configurations narratives et modalités d’une écriture qui se veut à la fois transnationale, le lieu de transmission des valeurs culturelles ancestrales et véhicule des valeurs républicaines.
- (4) Poétiques postcoloniales afrodiasporiques : formes et esthétiques de la mémoire, de l’exil et de la filiation. Réinvention des héritages littéraires dans une perspective postcoloniale et diasporique.
- (5) Iconotextualité et sémiotique visuelle dans les albums jeunesse francophones : symbolisme, construction d’un imaginaire visuel par des références culturelles africaines et diasporiques.
- (6) Réception, critique et reconnaissance institutionnelle des littératures africaines et afrodiasporiques de jeunesse : place dans la critique universitaire, les prix littéraires, les débats publics, et les médias spécialisés.
- (7) Pratiques pédagogiques et médiations éducatives : usages de cette littérature dans les systèmes éducatifs francophones (programmes scolaires, bibliothèques, ateliers d’écriture, etc.) et dans les initiatives citoyennes de transmission culturelle.
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- Bibliographie indicative
- Appadurai, Arjun. Après le colonialisme : les conséquences culturelles de la globalisation. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Bouillot ; introduction traduite par Hélène Frappat ; préface de Marc Abélès. Paris : Payot, coll. Petite Biblio Payot – Essais, n°560, 2015, 333 p.
- Beckett, Sandra L. De grands romanciers écrivent pour les enfants. Montréal : les Presses de l’Université de Montréal ; Grenoble : Éd. Littéraires et linguistiques de l’Université de Grenoble, coll. Espace littéraire – Études, 1997, 317 p.
- Foucault, Jean ; Manson, Michel ; Pinhas, Luc, éds. L’Édition de jeunesse francophone face à la mondialisation. Paris : L’Harmattan, coll. Références critiques en littérature d’enfance et de jeunesse, 2010, 299 p.
- Keita, Fatou. « L’édition pour la jeunesse en Côte-d’Ivoire : historique et état des lieux », dans : Pinha, Luc. Dir. Situations de l’édition francophone d’enfance et de jeunesse. Op.cit., pp. 205-223.
- Levêque, Mathilde. « La littérature d’enfance et de jeunesse : pour une nouvelle épistémologie comparatiste ? », in : Anne Tomiche, éd. Le comparatisme comme approche critique. Tome 3 : Objets, méthodes, et pratiques comparatistes. Paris : Classique Garnier, coll. Rencontres, 314, 453 p. ; pp. 267-281.
- Mabanckou, Alain ; Troël, Yuna (ill.). Le coq solitaire. Paris : Seuil jeunesse, 2019.
- Malanda, Elodie. L’Afrique dans les romans pour la jeunesse en France et en Allemagne. 1991-2010. Les pièges de la bonne intention, Paris, Honoré Champion, coll. « francophonies », 2019, 583 p.
- Nières-Chevrel, Isabelle. Introduction à la littérature de jeunesse. Paris, Didier Jeunesse, coll. Passeurs d’histoires, 2009, 238 p.
- Perrot, Jean. Jeux et enjeux du livre d’enfance et de jeunesse. Paris, Cercle de la Librairie,
- Perrot, Jean. Mondialisation et littérature de jeunesse. Paris, Éditions du Cercle de la librairie, coll. Bibliothèques, 2008, 381 p.
- Sapiro, Gisèle. Les contradictions de la mondialisation éditoriale. Paris : Nouveau Monde, 2009, 410 p.
- Schneider, Anne. La littérature de jeunesse migrante : récits d’immigration de l’Algérie à la France. Paris : L’Harmattan, 2013, 422 p.
- Stuart Hall. Identités et cultures : politiques des cultural studies. [Édition établie par Maxime Cervulle ; traduit de l’anglais par Christophe Jaquet.] Paris, Éditions Amsterdam, 2017, 558 p.
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- Calendrier
- Le colloque aura lieu à l’université Bordeaux Montaigne en mode hybride (présentiel et visio) les 19 et 20 novembre 2026.
- Les propositions de communication sont attendues pour le 28 novembre 2025 au plus tard. Elles devront comporter 300 à 500 caractères (espaces compris), assorties d’une notice bio-bibliographique succincte (statut, institution de rattachement et adresse mail).
- Dans le sillage du colloque, les contributions seront publiées dans la collection « Études africaines et créoles » des Presses Universitaires de Bordeaux.
- Adresse mail de réception des propositions de communication : alfabari@free.fr
1.12 Écrire la frontière : entre littérature, formes esthétiques, migrations et créations interculturelles (revue
- Date de tombée (deadline) : 30 Novembre 2025
- À : Faculté des Lettres et de Sciences Humaines, Université Ibn Zohr Agadir
- Appel à contributions
- Revue Langues, Littératures et Arts, numéro 8 :
- Écrire la frontière : entre littérature, formes esthétiques, migrations et créations interculturelles
- ISSN : 2665-8674 — Indexée au portail SNRST (Maroc)
- Date limite de réception des articles : 30 novembre 2025
- Normes bibliographiques : APA 7e éd.
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- La Revue Langues Littératures et Artsest une revue semestrielle qui se donne comme ligne éditoriale de rassembler toutes contributions qui permettraient d’interroger les articulations entre langue, littérature et les arts au regard de leurs pratiques actuelles dans une mise en perspective avec le passé et l’avenir. Objet de débat sur leurs champs de recherche et leurs identités légitimes, ce projet ambitionne d’ouvrir des dialogues interdisciplinaires et multiculturels à partir de leurs interconnexions avec les disciplines en question, leur relation et leur croisement.
- Éditée par la Faculté des Lettres et de Sciences Humaines, Université Ibn Zohr Agadir.
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- Argumentaire
- « La frontière n’est pas une ligne : c’est un espace », nous disait encore Étienne Balibar (Nous, citoyens d’Europe ?, 2001). Aborder aujourd’hui la question de la frontière ne doit pas se limiter à une approche géopolitique figée car celle-ci s’avère souvent un lieu de passages, de frictions et de métissages, où s’élaborent des identités plurielles, s’entrecroisent les mémoires et se reconfigurent les imaginaires. Michel Foucher nous rappelle dans ce sillage que « la frontière est d’abord une construction sociale et politique » (L’obsession des frontières, 2007), qui doit être considérée moins comme une barrière inerte que comme un espace dynamique, empreint d’échanges, de conflits et d’hybridations. Écrire la frontière, serait donc une démarche visant étudier l’épaisseur d’un lieu où se recoupent et s’interpénètrent les langues, les cultures et les formes esthétiques.
- Dans cette approche ouverte par Michel Foucault, la frontière se conçoit d’autant plus comme un espace discursif où les savoirs se transforment et se redéfinissent au contact de l’altérité. Julia Kristeva (Séméiotikè,1969) nous rappelle, dans cette optique sémiotique que tout texte est « une mosaïque de citations », transférées et réévaluées, ainsi comme le confirme Roland Barthes, « tout texte est un intertexte.» (Le Bruissement de la langue, 1984)
- Ces orientations trouvent, par ailleurs, une résonance toute particulière dans La Poétique de la Relationd’Édouard Glissant (1990), œuvre animée en filigrane par un souffle poétique faisant de l’écriture le lieu ultime où se tissent les différences, celles des identités qui s’émeuvent dans l’échange et le respect de l’altérité. Nous touchons ici à une approche similaire à celle développée par Umberto Eco, lequel appréhende l’œuvre comme un espace sempiternellement ouvert à la pluralité interprétative (L’Œuvre ouverte, 1965). Dans le prolongement de cette perspective, Abdelkébir Khatibi (Maghreb pluriel, 1983) place ce processus herméneutique au cœur même de l’expérience maghrébine, où la « double écriture » articule héritages culturel arabe, berbère et français. Mohamed Arkoun (Humanisme et islam, 2006) poursuit pour sa part cette réflexion en se focalisant sur la nécessité de surmonter les « frontières mentales » héritées de l’histoire coloniale, dans l’espoir de réinventer un espace critique universel et humaniste par l’entremise duquel les savoirs peuvent se partager loin des stéréotypes mortifères. Tout bien considéré, Edward W. Saïd (Culture and Imperialism, 1993), mettra en évidence la façon dont la littérature participe à dessiner des frontières symboliques entre Orient et Occident. Son approche est ainsi inscrite, comme celle d’ailleurs de Dérida, dans la déconstruction. (De la grammatologie, 1967). On peut donc voir comment le concept de frontière associe en même temps approche esthétique, enjeu éthique et espace politique, d’autant plus dans les sociétés marquées par l’histoire coloniale, les mouvements migratoires et par conséquent, les hybridations culturelles.
- L’autre thématique majeure qui pourrait configurer cette lecture de l’espace relèverait davantage de l’immigration, envisagée comme phénomène historique, social et esthétique. En effet, les récits de migration et d’exil, qu’ils soient autobiographiques, fictionnels ou poétiques, racontent souvent la traversée des espaces inhérents à la refondation des appartenances et la réinvention des langues. Des auteurs tels que Leïla Sebbar (La Seine était rouge, 1999), Tahar Ben Jelloun (L’écrivain public, 1982) ou encore Azouz Begag (Le gone du Chaâba, 1986), révèlent dans leur fiction cette tension féconde entre mémoire des origines et ancrage dans un nouvel espace culturel. La littérature issue des migrations translingues, de surcroît, est ainsi tributaire d’une esthétique de l’entre-deux, laquelle montre jusqu’à quel point la frontière n’est plus seulement une composante thématique nécessaire à la production littéraire, elle devient à partir de cette approche le lieu même d’une réflexion herméneutique sur l’altérité et se donne, tout compte fait , pour tache la traduction, par l’écriture, d’une expérience humaine marquée par le déplacement et la pluralité culturelle.
- Écrire la frontière, ce serait, sans aucun doute, écrire en rupture avec l’évidence et à rebours de l’univocité. Ainsi que le rappelle Paul Ricœur (Temps et récit, 1983), « tout discours véritable porte en lui un autre monde possible ». Dans cet esprit, le huitième numéro de Langue, Littérature et Art invite à scruter les formes textuelles, linguistiques, artistiques et critiques qui interrogent les frontières, lesquelles reconfigurent les rapports entre espace et identité. Inscrit dans le sillage de la critique postcoloniale d’Edward W. Saïd, et nourri des réflexions théoriques de Julia Kristeva, Roland Barthes, Umberto Eco et Gilles Deleuze, ce numéro ambitionne de réunir, comme c’est la tradition, des chercheurs venus d’horizon divers et disparates autour de la diversité des productions discursives à travers les langues et les cultures, qu’elle soient médiatiques, littéraires, artistiques ou liées aux formes transmédiatiques et numériques. Nous aurons, par conséquent, à questionner les lignes de partage établies entre langue et forme, texte et contexte, centre et périphérie, de manière à ouvrir un espace de réflexion sur l’altérité, appréhendée comme autant de lieux d’échange et de recomposition symbolique. Au final, il s’agira d’interroger la manière dont l’écriture, qu’elle soit tributaire du récit de voyage, de l’imaginaire diasporique ou encore de la mémoire coloniale ou de l’esthétique de la relation, dessine de nouveaux possibles pour dire, penser et transformer les mondes contemporains.
- On l’aura compris, ce numéro souhaite interroger la façon dont les créations littéraires, artistiques et médiatiques représentent, déplacent et transforment ces frontières, dans une perspective ouverte, critique, transversale et interdisciplinaire.
- Axes de réflexion proposés
- 1-Langues, traductions et passages culturels
- -Écriture multilingue, traduction, alternance codique, auto-traduction et reconfiguration de l’espace frontalier.
- -La traduction comme médiation interculturelle et comme acte de recréation littéraire.
- 2-Poétiques de l’interculturalité et de l’hospitalité
- -Intégration de voix et de traditions hétérogènes dans les récits et les poèmes.
- -Dialogues entre formes narratives issues de contextes culturels différents.
- -Hospitalité textuelle et ouverture aux imaginaires de l’Autre.
- 3-Littératures francophones et altérités plurielles
- -Représentations de l’Autre dans la littérature francophone du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, de la Caraïbe et de la diaspora.
- -Dynamiques d’hybridation culturelle et linguistique dans les écritures francophones contemporaines.
- -Littératures migrantes et exilées : entre mémoire, identité et création.
- 4-Géopoétique et mémoire postcoloniale
- -Réinvestissement des frontières héritées de l’histoire coloniale, des exils et des déplacements forcés.
- -Écritures de la mémoire blessée, de la dépossession et de la recomposition identitaire.
- -L’espace méditerranéen comme carrefour géopoétique et lieu de tensions interculturelles.
- 5-Frontières médiatiques et arts contemporains
- -Reconfiguration des imaginaires frontaliers dans les arts visuels, le cinéma, la photographie, le théâtre et les arts numériques.
- Esthétiques du montage, de la polyphonie et du métissage dans les pratiques artistiques contemporaines.
- 6-Figures, imaginaires et mythologies de la frontière
- -Archétypes et symboles frontaliers dans la littérature, les arts et les médias.
- -Mythes, légendes et représentations de l’Orient et du Maghreb dans l’imaginaire occidental, et réciproquement.
- 7-Discours critiques et théories de la frontière
- -Perspectives postcoloniales, décoloniales et interculturelles.
- -Lectures croisées mobilisant la sémiotique, l’anthropologie, la narratologie et la philosophie du langage.
- -Approches comparatistes et interdisciplinaires de l’écriture frontalière.
- 8-Frontières et expériences migratoires
-Les récits de vie et témoignages d’exil comme espaces de résistance et de mémoire. - -L’écriture diasporique et la reconstruction identitaire.
- -La frontière comme expérience vécue : trajectoires, passages et zones d’attente.
- Représentations culturelles et artistiques de la migration
- -L’immigration dans la littérature francophone et postcoloniale.
- -La représentation des migrants dans le cinéma, les arts visuels et les formes transmédiatiques.
- -Les imaginaires frontaliers et la poétique de l’exil
- 10- Récits de voyage, orientalisme critique et reconfiguration des identités
- – Analyse des formes narratives et poétiques du déplacement dans la littérature francophone et postcoloniale.
- – Représentations et déconstruction de l’Orient dans une perspective interculturelle.
- – Hybridité discursive et dialogues entre mémoire historique, imaginaires migratoires et esthétique de la relation.
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- Modalités de soumission
- Langue des articles : français ou anglais
• Date limite de réception : 30 novembre 2025
• Format : article complet, entre 5 000 et 7 000 mots (bibliographie incluse), conforme aux normes APA 7ème édition.
• Évaluation : double expertise en double aveugle.
• Contribution : 70 € (700 MAD) au titre des frais de publication, à régler après acceptation de l’article.
• Envoi : par courriel à : lacadldl2023@gmail.com - avec pour objet « Soumission – Numéro 8, Août 2025 ».
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- Bibliographie indicative
- Bibliographie
- -Balibar, Étienne. Nous, citoyens d’Europe ? Paris : La Découverte, 2001.
- -Barthes, Roland. Le bruissement de la langue. Paris : Seuil, 1984.
- -Begag, Azouz. Le gone du Chaâba. Paris : Seuil, 1986.
- -Ben Jelloun, Tahar. La nuit sacrée. Paris : Seuil, 1987.
- -Eco, Umberto. L’Œuvre ouverte. Paris : Seuil, 1965.
- -Foucher, Michel. L’obsession des frontières. Paris : Perrin, 2007.
- -Foucault, Michel. L’archéologie du savoir. Paris : Gallimard, 1969.
- -Glissant, Édouard. Poétique de la Relation. Paris : Gallimard, 1990.
- -Jullien, François. L’écart et l’entre. Paris : Galilée, 2012.
- -Khatibi, Abdelkébir. Maghreb pluriel. Paris : Denoël, 1983.
- -Kristeva, Julia. Séméiotikè. Paris : Seuil, 1969.
- -Mignolo, Walter. La désobéissance épistémique. Paris : L’Harmattan, 2015.
- -Ricœur, Paul. Temps et récit. Paris : Seuil, 1983.
- -Said, Edward W. Culture and Imperialism. New York : Knopf, 1993.
- -Said, Edward W. L’Orientalisme. Paris : Seuil, 1980.
- -Santos, Boaventura de Sousa. Épistémologies du Sud. Paris : Desclée de Brouwer, 2016.
- -Sayad, Abdelmalek. La double absence. Paris : Seuil, 1999.
- -Sebbar, Leïla. La Seine était rouge. Paris : Thierry Magnier, 1999.
- -Arkoun, Mohamed. Humanisme et islam. Paris : Vrin, 2006.
1.13 Narrations littéraires et cinématographiques de la postmigration dans les espaces germanophones et francophones (Revue ILCEA)
- Date de tombée (deadline) : 30 Novembre 2025
- À : Revue ILCEA (Université Grenoble Alpes)
Appel à contribution pour le numéro 67 (2027) de la revue ILCEA
Narrations littéraires et cinématographiques de la postmigration dans les espaces germanophones et francophones
La notion de « postmigration » connaît actuellement un véritable essor dans les sciences humaines et sociales, notamment dans la recherche germanophone et anglophone. Le recours à ce concept souligne le besoin de tenir compte de l’aspect dynamique (et diachronique) des mouvements migratoires et de leur impact profond sur l’évolution des sociétés contemporaines. L’emploi du terme au préfixe « post » (à l’instar d’évolutions terminologiques analogues tels que le postcolonial ou la postmémoire) suggère un tournant épistémologique dans l’observation et l’évaluation de phénomènes engendrés par les migrations et l’exil. Il fait appel au développement de nouveaux outils pour leur description et analyse. Le concept marque avant tout un changement de perspective dont les implications sont actuellement discutées au sein des études culturelles et littéraires, que ce soit en Europe ou outre-Atlantique. Si l’introduction du terme dans le champ de recherche français et francophone est plus récente, l’attention portée à son potentiel est d’autant plus vive que le concept semble désormais largement établi dans les disciplines des sciences humaines outre-Rhin.
Les premiers bilans des études comparatives dans une perspective franco-allemande dévoilent la complexité du champ de recherche à la croisée des enjeux sociétaux, scientifiques et artistiques, et notamment les décalages dans la circulation de concepts théoriques dans le contexte de la migration et de l’exil. Le constat formulé en introduction du recueil récapitulatif d’un projet de recherche mené jusqu’en 2021 à l’université Southern Denmark (Odense) sur la « condition postmigrante » reste d’actualité, et appelle à la poursuite des recherches dans une perspective comparative : « The concept of postmigration […] emerges from multiple genealogies, all circulating simultaneously, and which are both distinct and overlapping » (Gaonkar et al., 2021, p. 11).
L’approche que nous proposons dans le cadre du numéro intitulé « Narrations littéraires et cinématographiques de la postmigration » vise à explorer les dimensions créatives et esthétiques des formes d’expression qui émergent dans des sociétés dites « postmigrantes » (décrites notamment dans les travaux de la politologue Naika Foroutan en Allemagne, et du sociologue Erol Yildiz en Autriche). Il s’agira d’étudier des œuvres littéraires et filmiques contemporaines dans leur contexte spécifique de création, à travers le prisme d’une perspective postmigrante, dont une caractéristique semble être le développement de stratégies de subversion et de résilience face aux principes dominants d’inclusion et d’exclusion.
L’objectif de ce numéro est de rassembler des contributions venant de différents horizons disciplinaires afin de développer et d’affiner des méthodes et d’outils d’analyse propices à une appréhension élargie des évolutions artistiques contemporaines dans des sociétés marquées par la diversité culturelle et linguistique, mais aussi par des tensions discriminatoires et des tendances hégémoniques (notamment dans le monde des arts).
Les contributions peuvent prendre la forme de réflexions théoriques et méthodologiques sur la notion complexe de postmigration dans le contexte des domaines scientifiques concernés (littérature, cinéma, culture, médias). Les études de cas issues de l’espace germanophone et francophone ou les analyses comparatives sont également les bienvenues. Les questions suivantes peuvent guider les réflexions et les approches méthodologiques (liste non exhaustive) :
- Comment la notion de postmigration peut-elle être conceptualisée ?
- Existe-t-il des corrélations entre la notion de générations postmigrantes et la définition d’une posture postmigrante dans les arts ?
- Que signifie la perspective postmigrante pour la création littéraire ou cinématographique ?
- Peut-on distinguer des caractéristiques esthétiques et/ou narratives spécifiques de la narration postmigrante ?
- Peut-on observer l’évolution de stratégies narratives postmigrantes dans des sociétés qui, selon la définition de Naika Foroutan, ne peuvent être qualifiées de postmigrantes ?
- Quelle est la valeur particulière du concept de postmigration dans les études littéraires et cinématographiques ?
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Bibliographie indicative
Cramer, Rahel / Schmidt, Jara / Thiemann, Jule, Postmigrant Turn. Postmigration als kulturwissenschaftliche Analysekategorie, Berlin, Neofelis, 2023.
Foroutan, Naika, „Die postmigrantische Perspektive. Aushandlungsprozesse in pluralen Gesellschaften“, in: Hill, Marc / Yıldız, Erol (ed.), Postmigrantische Visionen. Erfahrungen – Ideen – Reflexionen, Bielefeld, transcript, 2018, 15-27.
Foroutan, Naika, Die postmigrantische Gesellschaft: Ein Versprechen der pluralen Demokratie, Bielefeld, transcript, 2019.
Gaonkar, Anna Meera, et al. (ed.), Postmigration: Art, Culture, and Politics in Contemporary Europe, Bielefeld, transcript, 2021.
Geiser, Myriam, Der Ort transkultureller Literatur in Deutschland und in Frankreich. Deutsch-türkische und frankomaghrebinische Literatur der Postmigration, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2015.
Hill, Marc / Yıldız, Erol (ed.), Nach der Migration. Postmigrantische Perspektiven jenseits der Parallelgesellschaft, Bielefeld, transcript, 2015.
Hodaie, Nazli / Hofmann, Michael (ed.), Postmigrantische Literatur. Grundlagen, Analysen, Positionen, Berlin, Metzler, 2024.
Kleppinger, Kathryn / Reeck, Laura (ed.), Post-Migratory Cultures in Postcolonial France, Liverpool University Press, 2018.
Kopf, Martina, „Postmigration – Changer le regard sur la migration ?“, in: Benucci, Alessandro et al. (ed.), L’Europe transculturelle dans le monde global / Transcultural Europe in the Global World, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre 2023, 71-86.
Petersen, Anne Ring (ed.), Postmigration, Transculturality and the Transversal Politics of Art, New York, Routledge, 2023.
Schmidt, Jara / Thiemann, Jule, „Postmigration als Analysekategorie. Ansätze einer kulturwissenschaftlich ausgerichteten Literaturwissenschaft“, in : Textpraxis Sonderausgabe # 7 (2023/2) 2023a, 2, DOI : 10.17879/19958485281.
Schramm, Moritz, et al. (ed.), Reframing Migration, Diversity and the Arts: The Postmigrant Condition, New York/Londres, Routledge, 2019.
Sievers, Wiebke, Postmigrantische Literaturgeschichte, Von der Ausgrenzung bis zum Kampf um gesellschaftliche Veränderung, Bielefeld, transcript, 2024.
Siouti, Irina / Spies, Tina (ed.), Othering in der postmigrantischen Gesellschaft. Herausforderungen und Konsequenzen für die Forschungspraxis, Bielefeld, transcript, 2022.
Vitali, Ilaria (ed.), Intrangers : post-migration et nouvelles frontières de la littérature beur, Louvain-la-Neuve, Academia/L’Harmattan, 2011.
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Modalités de soumission d’une proposition :
Les propositions de contributions rédigées en français, en allemand ou en anglais comprenant un titre, un résumé de 500 mots maximum, une brève bio-bibliographie de l’auteur/de l’autrice, son adresse électronique et son rattachement institutionnel, sont à adresser avant le 30 novembre 2025 aux adresses suivantes : myriam.geiser@univ-grenoble-alpes.fr et marina.hertrampf@uni-passau.de
Calendrier :
– date limite de la soumission de la proposition : avant le 30 novembre 2025 ;
– notification d’acceptation : avant le 30 décembre 2025 ;
– envoi des contributions mises en forme selon les normes éditoriales de la revue ILCEA: avant le 30 avril 2026.
La longueur de l’article est au maximum de 50 000 signes (notes, bibliographie, résumés et espaces compris). Les contributions anonymisées seront examinées au fil de l’eau par deux experts et le retour sera fait aux auteurs/autrices avant le 30 septembre 2026. La mise en ligne du numéro est prévue en mai 2027.
Revue ILCEA : https://journals.openedition.org/ilcea/
Comité éditorial :
Myriam Geiser (Université Grenoble Alpes, CERAAC, ILCEA4) et Marina Ortrud Hertrampf (Université de Passau, Allemagne)
1.14 Terrorismes, contre-terrorismes et antiterrorismes dans l’Europe actuelle (des années 1960 à nos jours) : internationalisation, circulations et représentations (Grenoble)
- Date de tombée (deadline) : 01 Décembre 2025
- À : Université Grenoble-Alpes
Terrorismes, contre-terrorismes et antiterrorismes dans l’Europe actuelle (des années 1960 à nos jours) : internationalisation, circulations et représentations
23-24 avril 2026
Université Grenoble-Alpes – Campus de Saint-Martin-d’Hères
Organisation :
- David Crémaux-Bouche (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
- Mariana Dominguez Villaverde (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
- Marie Mianowski (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-LISCA)
- Matteo Re (Universidad Rey Juan Carlos).
Depuis la fin des années 1960, l’Europe a connu une succession de vagues terroristes dont chacune a donné naissance à des réponses étatiques et internationales déterminantes pour l’évolution conjointe de la sécurité et des libertés. Lors de ce colloque, nous souhaitons examiner les modalités et les conséquences de l’action terroriste, mais aussi de l’imbrication des pratiques antiterroriste (politiques publiques, cadres juridiques, prévention) et contreterroriste (actions opérationnelles, militaires ou policières) visant à l’endiguer dans des sociétés n’étant pourtant pas frappées par la guerre. Il s’agira d’analyser la manière dont ces deux registres d’action se redéfinissent mutuellement, et repoussent sans cesse les frontières de l’intervention politique, militaire, policière et juridique à l’échelle européenne depuis la seconde moitié du XXᵉ siècle (Hoffman, 2004).
En complément de cette approche politique et institutionnelle, le colloque entend également ouvrir la réflexion aux représentations, effets sociaux, mémoriels et médiatiques de ces phénomènes. Il s’agira notamment d’interroger les récits produits autour du terrorisme et de sa répression, les formes de médiatisation des attentats comme des réponses sécuritaires, les usages publics du passé qui en découlent, ainsi que la manière dont les traumatismes individuels et collectifs – notamment ceux des victimes – sont pris en charge, représentés ou, au contraire, occultés. À travers cette articulation entre analyse des dispositifs et attention portée aux expériences humaines et à leurs représentations, nous visons à une compréhension globale, critique et interdisciplinaire des logiques à l’œuvre dans les dynamiques terroristes, contreterroristes et anti-terroristes en Europe.
Ayant connu une internationalisation précoce (González Calleja, 2013), les actions terroristes, contre-terroristes et antiterroristes s’inscrivent également dans les nouvelles dynamiques spatiales qui se déploient dès la seconde moitié du XXème siècle (Mazzella, 2014) et contribuent à redéfinir les configurations des relations internationales (Raflik, 2016).
Bien qu’il soit couramment mobilisé, le terme « terrorisme » est loin de constituer une catégorie conceptuelle stable et reste aujourd’hui encore un objet de controverse. Plus de 109 définitions universitaires et officielles ont pu être recensées (Schmid et Jongman, 1988), et les tentatives ultérieures de clarification menées par Gaizka Fernández Soldevilla (2021), Bruce Hoffman (2004) ou Timothy Garton Ash (2001) soulignent la persistance de désaccords qu’il s’agisse des acteurs concernés, des motivations invoquées ou du statut de la violence d’État. Toutefois, quelques points font consensus : l’usage ou la menace d’une violence préméditée, à visée stratégique, destinée à atteindre un public plus large que les victimes immédiates. Parce que ces divergences ne sont jamais neutres mais reflètent des enjeux politiques, juridiques et symboliques, le colloque invite les contributeurs et contributrices à questionner les (dé)limitations du concept, ses usages situés et ses effets performatifs.
Afin de saisir la complexité de ces dynamiques, il importe de distinguer, dès l’amorce de notre réflexion, deux registres souvent confondus : l’antiterrorisme et le contre-terrorisme. Cette distinction n’est pas seulement terminologique : elle est décisive pour comprendre les transformations que leur imbrication induit dans les régimes démocratiques (Hodge Dupré, 2024). On entendra par antiterrorisme les politiques publiques, dispositifs juridiques et stratégies de prévention à long terme mis en œuvre dans le cadre légal des États de droit (Sheehan, 2007; Marcos, 2014). De son côté, le contre-terrorisme désigne l’ensemble des dispositifs, des actions et des stratégies – étatiques ou paraétatiques – mis en œuvre dans le but de contenir, neutraliser ou éradiquer l’activité terroriste. Il s’agit donc d’une réponse organisée à une forme spécifique de violence politique, et cette réponse peut à son tour emprunter des modalités variées : depuis les mécanismes de renseignement, de surveillance et de sécurisation jusqu’à l’action militaire ou policière directe. Toutefois, dans certaines configurations historiques, le contre-terrorisme a parfois pris la forme de pratiques illégales ou clandestines (Marcos, 2014; Rivas; 2013, Casals, 2020).
Dans le cadre de ce colloque, nous proposons de penser l’histoire contemporaine du terrorisme en Europe à l’aune des vagues successives qui ont marqué son évolution depuis les années 1960, en insistant tout particulièrement sur la troisième vague, la période de transition post-Guerre froide, et la quatrième vague, actuellement en cours, dans la typologie de David C. Rapoport (2004). Loin de constituer des moments cloisonnés ou exclusifs, ces séquences doivent être saisies dans leurs effets de continuité, de mutation et de superposition et leurs ramifications à travers une lecture à la fois historique, géopolitique et culturelle (Crenshaw, 1995; González Calleja, 2002, 2012).
À partir de la fin des années 1960, une « troisième vague » de terrorisme émerge en Europe, portée par l’extrême gauche révolutionnaire (RAF en Allemagne, Brigate Rosse en Italie, GRAPO en Espagne), influencée par le marxisme, les luttes anticoloniales et les mouvements étudiants. Ces groupes transnationaux partagent manifestes, tactiques (détournements, enlèvements) et logistiques au-delà des frontières. Mais cette dynamique « globale » coexiste avec des violences enracinées dans des causes régionales, comme les nationalismes radicaux de l’ETA au Pays basque ou de l’IRA en Irlande du Nord (et ses rivaux loyalistes UVF-UDA), qui puisent leur légitimité dans des mémoires locales. Des mouvements d’extrême droite émergent également (Ordine Nuovo et, à une période ultérieure, Nuclei Armati Rivoluzionari, Batallón Vasco Español, GAL), qui pratiquent le terrorisme de masse, le spontanéisme armé ou le terrorisme antiterroriste (Panvini, 2009 ; Rios et Gago, 2025 ; English, 2006).
Face à cette pluralité de menaces, les États combinent la prévention nationale (lois exceptionnelles, contrôles aux frontières) avec le contre-terrorisme transnational, par des échanges de connaissances entre polices et services de renseignement. Peut-on donc affirmer que les pratiques utilisées contre l’ETA ou l’IRA (écoutes, infiltrations, unités spéciales) ont été rapidement adaptées pour lutter contre les Brigades rouges ou la RAF ? Ce croisement a-t-il renforcé l’européanisation des dispositifs de sécurité ?
Dans les années 1990, la chute du bloc soviétique et la montée en puissance des services de sûreté entraînent la dissolution ou l’affaiblissement de nombreux groupes armés. Toutefois, les réseaux, les mémoires et les savoir-faire clandestins survivent et irriguent d’autres causes. Les États consolident une réponse transnationale avec la création d’Europol (1993), le mandat d’arrêt européen, ou les bases de données comme SIS et Eurodac. Cette architecture sert à affronter une nouvelle menace : le djihadisme global.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la « quatrième vague » de terrorisme djihadiste, dominée d’abord par Al-Qaïda puis, à partir des années 2010, par l’État islamique, a profondément reconfiguré le paysage de la violence en Europe. Cette menace opère à l’échelle mondiale tout en frappant localement (banlieues parisiennes, Midlands britanniques, Catalogne industrielle). Initialement centralisée et pyramidale, avec des commandos coordonnés qui exploitent des infrastructures comme les transports en commun, la menace s’est diversifiée à partir des révolutions arabes et du conflit syro-irakien. L’État islamique utilise les réseaux sociaux pour former, financer et activer des cellules locales, encourageant aussi des attaques isolées menées par des individus. Cette forme polymorphe de violence est nourrie par la mobilisation de « foreign fighters » et entre parfois en résonance ou rivalise avec les mémoires locales de conflits anciens (De la Corte, 2006).
Les attentats sur le sol européen aux modes d’action évolutifs (Madrid en 2004, Londres en 2005, puis Paris et Copenhague en 2015, Nice et Bruxelles en 2016, Stockholm et Barcelone en 2017, Vienne en 2020…) ravivent en effet les mémoires de violences antérieures ; dans des régions comme l’Irlande du Nord ou le Pays basque, la rhétorique djihadiste entre en tension ou en hybridation avec les récits nationalistes résiduels. Parallèlement, certains groupes ultranationalistes ou néofascistes reprennent les codes médiatiques du djihadisme (vidéos, propagande en ligne), tandis que les dispositifs antiterroristes s’appliquent indistinctement aux menaces locales et globales.
Ces vagues d’attaques ont entraîné un renforcement continu des dispositifs sécuritaires européens et des Etats : surveillance numérique, programmes de déradicalisation, gel des avoirs, bases de données biométriques, Passenger Name Record (PNR), débats sur l’avenir de Schengen. Pourtant, les réponses strictement nationales sont souvent dépassées face à cette menace numérique, transnationale, qui évolue rapidement et de manière imprévisible.
Enfin, au fil de vingt ans d’interactions entre niveaux local et global, entre mouvements de lutte radicale et réponses étatiques, le terrorisme a profondément reconfiguré la violence politique en Europe, tout en posant un défi permanent pour concilier prévention, réaction et respect des libertés publiques. Présenter ainsi l’histoire des violences politiques révèle à la fois la circulation verticale des pratiques (des acteurs locaux aux réseaux mondiaux) et l’interconnexion des réponses étatiques à travers les pays. Cela invite à réfléchir à la manière dont les différentes vagues de terrorisme global influencent les modes d’action des groupes régionaux, comment l’interaction entre antiterrorisme et contre-terrorisme génère des dispositifs qui se diffusent, se renforcent ou s’adaptent selon les contextes nationaux, et comment ces dynamiques imbriquées laissent des traces durables en droit, mémoire et représentations collectives.
L’étude à différentes échelles permet aussi de saisir une structuration d’espaces transnationaux de la violence, reposant sur des alliances idéologiques, des réseaux de soutien, et une circulation active des imaginaires (figures du guérillero, du révolutionnaire, du martyr, du traître) et des personnes (formation des militants). Cette structuration transnationale complexe oblige les États à développer des politiques de contre-terrorisme inédites : spécialisées, militarisées, parfois extrajudiciaires (Avilés, Azcona et Re, 2019; Baby, 2013; González Calleja, 2018; Crenshaw, 1995). Parallèlement, à chaque cycle de violence correspond une bataille discursive où le choix des mots devient un enjeu politique tout en ayant un impact social certain. Étudier l’étymologie ou l’usage de termes aussi forts (attentat, conflit, guerre, terrorisme…)[1] et suivre les inflexions de ce lexique dans la presse, le droit ou les arts permet de mesurer comment se reconfigurent les lignes de légitimation et de délégitimation au fil du temps. L’analyse comparative des vocabulaires éclairera ainsi la manière dont les sociétés européennes nomment, encadrent et finalement transforment les violences politiques.
Ainsi, ce colloque se propose également d’explorer les héritages durables à la fois dans les échanges transnationaux, dans les discours et dans les politiques publiques. Nous analyserons enfin comment les multiples formes de représentation – du récit officiel de l’État au contre-récit des victimes– façonnent les légitimités, alimentent mythes et stéréotypes, influencent la fabrique des lois d’exception et modèlent les perceptions collectives de la menace et de la réponse.
Axes de travail :
1) Internationalisation, espaces transnationaux et circulations
Dans le cadre historique de la mondialisation et du développement des mobilités, nous pourrons proposer des analyses du terrorisme, du contre-terrorisme et de l’anti-terrorisme dans la perspective des relations internationales (Raflik, 2016), des phénomènes transnationaux et des nouvelles configurations spatiales liées aux déplacements (Wilner, 2018) :
- Les mobilités transfrontalières : les déplacements des militants à travers les frontières, les itinéraires empruntés, ainsi que la formation de réseaux et d’espaces transnationaux.
- La circulation des idées et des pratiques : la diffusion d’idéologies, le transfert et l’évolution des modes d’action, ainsi que les échanges matériaux, de langage et de pratiques au-delà des frontières ou à travers les dynamiques de mobilité.
- Les implications internationales : la présence d’organisations au-delà de leurs États d’origine, ainsi que l’implication d’autres pays dans les processus de paix et de trêve ; la reconnaissance ou la désignation de certaines de ces organisations sur les listes d’organisations terroristes.
2) Mémoire, patrimonialisation et justice transitionnelle
Par ailleurs, ce colloque s’intéressera à la façon dont les sociétés européennes prennent acte de la fin du terrorisme ainsi que du contre-terrorisme et construisent des récits mémoriels :
- les projets de musées et les expositions proposées par ces centres,
- les lois de reconnaissance, de réparation et de protection des victimes,
- l’ouverture des archives et la mise à disposition des fonds documentaires,
- les enjeux liées à une mémoire dite « officielle » ou institutionnalisée dans la phase « post-conflit » : l’enseignement scolaire, les commémorations, la mise en place de « lieux de mémoire » (monuments, plaques, noms des rues), mémoire des témoins
3) Représentations médiatiques et culturelles
Les processus discursifs et de mise en récit jouent un rôle déterminant dans la perception du terrorisme créant parfois des récits concurrents, sortes de « batailles pour le récit ». En ce sens, toute tentative de représentation du terrorisme engage nécessairement une bataille sur le terrain sémantique, où la qualification même des actes violents devient un enjeu idéologique majeur.
Il conviendra dès lors d’analyser les représentations élaborées et relayées à travers différents dispositifs discursifs ou médiatiques, tels que :
- les médias (presse, télévision, réseaux sociaux, sites d’information en ligne),
- les séries et documentaires,
- la bande dessinée et le roman graphique,
- la littérature,
- le cinéma,
- les arts urbains et le street art,
- la musique dans ses différents genres,
- les podcasts et web-documentaires
4) Victimes et traumas de la violence terroriste
Ce quatrième axe propose de recentrer l’analyse sur l’expérience humaine, psychique et sociopolitique des violences terroristes. Il invite à interroger la définition problématique de la victime ainsi que les processus par lesquels certaines violences sont légitimées, d’autres disqualifiées, dans les sphères sociale, politique ou juridique (Eliacheff et Soulez-Larivière, 2007 ; Beristáin, 2006). Comment les sociétés européennes prennent-elles en charge (ou non) ces souffrances ? Quelles catégories, quels récits et quelles pratiques de réparation façonnent aujourd’hui les rapports entre justice, mémoire et résilience ?
Afin de répondre à ces questions, les propositions pourront examiner des thématiques telles que :
- Expériences et récits de violence (témoignages, biographies, autobiographies, archives orales…)
- Reconnaissance institutionnelle, réparation et justice (cadres législatifs, dispositifs d’indemnisation, place des victimes dans les procès antiterroristes…)
- La question du deuil, du trauma et leur transmission sur plusieurs générations
- Mobilisations, arts et résilience collective (Arts visuels, littérature, performances, dispositifs numériques comme vecteurs de « mémoire-témoin » et de reconstruction, pratiques d’art-thérapie et initiatives communautaires favorisant la résilience)
Nous encourageons des approches pluridisciplinaires (histoire, sociologie, sciences politiques, géographie, études littéraires et culturelles…).
Modalités de soumission :
– Langues possibles d’intervention : français, anglais, espagnol, italien.
– La proposition sera à envoyer à colloque-terrorisme-2026@univ-grenoble-alpes.fr avant le 1er décembre 2025 et elle comprendra : 1) Un titre ; 2) un résumé de la communication (environ 300 mots) ; 3) Une présentation bio-bibliographique.
– Le colloque se tiendra exclusivement en présentiel. Les communications auront une durée de 20 min pour favoriser les échanges.
– Frais d’inscription : 30 euros.
Le colloque donnera lieu à une publication selon des modalités encore à déterminer.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
Avilés, Juan, Azcona, José Manuel, et Re, Matteo (eds.), Después del 68: la deriva terrorista en Occidente, Madrid, Sílex, 2019
Baby, Sophie, Le mythe de la transition pacifique, Casa de Velázquez, 2013
Beristáin, Antonio, Macrovíctimas del terrorismo, Bilbao, Universidad de Deusto, 2006.
Casals, Xavier, « El terrorismo parapolicial y de ultraderecha en la Transición: entre la argelinización, la argentinización y la italianización », en Fernández Soldevilla, Gaizka y Jiménez, María (coord.), 1980. El terrorismo contra la Transición. Madrid, Tecnos, págs. 169201, 2020.
Crenshaw, Martha, Terrorism in context, Pennsylvania State University Press, 1995
Dawson, Graham, Trauma, Memory, Politics: The Irish Troubles, London, Routledge, 2017, 180-204
De la Corte, Luis, La lógica del terrorismo, Madrid, Alianza, 2006.
Derrida, Jacques et Hubermas, Jürgen, Le concept du 11 septembre: Dialogues à New York (octobre-décembre 2001), Paris, Galilée, 2004.
English, Richard, Irish Freedom: The History of Nationalism in Ireland, 2006.
Fernández Soldevilla, Gaizka, El terrorismo en España: de ETA al Daesh, Madrid, Cátedra, 2021
Fernández Soldevilla, Gaizka, La voluntad del « gudari »: génesis y metástasis de la violencia de ETA, Madrid, Tecnos, 2016, p. 21
González Calleja, Eduardo, Guerras no ortodoxas. La “estrategia de la tensión” y las redes de terrorismo neofascista, Madrid, Catarata, 2018
González Calleja, Eduardo, El laboratorio del miedo. Una historia general del terrorismo, de los sicarios a Al Qa’ida, Barcelona, Crítica, 2013
González Calleja, Eduardo, El terrorismo en Europa, Madrid, Arco Libros, 2002
Hodge Dupré, Eduardo, Antiterrorismo y contraterrorismo en América latina: Argentina, Brasil y México ante la presencia del terrorismo islámico global, thèse de doctorat en relations internationales soutenue à l’Universidad Nacional de la Plata (Argentina) en 2024.
Hoffman, Bruce, “The Changing Face of Al Qaeda and the Global War on Terrorism”, Studies in Conflict & Terrorism, 27(6), 2004, 549–560.
Louvet, Marie-Violaine. “Les Troubles et le conflit au Moyen-Orient: alliances coloniales et solidarité transnationale.” Revue Française de Civilisation Britannique. French Journal of British Studies XXIX-2 (2024).
Louvet, Marie-Violaine. The Irish Against the War: Postcolonial Identity and Political Activism in Contemporary Ireland. Peter Lang, 2024.
Panvini, Guido, Ordine nero, guerriglia rossa, Torino, Einaudi, 2009
Raflik, Jenny, Terrorisme et mondialisation. Approches historiques, Paris, Gallimard, 2016.
Rapoport, D. C, “The four waves of modern terrorism”, in Cronin, A. K. y Ludes, J. M. (eds.), Attacking terrorism. Georgetown University Press, 2004.
Ríos, Jerónimo et Gago, Egoitz, El terrorismo de Estado ante sus víctimas: Conversaciones a propósito de los GAL, Gijón, Trea, 2025.
Sanchez-Cuenca, Ignacio, “The dynamics of nationalist terrorism: ETA and the IRA”, Terrorism and Political Violence, 19, 2007, pp. 289-306.
Schmid, Alex, et Jongman, Albert, Political Terrorism: A New Guide to Actors, Amsterdam, Swidoc, 1988.
Soulez-Larivière, Daniel et Eliacheff, Caroline, Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007.
Stigler, Andrew et al., Attacking Terrorism: Elements of a Grand Strategy, Georgetown University Press, 2004.
Wilner, Alex S., “Transnational Terrorism”, in Hugo Meijer, and Marco Wyss (eds), The Handbook of European Defence Policies and Armed Forces, Oxford, 2018.
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Terrorismos, contraterrorismos y antiterrorismos en la Europa actual (desde los años sesenta hasta hoy): internacionalización, circulaciones y representaciones
23-24 de abril de 2026
Universidad Grenoble-Alpes – Campus de Saint-Martin-d’Hères
Organización:
David Crémaux-Bouche (Universidad Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
Mariana Dominguez Villaverde (Universidad Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
Marie Mianowski (Universidad Grenoble-Alpes, ILCEA4-LISCA)
Matteo Re (Universidad Rey Juan Carlos)
Desde finales de los años sesenta, Europa ha atravesado sucesivas oleadas terroristas, cada una de las cuales ha dado lugar a respuestas estatales e internacionales determinantes para la evolución de la seguridad y las libertades. Este coloquio propone analizar tanto las modalidades como las consecuencias de la acción terrorista, pero también la imbricación de las prácticas antiterroristas (políticas públicas, marcos jurídicos, prevención) y contraterroristas (acciones operativas, militares o policiales) destinadas a contenerla en sociedades que, sin embargo, no están afectadas por la guerra. Se trata de examinar cómo estos dos registros de acción se redefinen mutuamente y desplazan constantemente las fronteras de la intervención política, militar, policial y jurídica a escala europea desde la segunda mitad del siglo XX (Hoffman, 2004).
Además de este enfoque político e institucional, el coloquio también pretende abrir la reflexión a las representaciones, los efectos sociales, la memoria y los medios de comunicación vinculados a estos fenómenos. Se trata, en particular, de interrogar los relatos que se producen en torno al terrorismo y su represión, las formas de mediatización tanto de los atentados como de las respuestas securitarias, los usos públicos del pasado que de ellos se derivan, así como la manera en que los traumas individuales y colectivos —especialmente los de las víctimas— son gestionados, representados o, por el contrario, silenciados. A través de esta articulación entre el análisis de los dispositivos y la atención a las experiencias humanas y sus representaciones, buscamos alcanzar una comprensión global, crítica e interdisciplinar de las lógicas que operan en las dinámicas terroristas, contraterroristas y antiterroristas en Europa.
Las acciones terroristas y contraterroristas, marcadas por una temprana internacionalización (González Calleja, 2013), se inscriben asimismo en las nuevas dinámicas espaciales que emergen a partir de la segunda mitad del siglo XX (Mazzella, 2014) y contribuyen a modificar las configuraciones de las relaciones internacionales (Raflik, 2016).
Aunque el término “terrorismo” se utiliza con frecuencia, está lejos de ser una categoría conceptual estable y sigue siendo objeto de debate. Se han llegado a identificar más de 109 definiciones académicas e institucionales (Schmid y Jongman, 1988), y los intentos posteriores por aclarar el concepto, como los de Timothy Garton Ash (2001), Bruce Hoffman (2004) o Gaizka Fernández Soldevilla (2021), muestran que persisten desacuerdos importantes, ya sea en cuanto a los actores implicados, las motivaciones invocadas o el estatus de la violencia de Estado. No obstante, hay cierto consenso en torno a los aspectos esenciales : el uso o la amenaza de una violencia premeditada, con una finalidad estratégica, orientada a impactar una audiencia más amplia que las propias víctimas directas. Dado que estas divergencias no son neutras, sino que reflejan cuestiones políticas, jurídicas y simbólicas, este coloquio invita a los y las participantes a reflexionar en torno a la delimitación del concepto, a sus usos contextualizados y a sus efectos performativos.
Para abordar la complejidad de estas dinámicas, es importante distinguir, desde el principio, dos planos que a menudo se confunden: el antiterrorismo y el contraterrorismo. Esta distinción no es solo terminológica, sino que es decisiva para comprender las transformaciones que su imbricación induce en los regímenes democráticos (Hodge Dupré, 2024). Por antiterrorismo entendemos el conjunto de políticas públicas, dispositivos jurídicos y estrategias de prevención a largo plazo implementadas dentro del marco legal de los Estados de derecho (Sheehan, 2007; Marcos, 2014). El contraterrorismo, por su parte, hace referencia al conjunto de dispositivos, acciones y estrategias —estatales o paraestatales— destinadas a prevenir, contener, neutralizar o eliminar la actividad terrorista. Se trata, por tanto, de una respuesta organizada ante una forma específica de violencia política, que puede adoptar modalidades muy diversas: desde mecanismos de inteligencia, vigilancia y control, hasta intervenciones directas de tipo militar o policial. En determinados contextos históricos, sin embargo, el contraterrorismo ha adoptado también formas ilegales o clandestinas (Marcos, 2014; Rivas, 2013; Casals, 2020).
En el marco de este coloquio, proponemos abordar la historia contemporánea del terrorismo en Europa a través del análisis de las sucesivas olas que han marcado su evolución desde los años sesenta, prestando especial atención a la tercera ola, la etapa de transición tras la Guerra Fría, y a la cuarta ola, actualmente en curso, según la tipología de David C. Rapoport (2004). Lejos de entenderse como momentos estancos o excluyentes, estas secuencias deben analizarse desde una perspectiva que tenga en cuenta sus continuidades, transformaciones y superposiciones, así como sus ramificaciones a través de una lectura a la vez histórica, geopolítica y cultural (Crenshaw, 1995; González Calleja, 2002, 2012).
Desde finales de los años sesenta, emerge en Europa una “tercera ola” de terrorismo impulsada por la extrema izquierda revolucionaria (RAF en Alemania, Brigate Rosse en Italia, GRAPO en España), influida por el marxismo, las luchas anticoloniales y los movimientos estudiantiles. Estos grupos transnacionales comparten manifiestos, tácticas (secuestros, desvío de aviones) y redes logísticas que traspasan fronteras. Pero esta dinámica de dimensión “global” convive con formas de violencia enraizadas en causas regionales, como los nacionalismos radicales de ETA en el País Vasco o del IRA en Irlanda del Norte (y sus rivales lealistas, UVFUDA), que encuentran su legitimidad en memorias locales. También surgen movimientos de extrema derecha (Ordine Nuovo y, en una etapa posterior, Nuclei Armati Rivoluzionari, Batallón Vasco Español, GAL), que practican el terrorismo de masas, el espontaneísmo armado o el terrorismo antiterrorista (Panvini, 2009; Rios y Gago, 2025; English, 2006).
Frente a esta pluralidad de amenazas, los Estados combinan la prevención nacional (leyes excepcionales, controles fronterizos) con el contraterrorismo transnacional, mediante el intercambio de información entre policías y servicios de inteligencia. ¿Podemos, entonces, afirmar que las prácticas utilizadas contra ETA o el IRA (escuchas, infiltraciones, unidades especiales) fueron adaptadas rápidamente para combatir a las Brigadas Rojas o a la RAF?[2] ¿Este cruce de métodos ha reforzado la europeización de los dispositivos de seguridad?”
En los años noventa, la caída del bloque soviético y el fortalecimiento de los servicios de seguridad conllevan la disolución o debilitamiento de numerosos grupos armados. Sin embargo, sus redes, memorias y saberes clandestinos sobreviven y alimentan nuevas causas.
Los Estados consolidan una respuesta transnacional con la creación de Europol (1993), el mandato de detención europeo, o bases de datos como el SIS o Eurodac. Esta arquitectura se convierte en una herramienta para hacer frente a una amenaza emergente: el yihadismo global.
Desde los atentados del 11 de septiembre de 2001, la llamada “cuarta ola” del terrorismo yihadista —primero encabezada por Al Qaeda y, desde la década de 2010, por el Estado islámico— ha transformado profundamente el panorama de la violencia en Europa. Se trata de una amenaza global que actúa localmente (en suburbios parisinos, Midlands británicos, o zonas industriales de Cataluña). Inicialmente estructurada de forma centralizada y piramidal, con comandos coordinados que atacaban infraestructuras como el transporte público, esta amenaza se diversifica a partir de las revoluciones árabes y del conflicto sirio-iraquí. El Estado Islámico recurre a las redes sociales para formar, financiar y activar células locales, al tiempo que promueve ataques individuales perpetrados por actores aislados. Esta forma polimorfa de violencia se alimenta de la movilización de foreign fighters y, en ocasiones, entra en resonancia o compite con las memorias locales de antiguos conflictos (De la Corte, 2006).
Los atentados cometidos en suelo europeo, con modos de acción en constante evolución (Madrid en 2004, Londres en 2005, después París y Copenhague en 2015, Niza y Bruselas en 2016, Estocolmo y Barcelona en 2017, Viena en 2020…), reactivan de hecho las memorias de violencias pasadas. En regiones como Irlanda del Norte o el País Vasco, la retórica djihadista entra en tensión o se hibrida con los relatos nacionalistas residuales. Paralelamente, algunos grupos ultranacionalistas o neofascistas retoman los códigos mediáticos del yihadismo (vídeos, propaganda en línea), mientras que los dispositivos antiterroristas se aplican de forma indistinta a las amenazas locales y globales.
Estas oleadas de atentados han provocado un refuerzo constante de los dispositivos de seguridad tanto a nivel europeo como estatal: vigilancia digital, programas de desradicalización, congelación de activos, bases de datos biométricas, registros de nombres de pasajeros (PNR), debates sobre el futuro del espacio Schengen. Sin embargo, las respuestas estrictamente nacionales a menudo se ven superadas ante una amenaza digital, transnacional, que evoluciona de forma rápida e impredecible.
A lo largo de veinte años de interacción entre lo local y lo global, entre movimientos radicales y respuestas estatales, el terrorismo ha reconfigurado profundamente la violencia política en Europa, planteando a la vez un desafío constante: cómo conciliar la prevención, la reacción y el respeto a las libertades públicas. Abordar así la historia de las violencias políticas permite observar tanto la circulación vertical de las prácticas (de actores locales a redes globales) como la interconexión de las respuestas estatales entre países. Esto invita a reflexionar sobre cómo las distintas oleadas de terrorismo global influyen en los modos de acción de los grupos regionales, cómo la interacción entre antiterrorismo y contraterrorismo genera dispositivos que se difunden, se refuerzan o se adaptan según los contextos nacionales, y cómo estas dinámicas entrelazadas dejan huellas duraderas en el derecho, la memoria y las representaciones colectivas.
El análisis a distintas escalas permite también identificar la configuración de espacios transnacionales de violencia, basados en alianzas ideológicas, redes de apoyo y una circulación activa de imaginarios (la figura del guerrillero, del revolucionario, del mártir, del traidor) y de personas (formación de militantes). Esta compleja estructuración transnacional obliga a los Estados a desarrollar políticas de contraterrorismo inéditas: especializadas, militarizadas y, en ocasiones, extrajudiciales (Avilés, Azcona y Re, 2019; Baby, 2013; González Calleja, 2018; Crenshaw, 1995). Paralelamente, cada ciclo de violencia se acompaña de una batalla discursiva en la que la elección de las palabras se convierte en un asunto político con un impacto social considerable. Estudiar la etimología o el uso de términos cargados de sentido (atentado, conflicto, guerra, terrorismo)[3] y seguir las inflexiones de ese léxico en la prensa, el derecho o las artes permite analizar cómo se reconfiguran las fronteras de la legitimación y la deslegitimación a lo largo del tiempo. El análisis comparado del vocabulario ayuda así a comprender cómo las sociedades europeas nombran, delimitan y, en última instancia, transforman las violencias políticas.
Por tanto, este coloquio se propone asimismo explorar los legados duraderos tanto en los intercambios transnacionales como en los discursos y en las políticas públicas. Por último, analizaremos cómo las múltiples formas de representación – desde el relato oficial del Estado hasta los contra-relatos de las víctimas – modelan las legitimidades, alimentan mitos y estereotipos, influyen en la elaboración de leyes de excepción y conforman las percepciones colectivas sobre la amenaza y la respuesta.
Ejes de trabajo:
1) Internacionalización, espacios transnacionales y circulaciones
En el marco histórico de la globalización y del desarrollo de las movilidades, se propone abordar el terrorismo desde la perspectiva de las relaciones internacionales (Raflik, 2016), de los fenómenos transnacionales y de las nuevas configuraciones espaciales vinculadas a los desplazamientos (Wilner, 2018):
- las movilidades transfronterizas: los desplazamientos de militantes a través de las fronteras, los itinerarios recorridos, así como la formación de redes y espacios transnacionales.
- la circulación de ideas y prácticas: la difusión de ideologías, el traslado y la evolución de los modos de acción, así como los intercambios materiales, lingüísticos y de prácticas más allá de las fronteras o a través de dinámicas de movilidad.
- las implicaciones internacionales: la presencia de organizaciones fuera de sus Estados de origen, así como la implicación de terceros países en procesos de paz y de tregua; el reconocimiento o la inclusión de determinadas organizaciones en las listas de entidades terroristas.
2) Memoria, patrimonialización y justicia transicional
Este coloquio también se interesa por cómo las sociedades europeas asumen el final del terrorismo y construyen relatos memoriales:
- los proyectos museísticos y las exposiciones impulsadas por estos centros,
- las leyes de reconocimiento, reparación y protección de las víctimas,
- la apertura de archivos y la puesta a disposición de fondos documentales,
- los desafíos ligados a una memoria denominada “oficial” o institucionalizada en la fase “postconflicto”: la enseñanza escolar, las conmemoraciones, la creación de “lugares de memoria” (monumentos, placas, nombres de calles), la memoria de los testigos.
3) Representaciones mediáticas y culturales
Los procesos discursivos y narrativos desempeñan un papel clave en la percepción del terrorismo, generando a menudo relatos contrapuestos, verdaderas “batallas por el relato”. En este sentido, todo intento de representación del terrorismo conlleva necesariamente una pugna en el terreno semántico, donde la propia calificación de los actos violentos se convierte en un importante desafío ideológico.
Se tratará entonces de analizar las representaciones elaboradas y difundidas a través de distintos dispositivos discursivos o mediáticos, como:
- Los medios de comunicación (prensa, televisión, redes sociales, medios digitales),
- Las series y documentales,
- El cómic y la novela gráfica,
- La literatura,
- El cine,
- Las artes urbanas y el street art,
- La música en sus distintos géneros,
- Los pódcast y web-documentales.
4) Víctimas y traumas de la violencia terrorista
Este cuarto eje propone recentrar el análisis en la experiencia humana, psíquica y sociopolítica de las violencias terroristas. Invita a cuestionar la definición problemática de “víctima”, así como los procesos mediante los cuales ciertas violencias son legitimadas y otras deslegitimadas en las esferas social, política o jurídica (Eliacheff y Soulez-Larivière, 2007; Beristáin, 2006). ¿Cómo las sociedades europeas afrontan (o no) dichos sufrimientos? ¿Qué categorías, relatos y prácticas de reparación configuran hoy los vínculos entre justicia, memoria y resiliencia?
Para responder a estas preguntas, las propuestas podrán abordar temas como:
- experiencias y relatos de la violencia (testimonios, biografías, autobiografías, archivos orales…),
- reconocimiento institucional, reparación y justicia (marcos legislativos, mecanismos de indemnización, lugar de las víctimas en los juicios antiterroristas…),
- la cuestión del duelo, del trauma y su transmisión intergeneracional,
- movilizaciones, artes y resiliencia colectiva (artes visuales, literatura, performances, dispositivos digitales como vectores de “memoria-testigo” y reconstrucción, prácticas de arteterapia e iniciativas comunitarias que fomentan la resiliencia). se valorarán especialmente los enfoques multidisciplinares (historia, sociología, ciencia política, geografía, estudios literarios y culturales…).
Modalidades de presentación:
- Idiomas posibles para las intervenciones: francés, inglés, español, italiano.
- Las propuestas deberán enviarse a la dirección colloque-terrorisme-2026@univ-grenoble-alpes.fr antes del 1 de diciembre de 2025, e incluirán: 1) un título ; 2) un resumen de la comunicación (aproximadamente 300 palabras) ; 3) una breve presentación bio-bibliográfica.
- El coloquio se celebrará exclusivamente de forma presencial. Las comunicaciones tendrán una duración de 20 minutos, con el fin de favorecer el intercambio entre participantes.
- Cuota de inscripción: 30 euros.
El coloquio dará lugar a una publicación, cuyas modalidades se definirán más adelante.
BIBLIOGRAFIA INDICATIVA:
Avilés, Juan, Azcona, José Manuel, et Re, Matteo (eds.), Después del 68: la deriva terrorista en Occidente, Madrid, Sílex, 2019
Baby, Sophie, Le mythe de la transition pacifique, Casa de Velázquez, 2013
Beristáin, Antonio, Macrovíctimas del terrorismo, Bilbao, Universidad de Deusto, 2006.
Casals, Xavier, « El terrorismo parapolicial y de ultraderecha en la Transición: entre la argelinización, la argentinización y la italianización », en Fernández Soldevilla, Gaizka y Jiménez, María (coord.), 1980. El terrorismo contra la Transición. Madrid, Tecnos, págs. 169201, 2020.
Crenshaw, Martha, Terrorism in context, Pennsylvania State University Press, 1995
Dawson, Graham, Trauma, Memory, Politics: The Irish Troubles, London, Routledge, 2017,
180-204
De la Corte, Luis, La lógica del terrorismo, Madrid, Alianza, 2006.
Derrida, Jacques et Hubermas, Jürgen, Le concept du 11 septembre: Dialogues à New York (octobre-décembre 2001), Paris, Galilée, 2004.
English, Richard, Irish Freedom: The History of Nationalism in Ireland, 2006.
Fernández Soldevilla, Gaizka, El terrorismo en España: de ETA al Daesh, Madrid, Cátedra,
2021
Fernández Soldevilla, Gaizka, La voluntad del « gudari »: génesis y metástasis de la violencia de ETA, Madrid, Tecnos, 2016, p. 21
González Calleja, Eduardo, Guerras no ortodoxas. La “estrategia de la tensión” y las redes de terrorismo neofascista, Madrid, Catarata, 2018
González Calleja, Eduardo, El laboratorio del miedo. Una historia general del terrorismo, de los sicarios a Al Qa’ida, Barcelona, Crítica, 2013
González Calleja, Eduardo, El terrorismo en Europa, Madrid, Arco Libros, 2002
Hodge Dupré, Eduardo, Antiterrorismo y contraterrorismo en América latina: Argentina, Brasil y México ante la presencia del terrorismo islámico global, thèse de doctorat en relations internationales soutenue à l’Universidad Nacional de la Plata (Argentina) en 2024.
Hoffman, Bruce, “The Changing Face of Al Qaeda and the Global War on Terrorism”, Studies in Conflict & Terrorism, 27(6), 2004, 549–560.
Mazzella, Sylvie, Sociologie des migrations, Paris, Presses universitaires de France, 2025.
Panvini, Guido, Ordine nero, guerriglia rossa, Torino, Einaudi, 2009
Raflik, Jenny, Terrorisme et mondialisation. Approches historiques, Paris, Gallimard, 2016.
Rapoport, David C., Waves of global terrorism: from 1880 to the present, New York, Columbia University Press, 2022.
Ríos, Jerónimo et Gago, Egoitz, El terrorismo de Estado ante sus víctimas: Conversaciones a propósito de los GAL, Gijón, Trea, 2025.
Sanchez-Cuenca, Ignacio, “The dynamics of nationalist terrorism: ETA and the IRA”, Terrorism and Political Violence, 19, 2007, pp. 289-306.
Schmid, Alex, et Jongman, Albert, Political Terrorism: A New Guide to Actors, Amsterdam, Swidoc, 1988.
Soulez-Larivière, Daniel et Eliacheff, Caroline, Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007.
Stigler, Andrew et al., Attacking Terrorism: Elements of a Grand Strategy, Georgetown University Press, 2004.
Wilner, Alex S., “Transnational Terrorism”, in Hugo Meijer, and Marco Wyss (eds), The Handbook of European Defence Policies and Armed Forces, Oxford, 2018.
Terrorism, Counter-Terrorism and Anti-Terrorism in Contemporary Europe (1960s to the Present): Internationalisation, Circulation and Representations
23-24 avril 2026
Université Grenoble-Alpes – Campus de Saint-Martin-d’Hères
Organisation :
- David Crémaux-Bouche (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
- Mariana Dominguez Villaverde (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-CERHIS)
- Marie Mianowski (Université Grenoble-Alpes, ILCEA4-LISCA)
- Matteo Re (Universidad Rey Juan Carlos).
Since the late 1960s, Europe has experienced a succession of waves of terrorism, each of which has given rise to state and international responses that have had a decisive impact on the joint evolution of security measures and liberties. The aim of this conference is to examine the modalities and consequences of terrorist action, as well as the interweaving of anti-terrorist practices (public policies, legal frameworks, prevention) and counter-terrorist practices (operational, military or police actions) aimed at containing terrorism in societies which are not engaged in international warfare. The aim of this conference is to analyse the ways in which anti-terrorism and counter-terrorism have mutually redefined each other, while constantly reconfiguring the boundaries of political, military, police and legal interventions across the European continent from the second half of the 20th century onwards (Hoffman, 2004).
In addition to this political and institutional approach, the conference will also look into the representations, as well as the social and media effects of these phenomena. In particular, it will examine the narratives produced around terrorism and the ways in which terrorism is addressed : the forms of media coverage of attacks, as well as security responses, the resulting uses of the past in the media, and the way in which individual and collective trauma – particularly that of the victims – are dealt with, represented or, on the contrary, concealed. In questioning the mechanics of terrorism, anti-terrorism and counter-terrorism against the human experiences and their representations, we aim at understanding the logics at work in the dynamics of terrorism, counter-terrorism and anti-terrorism in Europe, from a global, critical and interdisciplinary perspective.
Terrorist, counter-terrorist and anti-terrorist actions have undergone internationalisation (González Calleja, 2013) from an early stage ; and yet they are also part of the new spatial dynamics that have been unfolding since the second half of the twentieth century (Mazzella, 2014) and contribute to reconfiguring international relations (Raflik, 2016).
Although it is commonly used, the term ‘terrorism’ is far from being a stable conceptual category and is still the subject of controversy. More than 109 academic and official definitions have been identified (Schmid and Jongman, 1988), and subsequent attempts at clarification by Gaizka Fernández Soldevilla (2021), Bruce Hoffman (2004) and Timothy Garton Ash (2001) have highlighted the persistence of disagreement over the actors involved, the motivations invoked and the status of state violence. However, there are a few points on which there is consensus: the use or threat of premeditated violence, with a strategic aim intended to reach a wider public than the immediate victims. Because these differences are never neutral but reflect political, legal and symbolic issues, the conference invites contributors to question the (de)limitations of the concept, its situated uses and its performative effects.
In order to grasp the complexity of these dynamics, it is important to distinguish, at the outset of our discussion, between two areas that are often confused: counter-terrorism and antiterrorism. This distinction is not merely terminological: it is decisive for understanding the transformations that their interweaving brings about in democratic regimes (Hodge Dupré, 2024). Counter-terrorism refers to public policies, legal provisions and long-term prevention strategies implemented within the legal framework of constitutional states (Sheehan, 2007; Marcos, 2014). Counter-terrorism, on the other hand, refers to all the measures, actions and strategies – whether state or para-state – implemented with the aim of containing, neutralising or eradicating terrorist activity. It is therefore an organised response to a specific form of political violence, and this response can in turn take a variety of forms: from intelligence, surveillance and security mechanisms, to direct military or police action.
As part of this conference, we propose to consider the contemporary history of terrorism in Europe in the light of the successive waves that marked its development since the 1960s, with particular emphasis on the third wave, the post-Cold War transition period, and the fourth wave, currently underway according to David C. Rapoport’s typology (2004). Far from constituting compartmentalised or exclusive moments, these sequences must be understood in terms of their effects of continuity, mutation and superimposition, and their ramifications through a reading that is at once historical, geopolitical and cultural (Crenshaw, 1995; González Calleja, 2002, 2012).
From the late 1960s onwards, a ‘third wave’ of terrorism emerged in Europe, driven by the revolutionary far left (RAF in Germany, Brigate Rosse in Italy, GRAPO in Spain) and influenced by Marxism, anti-colonial struggles and student movements. These transnational groups shared manifestos, tactics (hijackings, kidnappings) and logistics across borders. But this ‘global’ dynamic coexists with a form of violence rooted in regional causes, such as the radical forms of nationalism of the ETA in the Basque Country or the IRA in Northern Ireland (and its loyalist paramilitary rivals), which draw their legitimacy from local memories. Extreme right-wing movements also emerged (Ordine Nuovo and, at a later period, Nuclei Armati Rivoluzionari, Batallón Vasco Español, GAL), which practised mass terrorism, armed spontaneity or anti-terrorist terrorism (Panvini, 2009; Rios and Gago, 2025; English, 2006).
Faced with this multiplicity of threats, governments combine national prevention (exceptional laws, border controls) with transnational counter-terrorism, through exchanges of knowledge between police and intelligence services. In short, is it possible to say that the practices used against ETA or the IRA (eavesdropping, infiltration, special units) were adapted to combat the Red Brigades or the RAF? Did this cross-fertilisation reinforce the Europeanisation of security systems?
In the 1990s, the collapse of the Soviet block and the rise of the security services led to the dissolution or weakening of many armed groups. However, clandestine networks and knowhow survived in the memories and fed into other causes. States consolidated a transnational response with the creation of Europol (1993), the European arrest warrant, and databases such as SIS and Eurodac. This architecture was then used to tackle a new threat: global jihadism. Since the attacks of 11 September 2001, the “fourth wave” of jihadist terrorism, dominated first by al-Qaeda and then, from the 2010s, by the Islamic State, has profoundly reconfigured the landscape of violence in Europe. This threat operates on a global scale while striking locally (Paris suburbs, British Midlands, industrial Catalonia ). Initially centralised and pyramidal, with coordinated commandos exploiting infrastructures such as public transport, the threat has diversified since the Arab revolutions and the Syrian-Iraqi conflict. The Islamic State uses social networks to form, finance and activate local cells, while also encouraging isolated attacks by individuals. Attacks on the European soil with changing modes of action (Madrid 2004, London 2005, then Paris and Copenhagen in 2015, Nice and Brussels in 2016, Stockholm and Barcelona in 2017, Vienna in 2020…) revive memories of previous violence. In regions such as Northern Ireland or the Basque Country, the jihadist rhetoric has been hybridised with residual nationalist narratives. At the same time, certain ultra-nationalist or neo-fascist groups are adopting the media codes of jihadism (videos, online propaganda), while anti-terrorist measures apply indiscriminately to local and global threats.
These waves of attacks have led to a continuous strengthening of European and national security measures: digital surveillance, de-radicalisation programmes, asset freezes, biometric databases, Passenger Name Record (PNR), debates on the future of Schengen. However, strictly national responses are often outdated in the face of this digital, transnational threat, which evolves rapidly and unpredictably. Finally, after the two decades or so of interaction between local and global levels, radical movements and state responses, terrorism has profoundly reconfigured political violence in Europe, while posing an ongoing challenge to reconcile prevention, reaction and respect for civil liberties. Presenting the history of political violence in this way reveals both the vertical circulation of practices (from local actors to global networks) and the interconnection of state responses across countries. This simulates thinking about the ways in which the different waves of global terrorism have influenced the modes of action of regional groups, how the interaction between counter-terrorism and anti-terrorism have generated processes that have spread, strengthened or adapted themselves according to national contexts, and how these interwoven dynamics leave lasting traces in law, memory and collective representations. Studies at different levels also reveal the structuring of transnational spaces of violence, based on ideological alliances, support networks, and the active circulation of images (figures of the guerrilla, the revolutionary, the martyr, the traitor) and people (training of militants). This complex transnational structure has forced sStates to develop unprecedented counter-terrorism policies: specialised, militarised and sometimes extrajudicial (Avilés, Azcona and Re, 2019; Baby, 2013; González Calleja, 2018; Crenshaw, 1995). At the same time, each cycle of violence is accompanied by a discursive battle in which the choice of words becomes a political issue with a definite social impact. Studying the etymology or use of such powerful terms (attack, conflict, war, terrorism, etc.)[4] and following the inflections of this lexicon in the press, law and the arts will enable us to measure how the lines of legitimisation and delegitimisation are reconfigured over time. A comparative analysis of vocabulary will shed light on the way in which European societies name, frame and ultimately transform political
violence. This conference will also explore the lasting legacies of transnational exchanges, discourse and public policy. Finally, we will analyse how the many forms of representation – from the official state narrative to the victims’ counter-narratives – shape legitimacies, feed myths and stereotypes, influence the creation of emergency laws and shape collective perceptions of threat and response.
Themes
1) Internationalisation, transnational spaces and movement
Within the historical framework of globalisation and the development of mobility, terrorism, counter-terrorism and anti-terrorism will be addressed from the perspective of international relations (Raflik, 2016), transnational phenomena and new spatial configurations linked to movement (Wilner, 2018):
- Cross-border mobility: movement of activists across borders, routes taken, and formation of transnational networks and spaces.
- The circulation of ideas and practices: the dissemination of ideologies, the transfer and evolution of modes of action, as well as exchanges of materials, language and practices across borders or through the dynamics of mobility.
- International implications: the presence of organisations beyond their states of origin, as well as the involvement of other countries in peace and truce processes; the recognition or designation of some of these organisations on lists of terrorist organisations.
2) Memory, heritage and transitional justice
This conference will also look at the way in which European societies are taking note of the end of terrorism and counter-terrorism and constructing memorial narratives:
- museum projects and exhibitions,
- laws on recognition, reparation and protection of victims,
- the opening up of archives and the curating of documentary collections,
- issues relating to so-called ‘official’ or institutionalised remembrance in the ‘post-conflict’ phase: school education, commemorations, setting up ‘places of remembrance’ (monuments, plaques, street names), remembrance of witnesses, etc.
3) Media and cultural representations
Discursive and narrative processes play a decisive role in the perception of terrorism, sometimes creating competing narratives, a kind of ‘ battle of narratives’. In this sense, any attempt at representing terrorism, necessarily engages a battle on the semantic terrain, where the very characterisation of violent acts becomes a major ideological issue.
It will therefore be necessary to analyse the representations developed and relayed through various discursive or media devices, such as :
- the media (press, television, social networks, online news sites),
- series and documentaries,
- comics and graphic novels,
- literature,
- cinema,
- urban and street art,
- music in its various genres,
- podcasts and web-documentaries
4) Victims and traumas of terrorist violence
This fourth theme proposes to refocus the analysis on the human, psychological and sociopolitical experiences of terrorist violence. It invites us to examine the complex definition of victimhood and the processes by which certain forms of violence are legitimised while other forms are disqualified in the social, political and legal spheres (Eliacheff and Soulez-Larivière, 2007; Beristáin, 2006). How do European societies deal (or do not deal) with this suffering?
In order to address those issues, proposals could examine such themes as:
- Experiences and accounts of violence (testimonies, biographies, autobiographies, oral archives, etc.)
- Institutional recognition, reparation and justice (legislative frameworks, compensation schemes, the place of victims in anti-terrorist trials, etc.)
- Issues of grief, trauma and their transmission over several generations
- Mobilisation, the arts and collective resilience (visual arts, literature, performances, digital devices as vectors of “memory-witness” and reconstruction, art therapy practices and community initiatives promoting resilience)
We encourage multidisciplinary approaches (history, sociology, political science, geography, literary and cultural studies, etc.).
How to make a proposal :
– It is possible to give a talk in French, English, Spanish or Italian.
– The proposals should be sent to colloque-terrorisme-2026@univ-grenoble-alpes.fr before 1 December 2025 and should include:
=> A title
=> An approx. 300-word abstract
=> A short bio-bibliographical presentation.
The conference will be held exclusively in person. Papers will be 20 minutes long to encourage discussion.
Registration fee: 30 euros.
The proceedings of the conference will be published in a format to be determined at a later stage.
[1] On peut par exemple réfléchir au concept d’attentat, à la manière dont l’événement violent fait irruption dans des sociétés qui ne sont pas en guerre (Derrida et Habermas, 2004) et à la façon dont il frappe à la fois les corps mais aussi les consciences et les représentations collectives sous forme de trauma (Dawson, 2017).
[2] Las medidas tomadas en la lucha contra el terrorismo en Italia fueron retomadas en la lucha contra la mafia.
[3] Se podrá, por ejemplo, reflexionar sobre el concepto de atentado, sobre la manera en la que el acontecimiento violento irrumpe en sociedades que no están en guerra (Derrida et Habermas, 2004) y sobre cómo impacta tanto en los cuerpos como en las conciencias y en las representaciones colectivas en forma de trauma (Dawson, 2017).
[4] We can, for example, reflect on the word ‘attack,’ and the way in which violent events burst into societies that are not at war (Derrida and Habermas, 2004) and the way in which they strike not only bodies but also consciences and collective representations in the form of trauma (Dawson, 2017).
1.15 Récits francophones de soi depuis les années 2000 (Montpellier)
- Date de tombée (deadline) : 01 Décembre 2025
- À : Montpellier
On partira du constat de l’importance prise depuis les années 1980 par la veine autobiographique chez beaucoup d’écrivains et d’écrivaines « francophones[1] », quels que soient leur espace culturel et linguistique d’origine et leur type de francophonie (diatopique, post-colonial ou translingue[2]). Ce phénomène a été étudié pour la première fois de manière systématique dans un ouvrage collectif pionnier, Littératures autobiographiques de la francophonie, publié sous la direction de Martine Mathieu-Job[3] en 1996, et depuis cette date, la production autobiographique des écrivains francophones n’a cessé de s’accroître. Beaucoup d’écrivains et d’écrivaines francophones ont en effet continué à écrire, parallèlement à leur œuvre romanesque, théâtrale ou poétique, un ou plusieurs textes autobiographiques. Dans la francophonie post-coloniale[4], on peut citer, parmi bien d’autres exemples, Daniel Maximin (Tu, c’est l’enfance, 2004), Salah Stétié (L’extravagance. Mémoires, 2014), Malika Mokeddem (La transe des insoumis, 2003, Mes hommes, 2005) ou Assia Djebar (Nulle part dans la maison de mon père, 2010). Dans la francophonie translingue, on peut évoquer par exemple François Cheng (Le Dialogue. Une passion pour la langue française, 2002), Akira Mizubayashi (Une langue venue d’ailleurs, 2011), Wei Wei (Une fille Zhuang, 2006), Eun-Ja Kang (L’Étrangère, 2013), Brina Svit (Petit éloge de la rupture, 2009) ou Velibor Čolić (Manuel d’exil, comment réussir son exil en trente-cinq leçons, 2016). Pour le Québec, on peut citer par exemple Nelly Arcan (Putain, 2001) et François Hébert (Frank va parler, 2023).
Parfois les auteurs réalisent une autobiographie sérielle, en plusieurs volumes plus ou moins successifs, comme par exemple Patrick Chamoiseau (Une Enfance créole, 1, Antan d’enfance, 1993 ; 2, Chemin d’école, 1996 ; 3, A bout d’enfance, 2005), Ken Bugul (Le baobab fou, 1982 ; Cendres et braises, 1994 ; Riwan ou le chemin de sable, 2000), Maryse Condé (Le cœur à rire et à pleurer, 1999 ; Victoire, les saveurs et les mots, 2006 ; La vie sans fards, 2012), Kim Lefèvre (Métisse blanche, 1989 ; Retour à la saison des pluies, 1990) ou encore Dany Laferrière (L’Odeur du café, 1991 ; Le Goût des jeunes filles, 1992 ; Pays sans chapeau, 1996 ; Le Charme des après-midi sans fin, 1997 ; La Chair du maître, 1997 ; Le Cri des oiseaux fous, 2000 ; L’énigme du retour, 2009).
Cette pente autobiographique n’est pas propre aux écrivains francophones. On sait que depuis le début des années 1980, la littérature française s’est engagée dans un « tournant autobiographique[5] » où le développement des écrits personnels est directement lié l’accroissement et à la spectacularisation de l’individualisme contemporain. D’autre part, il faudrait comparer cette tendance autobiographique des écrivains francophones avec les écrivains et les écrivaines allophones dans une autre langue que le français, comme par exemple Elias Canetti en langue allemande (La Langue sauvée – Histoire d’une jeunesse 1905-1921, 1977 ; Le Flambeau dans l’oreille – Histoire d’une vie 1921-1931, 1980 ; Jeux de regards – Histoire d’une vie 1931-1937, 1985), et en anglais Vladimir Nabokov (Autres rivages, 1951) et Joseph Conrad (Souvenirs personnels, 1912). On pourrait se demander en ce sens dans quelle mesure le choix d’une langue d’écriture différente de sa langue maternelle n’incline pas tout particulièrement les écrivains allophones à se tourner vers l’écriture autobiographique, pour ressaisir en particulier leur trajectoire linguistique.
Si les écrits autobiographiques ne sont peut-être pas plus fréquents chez les écrivains « francophones » que chez les écrivains « français », et s’il manque une enquête quantitative comparative pour mesurer statistiquement l’importance respective de la littérature autobiographique chez les écrivains français et les écrivains francophones, on peut toutefois se demander si, au-delà des enjeux communs à toute autobiographie, il y aurait des enjeux spécifiques au récit de soi lorsqu’il est produit par un écrivain ou une écrivaine « francophone ». Depuis la parution de l’ouvrage collectif de Martine Mathieu-Job en 1996, quelques rares ouvrages se sont penchés sur le sujet, comme par exemple l’ouvrage collectif dirigé par Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann, Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, publié en 2006[6]. Quelques ouvrages et articles ont également été publiés sur certains écrivains et certaines écrivaines en particulier, mais aucun ouvrage de synthèse général n’a été publié depuis une vingtaine d’années. Pour faire le point sur la production autobiographique francophone depuis les années 2000, on se propose donc d’examiner à nouveaux frais ce phénomène en articulant plus précisément dans ce colloque la question autobiographique et les différents problèmes qu’elle pose (définition du genre, question de l’authenticité et de la sincérité, part de fictionnalisation, etc.) au prisme de trois autres questions : la question francophone, la question post-coloniale et la question du genre.
1) Qu’est-ce que la francophonie fait à l’autobiographie ? Au plan thématique, on note que dans les récits de soi francophones, la rencontre et les rapports avec la langue française constituent des motifs centraux, de même que le thème connexe de l’école comme lieu privilégié de la découverte et de l’expérience du français. Ces autobiographies contiennent très souvent des récits d’apprentissage du français et de la manière dont les écrivains ont fini par maîtriser cette langue au point d’en faire leur langue d’écriture. Certaines de ces autobiographies linguistiques, dont le titre général pourrait être « Comment j’ai appris le français et comment je suis devenu un écrivain de langue française », peuvent même être considérées comme un sous-genre de l’autobiographie francophone, à l’instar d’Une langue venue d’ailleurs d’Akira Mizubayashi, d’Une fille Zhuang de Wei Wei ou de L’Étrangère d’Eun-Ja Kang. Quelles différences ce parcours linguistique francophone crée-t-il par rapport à la tradition littéraire française de l’autobiographie ? Qu’est-ce qu’écrire sa vie dans une langue étrangère (du moins pour les écrivains francophones post-coloniaux et translingues), apprise plus ou moins tôt (chez les post-coloniaux) ou plus ou moins tardivement (chez les translingues) et devenue progressivement une seconde langue (langue d’adoption) et une langue d’écriture (pas nécessairement exclusive, en alternance parfois avec une ou, plus rarement, plusieurs autres langues), mais qui n’est pas la langue première des rapports au monde, des échanges familiaux et de l’intimité[7] ?
Il semble qu’il y ait au moins deux réponses à cette question. Au plan de l’expression de l’intimité d’une part, le français crée des possibilités nouvelles pour le récit de soi en instaurant des espaces de liberté, notamment dans les domaines des sentiments et de la sexualité. C’est notamment le cas quand l’écrivain ou l’écrivaine est issu de sociétés patriarcales ou conservatrices[8], mais cela peut concerner aussi les autres écrivains, pour qui le passage à une autre langue marque une distance souvent ressentie comme nécessaire avec la société et la langue d’origine et permet de renouveler l’expression de soi[9]. Mais le français fait surgir en même temps des contraintes techniques, en tant que langue étrangère et, pour les écrivains post-coloniaux, des difficultés politiques, comme langue héritée de la colonisation. D’autre part, le français ouvre des possibilités éditoriales qui font peut-être également de ces récits d’apprentissage, au plan de la sociologie de la littérature, une stratégie d’entrée dans le champ littéraire français. On peut se demander en effet si l’autobiographie ne constitue pas aussi pour les écrivains francophones un « créneau » éditorial liée à une demande des éditeurs, parce qu’elle correspond peut-être à une demande d’exotisme[10] des lecteurs ou, dans le cas des écrivains translingues, parce qu’elle est susceptible de flatter le narcissisme national français, surtout lorsque les écrivains sont issus d’espace culturels et linguistiques prestigieux et qu’ils font l’éloge de la langue française. Il faudrait d’ailleurs examiner la place des écrits autobiographiques dans la production des écrivains. A quel moment de l’œuvre l’autobiographie intervient-elle, au début, au milieu, à la fin ? Kim Lefèvre, qui a commencé par publier son diptyque autobiographique avant de publier deux romans, déclarait par exemple dans un entretien avec Nathalie Nguyen : « J’ai pris le récit autobiographique parce que c’est une forme disons “naturelle” quand on n’a pas encore d’expérience littéraire, et souvent c’est parce qu’on a quelque chose qu’on porte en soi, et qu’on voudrait le communiquer[11] ».
Pour les écrivains francophones « diatopiques » belges, suisses et québécois, on pourra se demander dans quelle mesure l’écriture autobiographique est l’occasion d’affirmer la spécificité d’une existence et d’une écriture dans une des variantes diatopiques du français et dans une « vision culturelle globale » différente de la «réalité[12] » française, ainsi que les tensions que cette revendication peut entraîner avec les contraintes linguistiques normatives imposées éventuellement par les éditeurs français.
2) Qu’est-ce que le post(-)colonial fait à l’autobiographie ? Pour les écrivains francophones post-coloniaux, le récit de soi est un espace privilégié pour dire l’expérience de la domination et des violences coloniales et raciales. L’autobiographie se présente alors très souvent comme un « write back[13] » postcolonial qui cherche à opposer un contre-discours aux récits littéraires et sociaux français et à réécrire l’histoire coloniale du point de vue des « subalternes ». Cette réappropriation du discours et ce regard critique, qui permettent de faire émerger un sujet dominé et de valoriser les modèles de l’interculturalité et de l’hybridité, intègrent également une dimension testimoniale et collective aux récits autobiographiques post(-)coloniaux. Cet horizon collectif peut parfois rapprocher les textes de ce corpus du genre des mémoires, comme chez Henri Lopes, ou bien de l’essai, comme chez Leïla Sebbar. Traversés par des tensions multiples et animés également par une volonté de dépasser les contradictions interculturelles et par un désir d’apaisement intérieur, ces récits mettent souvent en scène un sujet ouvert et pluriel, qui s’établit nécessairement, non sans contradictions ni déchirements, à la croisée des langues, des cultures et des identités. On pourra se demander dès lors si l’importance du thème de l’hybridité ou du métissage entraîne nécessairement au plan générique une hybridation de l’écriture autobiographique elle-même, et sous quelles formes, ou si cette hybridation ne remet pas nécessairement en cause la tradition « classique » de l’autobiographie européenne, et française en particulier. On notera en tout cas la récurrence de thèmes qui semblent propres à l’autobiographie post-coloniale, comme la découverte de Paris (et plus généralement de la France) ou à l’inverse le thème du « retour au pays natal ». Lily V. Chiu note en ce sens l’« appétit insatiable que les Français ont développé depuis la décolonisation pour les “récits du retour” autobiographiques postcoloniaux. Aimé Césaire, Ken Bugul, Maryse Condé, and Leila Sebbar, parmi d’autres écrivains francophones, ont tous contribué à ce genre de littérature postcoloniale[14] ». Cette quête du retour peut d’ailleurs s’élargir à une quête des origines, comme par exemple dans La vie sans fards de Maryse Condé, qui retrace les impasses de son désir d’un retour à l’Afrique et l’échec de sa quête des origines africaines perdues de ses ancêtres antillais.
3) Qu’est-ce que le genre fait à l’autobiographie ? En s’attachant plus particulièrement aux écrivaines francophones et à la manière dont elles évoquent leurs expériences de femmes, on se demandera s’il y a une spécificité d’une autobiographie francophone « au féminin », écrite par des « femmes francophones[15] ». Comme le fait remarquer Suzanne Gehrmann, « après une trentaine d’années d’études féministes, il n’est toujours guère possible de donner une définition précise de ce qu’est l’autobiographie féminine, car le corpus des textes est vaste et différencié. On peut cependant remarquer que les femmes thématisent souvent la catégorie du genre comme un élément important de la construction de l’identité, phénomène très rare chez les écrivains hommes[16] ». On notera que les écrivaines francophones, surtout lorsqu’elles sont issues d’espaces post-coloniaux, abordent très souvent la question de la domination masculine et celle de la domination intersectionnelle qui caractérise les femmes post-colonisées, auxquelles elles opposent l’affirmation d’un sujet féminin autonome autant que celle d’un « corps libéré[17] ». Mais on constatera également que leur condition de femmes les amène aussi à critiquer leur société d’origine, comme par exemple chez Assia Djebar. Ces écrivaines ont souvent pu se servir d’institutions coloniales pour acquérir une liberté d’expression et de pensée et pour s’émanciper de certaines traditions conservatrices et patriarcales. En ce sens, l’autobiographie féminine post(-)coloniale, en tant qu’elle permet aux écrivaines de se dire, de se dévoiler et d’assumer un « je » féminin, est à la fois une critique de la domination coloniale et une opposition subversive par rapport au patriarcat de la société dont elles sont issues. On pourra d’ailleurs élargir la réflexion aux écrivains et aux écrivaines qui abordent la question des masculinités, ainsi qu’à celles et ceux qui sont issus des minorités sexuelles, en explorant par exemple les récits autobiographiques d’écrivains comme Rachid O. ou Abdallah Taïa, et la manière dont ces récits négocient en français l’expression de sexualités homoérotiques ou queer, entre transgression des tabous des sociétés conservatrices d’origine et volonté de placement sur un marché éditorial français structuré par un horizon d’attente post-colonial et (post-)exotique[18] concernant l’émancipation sexuelle.
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Les propositions de communication, d’environ 500 mots, assorties d’un titre et de quelques lignes de présentation bio-bibliographique, seront à envoyer par courriel au plus tard le 1er décembre 2025 à l’adresse suivante : maxime.delfiol@univ-montp3.fr
Le colloque se tiendra les 26 et 27 mars 2026 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, site Saint-Charles.
Après évaluation des propositions par le comité scientifique, les notifications d’acceptation seront communiquées avant le 20 décembre 2025.
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Comité d’organisation :
Maxime Del Fiol, Université de Montpellier Paul-Valéry
Comité scientifique :
Florian Alix, Sorbonne Université
Ridha Boulaabi, Université Paris Nanterre
Mounira Chatti, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
Ninon Chavoz, Université de Strasbourg
Claude Coste, Cergy Paris Université
Maxime Del Fiol, Université de Montpellier Paul-Valéry
Odile Hamot, Université des Antilles
Jean-Marie Klinkenberg, Université de Liège
Anthony Mangeon, Université de Strasbourg
Nathalie Watteyne, Université de Sherbrooke
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Bibliographie critique sélective :
Ahnouch Fatima, Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles, Paris, L’Harmattan, collection « Espaces littéraires », 2015.
A.P.E.L.A – Université Paris Nord, revue Itinéraires et contacts de culture, « Autobiographie et récits de vie en Afrique », Volume 13, Paris, L’Harmattan, 1991.
Balsi (de) Sarah, La francophonie translingue. Éléments pour une poétique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection « Plurial », no 33, 2024.
Benbella Bouchra, Écrivains maghrébins francophones. Tendances esthétiques et culturelles postmodernes, Paris, L’Harmattan, collection « Autour des textes maghrébins », 2020.
Bonnet Gabrielle, Récit de soi et construction des identités culturelles. Le cas de la littérature afropéenne, Paris, Classiques Garnier, collection « Perspectives comparatistes », 2023.
Butler Judith, Le récit de soi, Paris, PUF, collection « Pratiques théoriques », 2007 [2007].
Diène Babou, Thiam Moudou Fatah et Ba Mamadou Hady (dir.), La littérature africaine à l’épreuve des récits de filiation. L’autofiction et le récit transpersonnel, Paris, L’Harmattan, 2024.
Djom Simo Maurice, L’Hybridité dans le roman autobiographique francophone contemporain, Connaissances et savoirs, 2017.
Fernandez Martine, Les écrivaines francophones en liberté. Farida Belghoul, Marise Condé, Assia Djebar, Calixthe Belaya, Paris, L’Harmattan, collection « Critiques littéraires », Paris, 2007.
Gans-Guinoune Anne-Marie, « Autobiographie et francophonie : cache-cache entre “nous” et “je” », Reliefs, volume 3, no 1, « Autobiographie et autofiction », sous la direction de Els Jongeneel, 2009, p. 61-76.
Geffen Alexandre, « Le récit de soi et ses contraintes », Fabula / Les colloques, Fiducia (I). « Crédibilité, confiance, crédit dans les récits de soi » (dir. Emmanuel Bouju, Frédérique Leichter-Flack), URL : http://www.fabula.org/colloques/document12282.php.
Gehrmann Suzanne et Gronemann Claudia (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, Paris, L’Harmattan, 2006.
Hamot Odile, « Le Conte et le masque ou les équivoques de l’autobiographie dans Le Cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé », Reliefs, volume 15, no 1, « (Re)duire les classiques française », 2021, p. 185-198 : https://revue-relief.org/article/view/10895.
Hel-Bongo Olga (dir.), « L’autobiographie intellectuelle dans les littératures francophones », dossier dans Présence francophone, vol. 101, n° 1, 2025.
Hermetet Anne-Rachel et Paul Jean-Marie (dir.), Écritures autobiographiques : Entre confession et dissimulation, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2010.
Khaddar Hédia, Littérature en thérapie. Expériences littéraires des femmes du Maghreb, Paris, L’Harmattan, collection « Classiques francophones », 2023.
Lejeune Philippe, Le pacte autobiographique [1975], Paris, Éditions du Seuil, 1996.
Mathieu Martine (dir.), Littératures autobiographiques de la francophonie, Paris, L’Harmattan, 1996.
Miraux Jean-Philippe, L’autobiographie : écriture de soi et sincérité [1996], Paris, Armand Colin, 2009.
Redouane Najib, Écritures féminines au Maroc. Continuité et évolutions, Paris, L’Harmattan, 2006.
Reggiani Christelle, « Chapitre III. Depuis 1980 », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris Gallimard, collection « Folio Essais », 1980, p. 426-472.
Rice Alison, « Francophonies », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris, Gallimard, collection « Folio Essais », 2020, p. 475-533.
Tang Alice Delphine, Écritures du moi et idéologies chez les romancières francophones – Claire Etcherelli, Gabrielle Roy, Were Were Liking et Delphine Zanga Tsogo, Munich, Lincom Studies in Language and Literature, no 2, 2006.
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[1] On ne reviendra pas ici sur le caractère extrêmement problématique de cette notion et de la catégorie de francophonie littéraire, et on gardera malgré tout ce terme pour désigner d’une part les littératures de langue française non françaises produites au sein d’espaces littéraires plus ou moins autonomes en dehors de la France (littératures des régions/provinces francophones du Québec, de Suisse romande et de Wallonie, ainsi que les littératures des sous-espaces francophones au sein de littératures nationales plurilingues, comme par exemple en Afrique subsaharienne, au Maghreb, au Machrek, aux Antilles ou dans l’océan Indien) et les littératures de langue française des espaces français post-coloniaux des Outre-mer (aux Antilles, dans l’océan Pacifique et dans l’océan Indien) ; et d’autre part les écrivains migrants «venus d’ailleurs », issus des espaces cités précédemment ou issus d’autres espaces, nés à l’étranger, socialisés dans une autre culture, dont la langue maternelle n’est pas le français ou le français de France, mais qui écrivent en français et qui « passent » par la France, pour s’y installer provisoirement ou durablement, qui sont publiés en France, et qui de ce fait s’intègrent aussi dans l’espace littéraire français et qui se situent ainsi dans un entre-deux entre les langues, les cultures et les espaces littéraires.
[2] Voir Maxime Del Fiol, « Pour une histoire francophone, transnationale et plurilingue, des littératures de langue française », introduction à Francophonie, plurilinguisme et production littéraire transnationale en français depuis le Moyen Age, sous la direction de Maxime Del Fiol, ADIREL, « Travaux de littérature », numéro XXXV, Diffusion Droz, 2022, p. 7-21.
[3] Martine Mathieu-Job (dir.), Littératures autobiographiques de la francophonie, Paris, L’Harmattan, 1996.
[4] L’orthographe « post-colonial » permet de rappeler que toute la littérature chronologiquement « post-coloniale » produite dans les anciennes colonies françaises n’est pas nécessairement « postcoloniale » au sens critique du terme, et que le postcolonialisme n’y absorbe donc pas la totalité de la littérature francophone écrite après les indépendances.
[5] Christelle Reggiani, « Chapitre III. Depuis 1980 », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris Gallimard, collection « Folio Essais », 1980, p. 432.
[6] Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, Paris, L’Harmattan, 2006.
[7] Akira Mizubayashi, dans Une langue venue d’ailleurs (Paris, Gallimard, collection « Folio », 2013 [2011]), appelle le français, de manière figurée, sa langue «paternelle» (p. 56), pour la distinguer de sa langue maternelle japonaise. En effet, même si son père ne parlait pas français, c’est son regard extrêmement critique sur la fermeture de la société japonaise et sa volonté d’ouverture à des formes et à des espaces culturels étrangers qui ont préparé le jeune Akira à sa rencontre avec une langue étrangère, en l’occurrence le français. On pourrait élargir cette notion de langue « paternelle » aux cas d’autres écrivains et écrivaines dont le père a joué, directement ou indirectement, un rôle déterminant dans la découverte du français, comme par exemple Assia Djebar, dont le père, instituteur de l’école coloniale française en Algérie, l’a initiée à cette langue, ou Kim Lefèvre, dont le père, qu’elle n’a pas connu, puisqu’il a abandonné sa mère quand elle été bébé, était Français, ce qui a incité sa mère à la placer à différentes époques de sa vie dans diverses institutions francophones au Vietnam, où elle a été admise en tant que « métisse » et où elle a appris progressivement le français.
[8] Dans le monde arabe par exemple, cette liberté du français a été maintes fois affirmée par de nombreux écrivains francophones, comme Assia Djebar ou Driss Chraïbi. On pourrait se demander toutefois si elle ne constitue pas aussi une sorte de lieu commun, qui masquerait la liberté d’expression que certains écrivains et certaines écrivaines arabophones, comme par exemple Naguib Mahfouz, Alaa el-Aswany, Ahlam Mosteghanemi ou encore Nawal Saadawi, ont su imposer en arabe sur des sujets particulièrement sensibles, notamment dans le domaine sentimental, sexuel ou religieux.
[9] Akira Mizubayashi note par exemple que le français lui a permis « de recommencer [s]a vie à peine commencée, de refaire [s]on existence entamée, de retisser les liens avec les visages et les paysages, de remodeler et reconstruire l’ensemble de [s]es rapports à l’autre, bref de remettre à neuf [s]on être-au-monde » (Une langue venue d’ailleurs, op. cit., p. 58. C’est l’auteur qui souligne).
[10] Voir Graham Huggan, The Postcolonial Exotic. Marketing the Margins, New York, Routledge, 2001.
[11] Nathalie Nguyen, « Métisse blanche : Entretien avec Kim Lefèvre » (2001), dans Intersections, 5, https://motspluriels.arts.uwa.edu.au/MP2303klf.html, 2001.
[12] Gaston Miron, « Malmener la langue », entretien avec Lise GAUVIN [1993], dans Lise Gauvin, L’écrivain francophone à la croisée des langues. Entretiens, Paris, Karthala, 1997, p. 64.
[13] Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin, The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures [1989], Londres : Routledge, 2002.
[14] « (…) considering the seemingly insatiable appetite for postcolonial autobiographical “return narratives” the French have developed ever since decolonization. Aimé Césaire, Ken Bugul, Maryse Conde, and Leila Sebbar, among other Francophone writers, have all contributed to this genre of postcolonial literature » (Lily V. Chiu, « The Return of the Native: Cultural Nostalgia and Coercive Mimeticism in the Return Narratives of Kim Lefèvre and Anna Moï », Crossroads: An Interdisciplinary Journal of Southeast Asian Studies, vol. 19, No. 2, 2008, p. 113). Nous traduisons.
[15] C’est ainsi que se définit Assia Djebar : « Je suis, sans nul doute, une femme d’éducation française, de par ma formation, en langue française, du temps de l’Algérie colonisée, et si j’ajoute aussitôt “d’éducation française” et de sensibilité algérienne, ou arabo-berbère, ou même musulmane lorsque l’islam est vécu comme une culture, plus encore que comme une foi et une pratique, alors je suis bien une “femme francophone” dans mon activité intellectuelle et critique » (« Être une voix francophone », dans Ces voix qui m’assiègent… en marge de ma francophonie, Paris, Albin Michel, 1999, p. 26).
[16] Suzanne Gehrmann, « Constructions postcoloniales du Moi et du Nous », dans Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures francophones, op. cit., p. 181.
[17] Pour reprendre les mots d’Assia Djebar : « une écriture véritable et au féminin, dans les pays musulmans de ce prochain XXIe siècle, ne pourra s’approfondir et se développer qu’à partir du corps libéré (ou en train de se libérer) de la femme » (« Être une voix francophone », art. cité, p. 28).
[18] Mar Garcia, « Postures (post) exotiques : “Réveiller les vieux démons de l’exotisme” », dans Anthony Mangeon (dir.), Postures postcoloniales, Paris, Karthala, MSH-M, 2012, p. 259-284.
1.16 La culture, d’hier à aujourd’hui : quel héritage ? (Bondoukou, Côte d’Ivoire &rRevue Mémoires)
- Date de tombée (deadline) : 01 Décembre 2025
- À : Université de Bondoukou (Bondoukou – Côte d’Ivoire)
Appel à communications
« Récits francophones de soi depuis les années 2000 »
Colloque international organisé par Maxime Del Fiol
Université de Montpellier Paul-Valéry, les 26-27 mars 2026
On partira du constat de l’importance prise depuis les années 1980 par la veine autobiographique chez beaucoup d’écrivains et d’écrivaines « francophones[1] », quels que soient leur espace culturel et linguistique d’origine et leur type de francophonie (diatopique, post-colonial ou translingue[2]). Ce phénomène a été étudié pour la première fois de manière systématique dans un ouvrage collectif pionnier, Littératures autobiographiques de la francophonie, publié sous la direction de Martine Mathieu-Job[3] en 1996, et depuis cette date, la production autobiographique des écrivains francophones n’a cessé de s’accroître. Beaucoup d’écrivains et d’écrivaines francophones ont en effet continué à écrire, parallèlement à leur œuvre romanesque, théâtrale ou poétique, un ou plusieurs textes autobiographiques. Dans la francophonie post-coloniale[4], on peut citer, parmi bien d’autres exemples, Daniel Maximin (Tu, c’est l’enfance, 2004), Salah Stétié (L’extravagance. Mémoires, 2014), Malika Mokeddem (La transe des insoumis, 2003, Mes hommes, 2005) ou Assia Djebar (Nulle part dans la maison de mon père, 2010). Dans la francophonie translingue, on peut évoquer par exemple François Cheng (Le Dialogue. Une passion pour la langue française, 2002), Akira Mizubayashi (Une langue venue d’ailleurs, 2011), Wei Wei (Une fille Zhuang, 2006), Eun-Ja Kang (L’Étrangère, 2013), Brina Svit (Petit éloge de la rupture, 2009) ou Velibor Čolić (Manuel d’exil, comment réussir son exil en trente-cinq leçons, 2016). Pour le Québec, on peut citer par exemple Nelly Arcan (Putain, 2001) et François Hébert (Frank va parler, 2023).
Parfois les auteurs réalisent une autobiographie sérielle, en plusieurs volumes plus ou moins successifs, comme par exemple Patrick Chamoiseau (Une Enfance créole, 1, Antan d’enfance, 1993 ; 2, Chemin d’école, 1996 ; 3, A bout d’enfance, 2005), Ken Bugul (Le baobab fou, 1982 ; Cendres et braises, 1994 ; Riwan ou le chemin de sable, 2000), Maryse Condé (Le cœur à rire et à pleurer, 1999 ; Victoire, les saveurs et les mots, 2006 ; La vie sans fards, 2012), Kim Lefèvre (Métisse blanche, 1989 ; Retour à la saison des pluies, 1990) ou encore Dany Laferrière (L’Odeur du café, 1991 ; Le Goût des jeunes filles, 1992 ; Pays sans chapeau, 1996 ; Le Charme des après-midi sans fin, 1997 ; La Chair du maître, 1997 ; Le Cri des oiseaux fous, 2000 ; L’énigme du retour, 2009).
Cette pente autobiographique n’est pas propre aux écrivains francophones. On sait que depuis le début des années 1980, la littérature française s’est engagée dans un « tournant autobiographique[5] » où le développement des écrits personnels est directement lié l’accroissement et à la spectacularisation de l’individualisme contemporain. D’autre part, il faudrait comparer cette tendance autobiographique des écrivains francophones avec les écrivains et les écrivaines allophones dans une autre langue que le français, comme par exemple Elias Canetti en langue allemande (La Langue sauvée – Histoire d’une jeunesse 1905-1921, 1977 ; Le Flambeau dans l’oreille – Histoire d’une vie 1921-1931, 1980 ; Jeux de regards – Histoire d’une vie 1931-1937, 1985), et en anglais Vladimir Nabokov (Autres rivages, 1951) et Joseph Conrad (Souvenirs personnels, 1912). On pourrait se demander en ce sens dans quelle mesure le choix d’une langue d’écriture différente de sa langue maternelle n’incline pas tout particulièrement les écrivains allophones à se tourner vers l’écriture autobiographique, pour ressaisir en particulier leur trajectoire linguistique.
Si les écrits autobiographiques ne sont peut-être pas plus fréquents chez les écrivains « francophones » que chez les écrivains « français », et s’il manque une enquête quantitative comparative pour mesurer statistiquement l’importance respective de la littérature autobiographique chez les écrivains français et les écrivains francophones, on peut toutefois se demander si, au-delà des enjeux communs à toute autobiographie, il y aurait des enjeux spécifiques au récit de soi lorsqu’il est produit par un écrivain ou une écrivaine « francophone ». Depuis la parution de l’ouvrage collectif de Martine Mathieu-Job en 1996, quelques rares ouvrages se sont penchés sur le sujet, comme par exemple l’ouvrage collectif dirigé par Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann, Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, publié en 2006[6]. Quelques ouvrages et articles ont également été publiés sur certains écrivains et certaines écrivaines en particulier, mais aucun ouvrage de synthèse général n’a été publié depuis une vingtaine d’années. Pour faire le point sur la production autobiographique francophone depuis les années 2000, on se propose donc d’examiner à nouveaux frais ce phénomène en articulant plus précisément dans ce colloque la question autobiographique et les différents problèmes qu’elle pose (définition du genre, question de l’authenticité et de la sincérité, part de fictionnalisation, etc.) au prisme de trois autres questions : la question francophone, la question post-coloniale et la question du genre.
1) Qu’est-ce que la francophonie fait à l’autobiographie ? Au plan thématique, on note que dans les récits de soi francophones, la rencontre et les rapports avec la langue française constituent des motifs centraux, de même que le thème connexe de l’école comme lieu privilégié de la découverte et de l’expérience du français. Ces autobiographies contiennent très souvent des récits d’apprentissage du français et de la manière dont les écrivains ont fini par maîtriser cette langue au point d’en faire leur langue d’écriture. Certaines de ces autobiographies linguistiques, dont le titre général pourrait être « Comment j’ai appris le français et comment je suis devenu un écrivain de langue française », peuvent même être considérées comme un sous-genre de l’autobiographie francophone, à l’instar d’Une langue venue d’ailleurs d’Akira Mizubayashi, d’Une fille Zhuang de Wei Wei ou de L’Étrangère d’Eun-Ja Kang. Quelles différences ce parcours linguistique francophone crée-t-il par rapport à la tradition littéraire française de l’autobiographie ? Qu’est-ce qu’écrire sa vie dans une langue étrangère (du moins pour les écrivains francophones post-coloniaux et translingues), apprise plus ou moins tôt (chez les post-coloniaux) ou plus ou moins tardivement (chez les translingues) et devenue progressivement une seconde langue (langue d’adoption) et une langue d’écriture (pas nécessairement exclusive, en alternance parfois avec une ou, plus rarement, plusieurs autres langues), mais qui n’est pas la langue première des rapports au monde, des échanges familiaux et de l’intimité[7] ?
Il semble qu’il y ait au moins deux réponses à cette question. Au plan de l’expression de l’intimité d’une part, le français crée des possibilités nouvelles pour le récit de soi en instaurant des espaces de liberté, notamment dans les domaines des sentiments et de la sexualité. C’est notamment le cas quand l’écrivain ou l’écrivaine est issu de sociétés patriarcales ou conservatrices[8], mais cela peut concerner aussi les autres écrivains, pour qui le passage à une autre langue marque une distance souvent ressentie comme nécessaire avec la société et la langue d’origine et permet de renouveler l’expression de soi[9]. Mais le français fait surgir en même temps des contraintes techniques, en tant que langue étrangère et, pour les écrivains post-coloniaux, des difficultés politiques, comme langue héritée de la colonisation. D’autre part, le français ouvre des possibilités éditoriales qui font peut-être également de ces récits d’apprentissage, au plan de la sociologie de la littérature, une stratégie d’entrée dans le champ littéraire français. On peut se demander en effet si l’autobiographie ne constitue pas aussi pour les écrivains francophones un « créneau » éditorial liée à une demande des éditeurs, parce qu’elle correspond peut-être à une demande d’exotisme[10] des lecteurs ou, dans le cas des écrivains translingues, parce qu’elle est susceptible de flatter le narcissisme national français, surtout lorsque les écrivains sont issus d’espace culturels et linguistiques prestigieux et qu’ils font l’éloge de la langue française. Il faudrait d’ailleurs examiner la place des écrits autobiographiques dans la production des écrivains. A quel moment de l’œuvre l’autobiographie intervient-elle, au début, au milieu, à la fin ? Kim Lefèvre, qui a commencé par publier son diptyque autobiographique avant de publier deux romans, déclarait par exemple dans un entretien avec Nathalie Nguyen : « J’ai pris le récit autobiographique parce que c’est une forme disons “naturelle” quand on n’a pas encore d’expérience littéraire, et souvent c’est parce qu’on a quelque chose qu’on porte en soi, et qu’on voudrait le communiquer[11] ».
Pour les écrivains francophones « diatopiques » belges, suisses et québécois, on pourra se demander dans quelle mesure l’écriture autobiographique est l’occasion d’affirmer la spécificité d’une existence et d’une écriture dans une des variantes diatopiques du français et dans une « vision culturelle globale » différente de la «réalité[12] » française, ainsi que les tensions que cette revendication peut entraîner avec les contraintes linguistiques normatives imposées éventuellement par les éditeurs français.
2) Qu’est-ce que le post(-)colonial fait à l’autobiographie ? Pour les écrivains francophones post-coloniaux, le récit de soi est un espace privilégié pour dire l’expérience de la domination et des violences coloniales et raciales. L’autobiographie se présente alors très souvent comme un « write back[13] » postcolonial qui cherche à opposer un contre-discours aux récits littéraires et sociaux français et à réécrire l’histoire coloniale du point de vue des « subalternes ». Cette réappropriation du discours et ce regard critique, qui permettent de faire émerger un sujet dominé et de valoriser les modèles de l’interculturalité et de l’hybridité, intègrent également une dimension testimoniale et collective aux récits autobiographiques post(-)coloniaux. Cet horizon collectif peut parfois rapprocher les textes de ce corpus du genre des mémoires, comme chez Henri Lopes, ou bien de l’essai, comme chez Leïla Sebbar. Traversés par des tensions multiples et animés également par une volonté de dépasser les contradictions interculturelles et par un désir d’apaisement intérieur, ces récits mettent souvent en scène un sujet ouvert et pluriel, qui s’établit nécessairement, non sans contradictions ni déchirements, à la croisée des langues, des cultures et des identités. On pourra se demander dès lors si l’importance du thème de l’hybridité ou du métissage entraîne nécessairement au plan générique une hybridation de l’écriture autobiographique elle-même, et sous quelles formes, ou si cette hybridation ne remet pas nécessairement en cause la tradition « classique » de l’autobiographie européenne, et française en particulier. On notera en tout cas la récurrence de thèmes qui semblent propres à l’autobiographie post-coloniale, comme la découverte de Paris (et plus généralement de la France) ou à l’inverse le thème du « retour au pays natal ». Lily V. Chiu note en ce sens l’« appétit insatiable que les Français ont développé depuis la décolonisation pour les “récits du retour” autobiographiques postcoloniaux. Aimé Césaire, Ken Bugul, Maryse Condé, and Leila Sebbar, parmi d’autres écrivains francophones, ont tous contribué à ce genre de littérature postcoloniale[14] ». Cette quête du retour peut d’ailleurs s’élargir à une quête des origines, comme par exemple dans La vie sans fards de Maryse Condé, qui retrace les impasses de son désir d’un retour à l’Afrique et l’échec de sa quête des origines africaines perdues de ses ancêtres antillais.
3) Qu’est-ce que le genre fait à l’autobiographie ? En s’attachant plus particulièrement aux écrivaines francophones et à la manière dont elles évoquent leurs expériences de femmes, on se demandera s’il y a une spécificité d’une autobiographie francophone « au féminin », écrite par des « femmes francophones[15] ». Comme le fait remarquer Suzanne Gehrmann, « après une trentaine d’années d’études féministes, il n’est toujours guère possible de donner une définition précise de ce qu’est l’autobiographie féminine, car le corpus des textes est vaste et différencié. On peut cependant remarquer que les femmes thématisent souvent la catégorie du genre comme un élément important de la construction de l’identité, phénomène très rare chez les écrivains hommes[16] ». On notera que les écrivaines francophones, surtout lorsqu’elles sont issues d’espaces post-coloniaux, abordent très souvent la question de la domination masculine et celle de la domination intersectionnelle qui caractérise les femmes post-colonisées, auxquelles elles opposent l’affirmation d’un sujet féminin autonome autant que celle d’un « corps libéré[17] ». Mais on constatera également que leur condition de femmes les amène aussi à critiquer leur société d’origine, comme par exemple chez Assia Djebar. Ces écrivaines ont souvent pu se servir d’institutions coloniales pour acquérir une liberté d’expression et de pensée et pour s’émanciper de certaines traditions conservatrices et patriarcales. En ce sens, l’autobiographie féminine post(-)coloniale, en tant qu’elle permet aux écrivaines de se dire, de se dévoiler et d’assumer un « je » féminin, est à la fois une critique de la domination coloniale et une opposition subversive par rapport au patriarcat de la société dont elles sont issues. On pourra d’ailleurs élargir la réflexion aux écrivains et aux écrivaines qui abordent la question des masculinités, ainsi qu’à celles et ceux qui sont issus des minorités sexuelles, en explorant par exemple les récits autobiographiques d’écrivains comme Rachid O. ou Abdallah Taïa, et la manière dont ces récits négocient en français l’expression de sexualités homoérotiques ou queer, entre transgression des tabous des sociétés conservatrices d’origine et volonté de placement sur un marché éditorial français structuré par un horizon d’attente post-colonial et (post-)exotique[18] concernant l’émancipation sexuelle.
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Les propositions de communication, d’environ 500 mots, assorties d’un titre et de quelques lignes de présentation bio-bibliographique, seront à envoyer par courriel au plus tard le 1er décembre 2025 à l’adresse suivante : maxime.delfiol@univ-montp3.fr
Le colloque se tiendra les 26 et 27 mars 2026 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, site Saint-Charles.
Après évaluation des propositions par le comité scientifique, les notifications d’acceptation seront communiquées avant le 20 décembre 2025.
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Comité d’organisation :
Maxime Del Fiol, Université de Montpellier Paul-Valéry
Comité scientifique :
Florian Alix, Sorbonne Université
Ridha Boulaabi, Université Paris Nanterre
Mounira Chatti, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
Ninon Chavoz, Université de Strasbourg
Claude Coste, Cergy Paris Université
Maxime Del Fiol, Université de Montpellier Paul-Valéry
Odile Hamot, Université des Antilles
Jean-Marie Klinkenberg, Université de Liège
Anthony Mangeon, Université de Strasbourg
Nathalie Watteyne, Université de Sherbrooke
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Bibliographie critique sélective :
Ahnouch Fatima, Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles, Paris, L’Harmattan, collection « Espaces littéraires », 2015.
A.P.E.L.A – Université Paris Nord, revue Itinéraires et contacts de culture, « Autobiographie et récits de vie en Afrique », Volume 13, Paris, L’Harmattan, 1991.
Balsi (de) Sarah, La francophonie translingue. Éléments pour une poétique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection « Plurial », no 33, 2024.
Benbella Bouchra, Écrivains maghrébins francophones. Tendances esthétiques et culturelles postmodernes, Paris, L’Harmattan, collection « Autour des textes maghrébins », 2020.
Bonnet Gabrielle, Récit de soi et construction des identités culturelles. Le cas de la littérature afropéenne, Paris, Classiques Garnier, collection « Perspectives comparatistes », 2023.
Butler Judith, Le récit de soi, Paris, PUF, collection « Pratiques théoriques », 2007 [2007].
Diène Babou, Thiam Moudou Fatah et Ba Mamadou Hady (dir.), La littérature africaine à l’épreuve des récits de filiation. L’autofiction et le récit transpersonnel, Paris, L’Harmattan, 2024.
Djom Simo Maurice, L’Hybridité dans le roman autobiographique francophone contemporain, Connaissances et savoirs, 2017.
Fernandez Martine, Les écrivaines francophones en liberté. Farida Belghoul, Marise Condé, Assia Djebar, Calixthe Belaya, Paris, L’Harmattan, collection « Critiques littéraires », Paris, 2007.
Gans-Guinoune Anne-Marie, « Autobiographie et francophonie : cache-cache entre “nous” et “je” », Reliefs, volume 3, no 1, « Autobiographie et autofiction », sous la direction de Els Jongeneel, 2009, p. 61-76.
Geffen Alexandre, « Le récit de soi et ses contraintes », Fabula / Les colloques, Fiducia (I). « Crédibilité, confiance, crédit dans les récits de soi » (dir. Emmanuel Bouju, Frédérique Leichter-Flack), URL : http://www.fabula.org/colloques/document12282.php.
Gehrmann Suzanne et Gronemann Claudia (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, Paris, L’Harmattan, 2006.
Hamot Odile, « Le Conte et le masque ou les équivoques de l’autobiographie dans Le Cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé », Reliefs, volume 15, no 1, « (Re)duire les classiques française », 2021, p. 185-198 : https://revue-relief.org/article/view/10895.
Hel-Bongo Olga (dir.), « L’autobiographie intellectuelle dans les littératures francophones », dossier dans Présence francophone, vol. 101, n° 1, 2025.
Hermetet Anne-Rachel et Paul Jean-Marie (dir.), Écritures autobiographiques : Entre confession et dissimulation, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2010.
Khaddar Hédia, Littérature en thérapie. Expériences littéraires des femmes du Maghreb, Paris, L’Harmattan, collection « Classiques francophones », 2023.
Lejeune Philippe, Le pacte autobiographique [1975], Paris, Éditions du Seuil, 1996.
Mathieu Martine (dir.), Littératures autobiographiques de la francophonie, Paris, L’Harmattan, 1996.
Miraux Jean-Philippe, L’autobiographie : écriture de soi et sincérité [1996], Paris, Armand Colin, 2009.
Redouane Najib, Écritures féminines au Maroc. Continuité et évolutions, Paris, L’Harmattan, 2006.
Reggiani Christelle, « Chapitre III. Depuis 1980 », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris Gallimard, collection « Folio Essais », 1980, p. 426-472.
Rice Alison, « Francophonies », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris, Gallimard, collection « Folio Essais », 2020, p. 475-533.
Tang Alice Delphine, Écritures du moi et idéologies chez les romancières francophones – Claire Etcherelli, Gabrielle Roy, Were Were Liking et Delphine Zanga Tsogo, Munich, Lincom Studies in Language and Literature, no 2, 2006.
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[1] On ne reviendra pas ici sur le caractère extrêmement problématique de cette notion et de la catégorie de francophonie littéraire, et on gardera malgré tout ce terme pour désigner d’une part les littératures de langue française non françaises produites au sein d’espaces littéraires plus ou moins autonomes en dehors de la France (littératures des régions/provinces francophones du Québec, de Suisse romande et de Wallonie, ainsi que les littératures des sous-espaces francophones au sein de littératures nationales plurilingues, comme par exemple en Afrique subsaharienne, au Maghreb, au Machrek, aux Antilles ou dans l’océan Indien) et les littératures de langue française des espaces français post-coloniaux des Outre-mer (aux Antilles, dans l’océan Pacifique et dans l’océan Indien) ; et d’autre part les écrivains migrants «venus d’ailleurs », issus des espaces cités précédemment ou issus d’autres espaces, nés à l’étranger, socialisés dans une autre culture, dont la langue maternelle n’est pas le français ou le français de France, mais qui écrivent en français et qui « passent » par la France, pour s’y installer provisoirement ou durablement, qui sont publiés en France, et qui de ce fait s’intègrent aussi dans l’espace littéraire français et qui se situent ainsi dans un entre-deux entre les langues, les cultures et les espaces littéraires.
[2] Voir Maxime Del Fiol, « Pour une histoire francophone, transnationale et plurilingue, des littératures de langue française », introduction à Francophonie, plurilinguisme et production littéraire transnationale en français depuis le Moyen Age, sous la direction de Maxime Del Fiol, ADIREL, « Travaux de littérature », numéro XXXV, Diffusion Droz, 2022, p. 7-21.
[3] Martine Mathieu-Job (dir.), Littératures autobiographiques de la francophonie, Paris, L’Harmattan, 1996.
[4] L’orthographe « post-colonial » permet de rappeler que toute la littérature chronologiquement « post-coloniale » produite dans les anciennes colonies françaises n’est pas nécessairement « postcoloniale » au sens critique du terme, et que le postcolonialisme n’y absorbe donc pas la totalité de la littérature francophone écrite après les indépendances.
[5] Christelle Reggiani, « Chapitre III. Depuis 1980 », dans Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II, Paris Gallimard, collection « Folio Essais », 1980, p. 432.
[6] Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures de langue française, Paris, L’Harmattan, 2006.
[7] Akira Mizubayashi, dans Une langue venue d’ailleurs (Paris, Gallimard, collection « Folio », 2013 [2011]), appelle le français, de manière figurée, sa langue «paternelle» (p. 56), pour la distinguer de sa langue maternelle japonaise. En effet, même si son père ne parlait pas français, c’est son regard extrêmement critique sur la fermeture de la société japonaise et sa volonté d’ouverture à des formes et à des espaces culturels étrangers qui ont préparé le jeune Akira à sa rencontre avec une langue étrangère, en l’occurrence le français. On pourrait élargir cette notion de langue « paternelle » aux cas d’autres écrivains et écrivaines dont le père a joué, directement ou indirectement, un rôle déterminant dans la découverte du français, comme par exemple Assia Djebar, dont le père, instituteur de l’école coloniale française en Algérie, l’a initiée à cette langue, ou Kim Lefèvre, dont le père, qu’elle n’a pas connu, puisqu’il a abandonné sa mère quand elle été bébé, était Français, ce qui a incité sa mère à la placer à différentes époques de sa vie dans diverses institutions francophones au Vietnam, où elle a été admise en tant que « métisse » et où elle a appris progressivement le français.
[8] Dans le monde arabe par exemple, cette liberté du français a été maintes fois affirmée par de nombreux écrivains francophones, comme Assia Djebar ou Driss Chraïbi. On pourrait se demander toutefois si elle ne constitue pas aussi une sorte de lieu commun, qui masquerait la liberté d’expression que certains écrivains et certaines écrivaines arabophones, comme par exemple Naguib Mahfouz, Alaa el-Aswany, Ahlam Mosteghanemi ou encore Nawal Saadawi, ont su imposer en arabe sur des sujets particulièrement sensibles, notamment dans le domaine sentimental, sexuel ou religieux.
[9] Akira Mizubayashi note par exemple que le français lui a permis « de recommencer [s]a vie à peine commencée, de refaire [s]on existence entamée, de retisser les liens avec les visages et les paysages, de remodeler et reconstruire l’ensemble de [s]es rapports à l’autre, bref de remettre à neuf [s]on être-au-monde » (Une langue venue d’ailleurs, op. cit., p. 58. C’est l’auteur qui souligne).
[10] Voir Graham Huggan, The Postcolonial Exotic. Marketing the Margins, New York, Routledge, 2001.
[11] Nathalie Nguyen, « Métisse blanche : Entretien avec Kim Lefèvre » (2001), dans Intersections, 5, https://motspluriels.arts.uwa.edu.au/MP2303klf.html, 2001.
[12] Gaston Miron, « Malmener la langue », entretien avec Lise GAUVIN [1993], dans Lise Gauvin, L’écrivain francophone à la croisée des langues. Entretiens, Paris, Karthala, 1997, p. 64.
[13] Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin, The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures [1989], Londres : Routledge, 2002.
[14] « (…) considering the seemingly insatiable appetite for postcolonial autobiographical “return narratives” the French have developed ever since decolonization. Aimé Césaire, Ken Bugul, Maryse Conde, and Leila Sebbar, among other Francophone writers, have all contributed to this genre of postcolonial literature » (Lily V. Chiu, « The Return of the Native: Cultural Nostalgia and Coercive Mimeticism in the Return Narratives of Kim Lefèvre and Anna Moï », Crossroads: An Interdisciplinary Journal of Southeast Asian Studies, vol. 19, No. 2, 2008, p. 113). Nous traduisons.
[15] C’est ainsi que se définit Assia Djebar : « Je suis, sans nul doute, une femme d’éducation française, de par ma formation, en langue française, du temps de l’Algérie colonisée, et si j’ajoute aussitôt “d’éducation française” et de sensibilité algérienne, ou arabo-berbère, ou même musulmane lorsque l’islam est vécu comme une culture, plus encore que comme une foi et une pratique, alors je suis bien une “femme francophone” dans mon activité intellectuelle et critique » (« Être une voix francophone », dans Ces voix qui m’assiègent… en marge de ma francophonie, Paris, Albin Michel, 1999, p. 26).
[16] Suzanne Gehrmann, « Constructions postcoloniales du Moi et du Nous », dans Suzanne Gehrmann et Claudia Gronemann (dir.), Les enJEux de l’autobiographique dans les littératures francophones, op. cit., p. 181.
[17] Pour reprendre les mots d’Assia Djebar : « une écriture véritable et au féminin, dans les pays musulmans de ce prochain XXIe siècle, ne pourra s’approfondir et se développer qu’à partir du corps libéré (ou en train de se libérer) de la femme » (« Être une voix francophone », art. cité, p. 28).
[18] Mar Garcia, « Postures (post) exotiques : “Réveiller les vieux démons de l’exotisme” », dans Anthony Mangeon (dir.), Postures postcoloniales, Paris, Karthala, MSH-M, 2012, p. 259-284.
1.17 Les Afriques et l’environnement. Écrire, transmettre, inventer dans un contexte de crise globale (Toulouse)
- Date de tombée (deadline) : 01 Décembre 2025
- À : ICT, Toulouse
Journée d’études
Les Afriques et l’environnement. Écrire, transmettre, inventer dans un contexte de crise globale.
Chaire francophonies et migrations – Projet LAMVEC
Institut catholique de Toulouse
15 janvier 2026 – 9h-17h
Format mixte – Présentiel et visio-conférence
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Les Afriques se distinguent par leurs particularités culturelles, géographiques, ethniques, linguistiques, religieuses mais aussi par les dynamiques migratoires et les interactions historiques entre peuples. Ces différences sont à la fois sources de défis et potentiellement génératrices d’idées novatrices, notamment en matière d’éducation, de dialogue interculturel et, dans un contexte de crise globale, d’initiatives dans la sphère environnementale.
En effet, à travers l’histoire le continent africain a su faire preuve de résilience, transformant des vulnérabilités en forces, notamment grâce à la créativité de ses populations qui, confrontées à des contraintes exogènes, n’avaient d’autre choix que de s’adapter pour survivre.
Aujourd’hui les bouleversements environnementaux se multiplient, amplifiés par le changement climatique, l’urbanisation accélérée, la déforestation ou encore un rapport aux ressources naturelles placé sous le sceau de l’extractivisme. Des questions comme la gestion de l’eau occupent une place toujours plus importante dans le débat public en lien avec d’autres problématiques comme l’érosion des sols, la préservation de la biodiversité, la désertification, la capacité des populations à assurer leur subsistance.
Face à ces défis les populations font souvent montre d’une inventivité remarquable notamment à travers la réappropriation de savoirs traditionnels, le développement de solutions juridiques innovantes ou encore l’émergence d’une production littéraire qui reflète et questionne les mutations en cours.
Dans cette perspective l’éducation joue également un rôle central. Au-delà de la transmission elle est un levier puissant permettant de stimuler le changement, elle favorise la prise de conscience des enjeux de l’époque. Surtout, elle ouvre la voie à des approches collaboratives et interculturelles pour un développement soutenable tant sur le plan environnemental que social.
De son côté le droit peut structurer les réponses politiques et institutionnelles aux crises et permet d’éclairer la manière dont les systèmes juridiques africains intègrent des principes nouveaux (en matière de protection environnementale par exemple).
Enfin, la littérature africaine offre une voix aux populations et participe de la sensibilisation aux grandes problématiques sociétales.
Cette journée d’étude s’inscrit donc dans une volonté de dépasser les idées préconçues et de mettre en lumière la vitalité des sociétés africaines francophones face aux défis du siècle. Elle adopte une approche transdisciplinaire en croisant les regards scientifiques, littéraires et juridiques tout en valorisant la diversité des expériences.
En intégrant les dimensions de la transmission des savoirs, de la créativité, du droit et du dialogue nous espérons proposer des pistes de réflexion ancrées dans les réalités locales tout en nous inscrivant dans une dynamique plus globale de coopération et d’innovation.
Mots-clés : Afriques, francophonie, environnement, droit, éducation, transmission, littérature
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Pistes bibliographiques
- Abomo-Maurin, Marie-Rose, Le roman camerounais de la forêt. De 1960 à 1990, l’être humain et son environnement, Canada, Éditions du Channel, 2020
- Ba Sadou, Mon engagement pour la terre, Dakar, L’Harmattan Sénégal, 2025
- Blanc, Guillaume, La nature des hommes. Une mission écologique pour “sauver” les hommes, Paris, La Découverte, 2024
- Blanc, Guillaume, L’invention du colonialisme vert, Collection « Champs essais », Paris, Flammarion, 2022
- Duterme, Bernard, L’urgence écologique vue du Sud, Alternatives Sud, Paris, Éditions Syllepse, 2020
- Edjangué, Jean-Célestin, Éducation à l’environnement en Afrique, Le rôle des médias, Paris, L’Harmattan, 2014
· Ferdinand, Malcom, Une écologie décoloniale, Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Collection Anthropocène, Paris, Seuil, 2019 - Laourine, Safa, Écotourisme Durable et Éducation environnementale : Cas de l’Ichkeul, Éditions universitaires européennes, 2014
- Ndinga, Assitou, Les marchands du développement durable, Collection Encres Noires, Paris, L’Harmattan, 2006
- Ouassak, Fatima, Pour une écologie pirate, et nous serons libres, Paris, La Découverte, 2023
- Rodary, Estienne, Crises et résistants : les écologies politiques en Afrique, Écologie & Politique, 2011/2 N° 42, Paris, Presses de Sciences Po, 2011
- Taleb, Mohammed, L’écologie vue du Sud. Pour un anticapitalisme éthique, culturel et spirituel, Paris, Sang de la terre, 2014
- La protection de l’environnement par les juridictions, africaines : avancées nationales et régionales, Revue africaine de droit de l’environnement, N°5, 2020
Les propositions sous forme de résumés (2000 signes maximum) devront parvenir avant le 1er décembre 2025 à :
olivier.damourette@ict-toulouse.fr
Le comité d’évaluation statuera le 10 décembre 2025
1.18 Expansion et internationalisation de la bande dessinée produite au Canada (Revue internationale d’études canadiennes / International Journal of Canadian Studies)
- Date de tombée (deadline) : 05 Décembre 2025
- À : Toronto, University of Toronto Press (publication)
Revue internationale d’études canadiennes / International Journal of Canadian Studies
Numéro 64 – mai 2026
« Expansion et internationalisation de la bande dessinée produite au Canada »
Le comité de rédaction de la Revue Internationale d’études canadiennes (RIEC) lance un appel à articles originaux pour son numéro spécial (n°64) qui sera publié en juin 2026, autour de la thématique : “Expansion et internationalisation de la bande dessinée produite au Canada”. Il sera co-dirigé par deux chercheurs invités : Jean Sébastien (collège de Maisonneuve, Québec) et Chris Reyns-Chikuma (Université de l’Alberta).
La bande dessinée produite au Canada s’est cantonnée, au cours du vingtième siècle, à la publication dans la presse (périodiques et quotidiens). Elle a connu des sursauts, notamment pendant la Seconde guerre mondiale avec les Canadian whites dans le contexte de la Loi sur la conservation des changes en temps de guerre (War Exchange Conservation Act), puis dans les 60-70 avec les underground comix et la presse alternative. Cependant, c’est depuis trente ans qu’elle s’est fortement développée (Postema et Lesk 2020, Falardeau 2020) s’inscrivant ainsi de plain-pied dans le renouveau du médium pendant cette période où on a vu naître le roman graphique (Denson et al. 2013). Des maisons d’édition maintenant bien établies (notamment Drawn & Quarterly, La Pastèque, Conundrum Press, Pow Pow, Highwater Press, Glénat Québec) proposent les unes en anglais, les autres en français, plusieurs titres chaque année.
Pendant cette même période, on a vu la publication d’un grand nombre de bandes dessinées réalisées par des artistes autochtones au Canada, incluant quelques titres qui font une place, au moins en partie, aux langues de ces artistes. Dans l’ensemble, on peut voir là une situation propice au développement de transferts culturels (Espagne 2012) entre les diverses nations au Canada. Nous cherchons donc par exemple à comprendre dans quelles mesures ces transferts dans l’édition reflètent certaines valeurs canadiennes, québécoises ou autochtones telles que le multiculturalisme, l’interculturalisme ou un certain imaginaire des grands espaces.
Des autrices et des auteurs se sont emparé.e.s de tous les genres : autant ceux plus traditionnellement associés au neuvième art, comme l’humour ou le super-héroïsme que ceux jusqu’alors peu exploités en bande dessinée comme le récit de vie (Rifkind et Warley 2016), la bande dessinée reportage (Henry 2022) ou la narration historique (Lesk 2010). À cela s’ajoute la création de mangas locaux, par exemple les séries Dramacon (Tokyopop) de Svetlana Chmakova ou Les élus Eljun (Michel Quintin éditeur) de Jean-François Laliberté et Sacha Lefebvre, œuvres dont l’existence même démontre le soft power japonais en matière de culture.
Les stratégies des maisons d’édition pour faire connaître des autrices·auteurs hors du Canada diffèrent selon le marché d’origine et le marché cible. Alors que pour l’édition en anglais le marché est d’abord tout naturellement nord-américain et pensé comme tel, parfois avec des distributeurs distincts pour le Canada et les États-Unis, l’édition en français vise d’abord le marché québécois et franco-canadien démographiquement plus limité, et pour les éditeurs dont le catalogue est plus conséquent, l’Europe avec un distributeur spécifique pour ce marché. À ceci s’ajoute le travail de coédition, notamment entre Pow Pow et L’Association, qui conduit aussi à de nouvelles opportunités (Reyns-Chikuma, Rheault et Sébastien, 2023).
Le développement de projets transmédiaux constitue un autre pan de cette expansion, d’autant plus que des entreprises installées dans plusieurs pays occupent une place centrale dans le développement de jeux vidéo et dans la production en animation. Les créations qui migrent de la bande dessinée vers l’animation (Scott Pilgrim, The Clockwork Girl, Red Ketchup, Kagagi: The Raven) ou inversement (Totally Spies) constituent autant d’exemples d’une internationalisation du travail créatif à laquelle prennent part des artistes du Canada. Il en va de même pour le développement de jeux avec des adaptations d’œuvres pour la jeunesse (Scott Pilgrim encore, mais aussi L’agent Jean et Les dragouilles).
Une série de questions émergent auxquelles notre numéro spécial de RIEC cherchera à répondre :
- Quels rôles respectifs jouent les artistes, les maisons d’édition, les compagnies de distribution et la critique dans les transferts culturels ?
- Quelles perspectives historiques peuvent être utiles pour aborder la production en bande dessinée ? Par exemple, l’impact de la Seconde Guerre mondiale et de la Loi sur la conservation des changes en temps de guerre a-t-il été différent pour l’édition dans les diverses communautés ?
- Comment les diplomaties culturelles canadienne et québécoise travaillent-elles à diffuser des œuvres donnant une certaine représentation du Canada ? des langues officielles ? de la présence de cultures autochtones ? du caractère, selon le cas, multiculturel ou interculturel de la nation ?
- Comment la publication en ligne vient-elle modifier les rapports entre les différentes cultures présentes au Canada ?
- Le fait pour des artistes de gagner leur vie en partageant leur temps entre création de livres et travail en studio d’animation ou de jeux est-il propice aux transferts de pratiques entre médiums ? est-il propice aux échanges internationaux ?
- Quel impact a le quasi-culte de l’autorat en francophonie sur les possibilités d’élargir la diffusion des œuvres ?
- Quel impact a la vente de droits pour des projets transmédiaux sur le monde de l’édition canadienne de bande dessinée et du roman graphique ?
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Bibliographie
DENSON, Shane et al. 2013. Transnational Perspectives on Graphic Narratives: Comics at the Crossroads. New York: Bloomsbury Academic.
ESPAGNE, Michel. 2012. “La Notion de Transfert Culturel.” Revue Sciences/Lettres, no. 1 (April). https://doi.org/10.4000/rsl.219 .
FALARDEAU, Mira. 2020. L’art de la bande dessinée actuelle au Québec. Québec : Presses de l’Université Laval.
HENRY, Wilson. 7 février 2022. “Drawing Things Together.” The Signal. Repéré à https://signalhfx.ca/drawing-things-together/
LESK, Andrew. 2010. Redrawing nationalism: Chester Brown’s Louis Riel: a comic-strip biography. Journal of Graphic Novels & Comics. 1 (1), 63-81.
POSTEMA, Barbara et Andrew Lesk. 2020. “What Happens Next? The Young Canadians.” Journal of Graphic Novels & Comics. 11 (5–6): 496–500. https://doi.org/10.1080/21504857.2020.1806894
REYNS-CHIKUMA, Chris, Jean Sébastien, et Sylvain Rheault (Guest editors). 2023. Numéro spécial: “Beyond the Two Solitudes: Cultural Transfer in the World of Comics and bandes dessinées”, American Review of Canadian Studies, volume 53, no 3.
RIFKIND, Candida et Linda Warley. 2016. Canadian Graphic: Picturing Life Narratives. Waterloo: Wilfrid Laurier University Press.
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La revue publie également des articles qui ne concernent pas directement la thématique, et qui peuvent être soumis à tout moment.
IJCS / RIEC est une revue interdisciplinaire et bilingue publiée par les Presses de l’université de Toronto et soutenue par le Conseil international d’études canadiennes (CIEC). Ses contributeurs étudient le Canada sous l’angle de diverses disciplines en sciences humaines et sociales : les arts, la littérature, la géographie, l’histoire, les études autochtones, les sciences sociales et politiques. Elle publie des articles thématiques et des articles non-thématiques. Tous les articles sont soumis à une double évaluation à l’aveugle.
Les articles :
Le comité éditorial de la revue examinera les articles (6000 à 8000 mots et deux résumés en français et anglais) répondant à la thématique proposée pour le numéro 64, ainsi que d’autres articles hors thématique, des diverses disciplines et perspectives en études canadiennes (études politiques, relations internationales, littérature et les arts, histoire, études autochtones, sociologie, anthropologie).
Les soumissions en français ou en anglais peuvent être déposées sur le portail du journal à partir de septembre 2025 et jusqu’au 5 décembre 2025.
1.19 Annual Meeting of the French Colonial Historical Society: “Après la tempête: Afterlives of Colonial Crisis and Conflict”
Maynooth, Ireland, 25-27 June 2026
The 50th Annual Meeting of the French Colonial Historical Society (FCHS) will take place at Maynooth University (Ireland) from Thursday, June 25, through Saturday, June 27, 2026. All conference events, including all panels, will take place on Maynooth University campus. Additionally, Maynooth University will host a gala reception.
Proposals on any topic related to French colonial history and its legacies are welcome. We especially invite papers related to this year’s theme, “Après la tempête: Afterlives of Colonial Crisis and Conflict”. The FCHS invites participants to consider how individuals, communities and societies grappled with the consequences of military conflicts, colonial massacres, environmental disasters, economic disorder, social upheaval and political crises across different temporal and geographical contexts in the French colonial empire. The lives of the inhabitants of the empire – their bodies, their minds, their homes and their communities – were constantly transformed and remade through crises and conflicts in ways that had profound implications both for the imperial polity itself and for the lived experiences of those over whom it ruled and those who administered its rule. We are eager to explore how the colonial system structured responses to crises and conflicts and how it shaped resilience and reconstruction within impacted communities. We also encourage participants to consider how the afterlives of crisis and conflict led to a reorganisation and reimagination of colonial rule, a revitalisation of critiques of colonialism and, in some cases, organised resistance to its perpetuation. Finally, we particularly welcome a focus on how individuals or communities in the empire negotiated the aftermath of crisis and conflict and sought to assert control over their own destinies in the wake of disaster.
The Society encourages students, scholars and educators from all disciplines to submit proposals. The proposal submission deadline is November 14, 2025. Papers may be delivered in English or French.
Paper proposals for the Maynooth conference should include a 100-200 word summary with the title of the paper, name, institutional affiliation, e-mail address and a brief curriculum vitae (1-2 pages) integrated into a single file, preferably in MS Word format. Equipment for PowerPoint presentations will be available in all conference rooms.
Proposals for complete panels or roundtables should include the information above for each participant, as well as contact information and a short C.V. for the moderator if one is suggested. The program committee can help find moderators, if necessary.
- Individual paper proposals should be submitted online via the Individual Proposal Form.
- Proposals for complete panels or round tables should be submitted online via the Panel or Roundtable Proposal Form.
- Individuals willing to moderate a panel should provide their contact information and a brief c.v. via the online Moderator Interest Form.
All conference participants must be or must become members by the time of acceptance of their paper (no later than January 2026). All conference participants must also purchase registration for the conference. The rates for membership and conference registration, as well as the payment system, will be available on the society’s website.
Shorrock Travel Award for Graduate Students
Graduate students (PhD awarded after November 2025) may apply for the Shorrock Travel Award. This award honors the memory of Bill Shorrock, who was an enthusiastic supporter of graduate students and their work. This award is presented annually to defray the travel costs for graduate students presenting papers at the society’s annual meeting. Those who wish to be considered for this award should fill out the Shorrock Travel Application by November 14, 2025. The application consists of a one-paragraph description of your dissertation, your paper abstract and an estimated budget of travel expenses (including other anticipated sources of funding).
The Sue Peabody Prize
This prize is awarded to help fund travel to and participation in the annual meeting by a colleague at a scholarly institution outside North America or Europe. The Peabody Prize honors the contributions of Sue Peabody, former FCHS President, for her outstanding commitment to inclusivity and diversity in the field of French colonial history, and for her ongoing contributions to the Society and the field.
Recipients of the award must present at the FCHS/SHCF annual conference. Recipients must hold a full-time position at a scholarly institution outside of Canada, the USA or Europe.
To be considered for this award, please fill out this Sue Peabody Prize Application before the deadline of 14 November 2025.
Conference Site, Travel, & Accommodations
The conference hotel is the Glenroyal Hotel in Maynooth, situated 10 minutes by foot from the conference venue. Some limited accommodation may be available on campus. The campus and the hotel are situated in the town centre of Maynooth, close to the train station. The conference will be held on Maynooth University’s historic South Campus.
Maynooth is located around 30 kms southwest of Dublin Airport. There is a bus, No. 22, from the airport to Maynooth five times a day. The university is easily accessible from Dublin city by train from Connolly Station or Drumcondra Station. The trains run regularly and take between 25 and 45 minutes.
Maynooth is a small university and market town located on the banks of the Royal Canal. It was the historic home of the Fitzgerald family, the Earls of Kildare and Dukes of Leinster. Their original castle is located at the entrance to the campus while their stately home, Carton House, is within walking distance of the town centre.
In Dublin, the National Museum campuses on Kildare Street (Archaeology) and Collins Barracks (Decorative Arts and History) are free of charge, as is the National Gallery. We strongly recommend visiting Kilmainham Gaol, a key historical site of incarceration that offers deep insights into the social history of Ireland and the history of political struggle against British rule.
Additional information about the Society’s scholarly activities, fellowships and past conferences is available at www.frenchcolonial.org. If you have questions concerning the conference, please email frenchcolonial2026@gmail.com.
1.20 Appel à communications, numéro spécial de French Historical Studies sur les relations entre Européens et Autochtones dans les Amériques françaises
La revue French Historical Studies lance un appel à contributions pour un numéro à paraître en 2028 consacré aux relations entre Européens et Autochtones dans les Amériques françaises. Ce dossier accueillera des articles portant sur toutes les périodes entre le 16e siècle et aujourd’hui. Les articles pourront traiter les régions des Amériques où les rencontres entre Français et Autochtones furent récurrentes ou régulières – notamment l’Acadie, le Brésil, les Caraïbes, la Floride, la Guyane française, la vallée du Saint-Laurent, la région des Grands Lacs, et la Louisiane – ; ils pourront également interroger les expériences historiques des relations franco-autochtones à travers les Amériques au-delà des zones d’influence impériale française, y compris au sein des empires britannique, espagnol, hollandais, et portugais, ainsi qu’ailleurs dans le monde Atlantique, en Europe et au-delà. Les articles retenus pour ce dossier mettront en évidence la richesse des travaux sur ces thématiques dans les contextes français et francophone, traduiront les préoccupations et approches actuelles et ouvriront des pistes fécondes pour la conception de futurs programmes de recherche. Les contributions pourront interroger les axes suivants, sans toutefois s’y limiter : · Métissage, hybridité culturelle et populations métisses · Rhétorique, diplomatie et médiation · Pouvoir, gouvernance et souveraineté autochtones · Circulations, mobilités et connexions transatlantiques · Relations franco-autochtones et histoire environnementale · Dimensions symboliques, culturelles, politiques et économiques des échanges commerciaux franco-autochtones · Relations franco-autochtones après la fin de l’empire français en Amérique du Nord · Indigénéité dans les DOM-TOM français et à travers le monde francophone aux 20e et 21e siècles · – Peuples autochtones dans la mémoire historique et la culture populaire françaises (musées, bande dessinée, littérature, cinéma, télévision, radio, théâtre, musiques populaires, arts visuels et plastiques, mode, commémorations officielles) Nous invitons les chercheur.se.s intéressé.e.s à adresser toute question à nos deux directeurs du numéro spécial : Paul Cohen (p.cohen@utoronto.ca) et Scott Berthelette (sab25@queensu.ca). La date limite de remise des articles est le 31 août 2026. Les articles peuvent être soumis en anglais ou en français ; mais dans les deux cas, ils doivent respecter les consignes de soumission de la revue : https://read.dukeupress.edu/french-historical-studies/pages/Submission-Guidelines. Toute soumission doit suivre le format du Chicago Manual of Style (17ème édition), ainsi que les exigences de soumission de la revue. Les articles ne doivent pas dépasser 10.000 mots (hors notes). Merci de bien indiquer que votre manuscrit est soumis en vue du numéro spécial.
1.21 Call for Papers: Special Issue series ‘Diasporic Cinemas’
Series overview
Diasporic Cinemas is a major multi-part thematic series for Film International (Intellect), bringing together several interlinked issues that examine the evolving ecologies of diasporic film and screen practice across the world. The series proposes that diasporic cinema is not merely a mode of representation but a dynamic site of production, circulation and innovation where questions of creativity, culture, identity, belonging, policy and technology intersect.
Over the past two decades, diasporic cinema has moved from the margins of film scholarship to a central position within global screen studies. This intellectual shift parallels real-world changes where migration and multiculturalism are defining features of societies – and thus of their cinemas. The growing prominence of diasporic filmmaking reflects the realities of increased human mobility, transnational collaboration and the emergence of new media infrastructures that have profoundly expanded how, where and by whom diasporic films are produced and disseminated.
Across its several parts, the Diasporic Cinemas Special Issue series charts a comprehensive intellectual and creative map by articulating the multiple conditions that shape diasporic screen cultures. The series seeks to consolidate a renewed critical vocabulary for understanding cinema’s global entanglements with migration, mobility, place and cultural imagination in the twenty-first century.
Dr Arezou Zalipour, Diasporic Cinemas (Film International, Intellect)
Associate Professor, Auckland University of Technology
Co-editor, Film International: Journal of World Cinema (Intellect)
Diasporic Cinemas Special Issue series Part 1 – ‘Diasporic Cinemas: Policy and Industry across Borders’
Diasporic cinema operates within and across diverse industrial and policy environments that profoundly shape how films are developed, financed, distributed and exhibited. While the aesthetic dimensions of diasporic filmmaking have received considerable scholarly attention, the industrial and institutional frameworks that enable – or limit – these works remain comparatively understudied.
This first issue in the series foregrounds the industry studies of diasporic cinema. It invites articles that interrogate how industry contexts, public funding mechanisms, diversity and inclusion policies, transnational co-production treaties and market structures are shaped and how they influence the creation and circulation of diasporic films. The issue aims to advance critical conversations about how film industries, policy discourses, economic challenges and market logics negotiate diaspora, identity and representation.
Topics may include, but are not limited to:
- Impacts of national film policies, diversity initiatives and institutional funding criteria on diaspora-led projects
- Strategies employed by diasporic filmmakers to navigate public, private or alternative financing systems
- Comparative analyses of how different national industries include or marginalize diasporic voices and narratives
- Policy case studies addressing contradictions or unintended consequences within diversity and equity frameworks
- The commodification of ‘diversity’ in global film markets
- Transnational co-production regimes and their implications for diasporic creative autonomy
- Historical shifts in industrial and policy approaches to migration and representation in national and translational contexts
- The role of diaspora-led production companies, collectives and guilds in redefining screen industry ecosystems.
Contributors are encouraged to engage with interdisciplinary approaches that combine policy analysis, production studies, comparative industry research and critical cultural analysis. The issue welcomes both case studies and broader theoretical interventions that map the intersections of power, policy and industry in diasporic screen cultures.
Submission Guidelines
Initial inquiries and 200–400 word abstracts (with a brief biographical statement) should be sent to the series editor:
Associate Professor Arezou Zalipour, Auckland University of Technology (AUT)
arezou.zalipour@aut.ac.nz
- Abstracts due: 26 January 2026
- Full essays: 6000–8000 words
- Peer review: All completed essays will undergo double-blind peer review. Please note that acceptance of an abstract does not guarantee publication.
Publication: Rolling release within Film International’s Diasporic Cinemas Special Issue series.
Contact Information
Dr Arezou Zalipour
Contact Email
arezou.zalipour@aut.ac.nz
1.22 Call for Chapter Contributions/Contributors for Edited Volume: “Intimacies in Flux: Exploring History, Law, and African Sexualities”
We invite contributions to an interdisciplinary edited volume tentatively titled Intimacies in Flux: Exploring History, Law, and African Sexualities, under informal acceptance with Routledge (final confirmation pending completion of the contributor list).
This volume seeks to curate and critically synthesize cutting-edge scholarship on African sexualities, intimate lives, and justice regimes. Moving beyond static binaries or single-theme narratives, it explores the dynamic interplay of history, law, culture, religion, and custom as mutually constitutive forces shaping intimacy, gender, and belonging across African societies—from the precolonial era to the digital present.
By centering legal and normative regimes, including customary law, religious codes, colonial statutory frameworks, and postcolonial constitutional and human rights law, the volume examines how Africans have navigated plural legal orders as lived realities through which power, morality, and identity are contested and reconfigured.
Ultimately, Intimacies in Flux will illuminate how Africans continually remake the meanings of intimacy, justice, and freedom through lived experiences, resistance, and creative negotiation of law and culture.
Suggested Themes
We welcome contributions addressing, but not limited to, the following themes:
- Intimacies in precolonial normative orders
- Colonial legal regimes and moral regulation
- Religion, custom, and law in transition
- Postcolonial transformations and legal reform
- LGBTQ+ identities, belonging, and legal challenges
- Access to justice and legal pluralism
- Expression, morality, and the law
- The power of narrative and public influence
- Diaspora and transnational dialogues
- Pathways, policy, and futures of justice
- Afrocentric jurisprudence and inclusive reform
- Reimagining the futures of intimacy and law
Submission Guidelines
- Abstract: 150–200 words
- Tentative Title and 2–3 Keywords
- Short Biography: 3–4 lines (include affiliation, title, and profile link if available)
- Projected Word Count for Full Chapters: Approximately 8,000 words
- Deadline for Abstracts: Friday, 14 November 2025
Co-authored chapters are welcome, particularly those offering interdisciplinary or cross-regional perspectives.
Submission and Contact Information
Please send your abstract and biography to:
Dr. Zanele Nyoni-Wood — z.nyoni-wood@lancaster.ac.uk (Lancaster University)
Dr. Bright Alozie — balozie@pdx.edu (Portland State University)
Once the contributor list is finalized and publisher terms are confirmed, contributors will receive further details, including submission timelines, style guidelines, and editorial processes.
About the Editors
- Dr. Zanele Nyoni-Wood is a Senior Lecturer at Lancaster University Law School, whose research examines gender, law, and postcolonial justice in Africa.
- Dr. Bright Alozie is an Associate Professor of African and Black Studies at Portland State University, whose scholarship spans colonial and sociopolitical history, women and gender studies, digital and oral history, and social movements in African and Black history.
Contact Information
Please send your abstract and short biography to:
Dr. Bright Alozie — balozie@pdx.edu (Portland State University)
OR
Dr. Zanele Nyoni-Wood — z.nyoni-wood@lancaster.ac.uk (Lancaster University)
1.23 What Are Your Methods for Africa and the Diaspora? – HIA Call for Papers
What Are Your Methods for Africa and the Diaspora? – HIA Call for Papers
History in Africa (HIA) is the long-standing “journal of method,” of the African Studies Association (ASA) published by Cambridge University Press. We have a new editorial team and welcome creative thoughts and innovative projects on Africa and its diasporas. Our new call for papers requests submissions before January 1 for inclusion in the 2026 issue.
Read here about our new editorial team under the dual editorship of Paul Bjerk and Andrew Wegmann of Texas Tech University, with the support of three outstanding Associate Editors, Nicole Eggers of the University of Tennessee in Knoxville, Chapane Mutiua of Eduardo Mondlane University in Maputo, and Alex Lichtenstein of Indiana University in Bloomington, who was previously the lead editor of the American Historical Review. A diverse new Editorial Review Board of global reach is in place to facilitate this expansion of the journal’s scope.
At the ASA meeting in Atlanta at 1:00 p.m. on Friday, November 21, the HIA team has organized an extraordinary panel combining senior scholars, like Michael Gomez and James Sweet, who pioneered diasporic methods in the Atlantic context, and up-and-coming scholars like Chelsea Berry, Caree Banton, and Kimberly Wortmann, whose books point precisely to the vast scope of methods and approaches to Africa’s many diasporic impacts.
In the 21st century, insights into the interlinkages of African cultures in the Atlantic World have expanded dramatically and have pioneered new methods of mapping African cultures across profound historical ruptures. The methods powering these studies continue to open up new possibilities, while Africa’s cultural presences in the Indian Ocean, the Middle East, and Europe remain understudied and stand to benefit from the pioneering work in the Atlantic World.
Reach out and join us!
2. Job and Scholarship Opportunities
2.1 Associate or Full Professor in African Diaspora History, Spelman College – Georgia
About the Department:
Centered in the Division of the Humanities, the Department of History offers the intellectually curious student an opportunity to explore and interpret past developments, the role they play in current local, national and global realities, and to participate fully in charting the path ahead, cognizant of the historical foundations of both the now and the future. The Department of History prepares the next generation of women of African descent as thought leaders in History by offering a rich, well-rounded academic education, graduate school, career and leadership preparation in the discipline of History and a profound understanding of the centrality and role of history in global developments and finding solutions to global problems. An understanding of history, historiography, historical research, and analysis lies at the heart of the liberal arts education approach of this premiere HBCU (Historically Black College and University), one of only two dedicated to educating women of the African diaspora.
With a major in History, our students are fully prepared with the essential skills of the discipline of History, but also with a broad spectrum of twenty-first century transferable skills that equip them for careers in wide -ranging fields. History majors graduate with a solid and interdisciplinary foundation of reading, writing, research, critical thinking, incisive analysis, multimodal presentation and argumentation, documentation, unearthing and telling stories using various theoretical frameworks, methodologies, and modalities, making connections in developments, trends, and through time, space, and using a variety of analytical lenses to ensure they consider all perspectives. Our majors are accepted into leading graduate programs and can be found in a wide range of fields, that include but are not limited to: academia, K-12 education, the world of business, archives, museums, public history, conservation, ecology and environmental protection and conservation, government, non-profit organizations, medicine, health careers, urban planning and development, administration, religion, social work, journalism, documentary film-making, law, social justice activism, consultancy, local, national, and global leadership.
About the Position:
The Department of History invites applications to fill a senior position with the department beginning August 2026, at the rank of Associate / Professor of History who will also serve as Director of the African Diaspora and the World Program in the first instance and renewable subject to performance evaluation.
Applicants must have already received tenure at their current institution, have the ability to develop and teach courses on the History of the African Diaspora with a focus on women, and expertise in at least one geographical area of concentration.
Essential Duties and Responsibilities:
As Associate/Full Professor in the Department of History, the successful candidate will be required to develop and teach courses on the History of the African Diaspora, with a special focus on women and in at least one geographical area of concentration that complements and extends the current range of offerings within the department.
The successful candidate will also be expected to contribute to the teaching of core courses in the major and must have some demonstrated experience in program leadership. Applicants must share the college’s commitment to advising and mentoring students, to global education, real world preparedness, employing high impact current instructional technologies, and providing service to the department and college.
The successful candidate needs to demonstrate an acumen for innovative, visionary, and collaborative leadership, and dedication to all-round excellence in alignment with the mission, vison, and strategic goals of both the department and the institution. Candidates with a demonstrated commitment to program efficacy, curriculum and faculty development, and working with women and underrepresented minority students are especially encouraged to apply.
As Director of the African Diaspora and the World Program, the successful candidate will also be expected to work with the Division Chair, chairs of departments that contribute to the staffing and curriculum of the program, and an advisory committee of faculty. The African Diaspora and the World Program is a gender-infused, multi-disciplinary, two-semester general education course sequence that has been specially designed and intended as a signature first-year experience specific to the students of this institution. The course is intended to prepare young women of African descent for full-functioning and leadership in the twenty-first century world with a full understanding of the experiences of the global African Diaspora historically and in contemporary times, and the factors that have influenced those experiences. The course is intended to create a safe space for women of African descent to fully explore their past, to understand how world developments have affected them and how they have exercised resilience, agency, self-empowerment and leadership over time. It encourages our students to locate themselves at the center of their own identity and experiences, and to view that central positionality as a sine qua to their own empowerment and future choices.
The Duties of Program Director include, but are not limited to, the following:
- providing leadership for the unit’s academic program, including enhancing the curriculum, ensuring curriculum integrity, and currency, relevance, and appropriate rigor
- assuring the high quality of instruction within the program
- conducting and overseeing evaluation of program faculty through class visits, peer evaluations, reviewing student evaluations, and evaluation reports
- managing the program budget
- assessing the quality and effectiveness of the academic program through evaluating student learning outcomes, annual curriculum review, and syllabi revision
- ensuring standardization in course content, pedagogy, assignments, and assessment rubrics across all course sections to ensure a commonality of experience for students in this signature year-one program
- initiating grant writing efforts consistent with program goals and purpose ensuring adequate staffing of all program course sections through instructor recruitment and hiring
- teaching at least one course section per semester within the program
- developing a calendar of co-curricular program events and activities each semester
- convenings regular instructor meetings and training workshops
- ensuring that proper minutes are kept of all meetings and workshops
- ensuring content and pedagogical development for program faculty via attendance and participation in conferences, symposia, workshops, panels etc. with a focus on the worldwide African Diaspora
- attending monthly Council of Chairs meetings of chairs, and with the Division Chair
- preparing and submitting annual program reports
- conducting and overseeing the Program Review Process
- supervising Administrative Assistant / Program Coordinator
Qualifications: Ph.D. in History (any specialty within the African Diaspora) and tenure at current institution. Applicants should be proven leaders with a record of stellar scholarship, sound intellectual vision, along with administrative and teaching experience, and an ability to work collaboratively with others.
Application Timeline: Review of applications will begin immediately and continue until the position is filled. Preference will be given to candidates with complete application dossiers submitted by January 16, 2026. All reference letters must be received by January 30, 2026. We expect to complete preliminary and on-campus final interviews, plus select a final candidate for hire by March 31, 2026. The selected candidate must be ready to assume the position in August 2026.
Application Materials:
Complete and submit online application form and upload the following required documentation via the Spelman College HR People Admin site:
- Cover Letter of Application
- Updated Curriculum Vitae
- Unofficial copies of graduate transcripts. Official transcripts will be required at time of hire.
- 1-page Teaching Philosophy Statement
- 1-page Scholarly Philosophy Statement
- 1-page Service Philosophy Statement
- 1-page Leadership Profile Statement
- Two Sample Syllabi (one lower level; one upper level)
- Writing sample
- Three (3) Letters of Reference
Contact Information
Questions may be directed to Marcelle Welch at facultyjobs@spelman.edu
in the Faculty Affairs Office. Please do not contact members of the Search Committee.
2.2 Assistant/Associate Professor in Black Feminisms, University of Maryland – College Park – Maryland
The University of Maryland, College Park, invites applications for a tenure-track/tenured appointment as assistant or associate professor in the Harriet Tubman Department of Women, Gender, and Sexuality Studies. We seek a colleague with a well-established record of research and pedagogy that focuses on Black Feminisms and/or Black Queer and Sexuality Studies and/or Black Women’s Studies.
The successful applicant will be expected to teach courses in their area of expertise as well as to share in teaching the core undergraduate and graduate courses in Women, Gender, and Sexuality Studies. The scholar in this position will have the opportunity to contribute to building departmental strengths and emphases, including teaching in the minor in Black Women’s Studies, as well as our curricula at the graduate and undergraduate levels. They will also be expected to participate actively in the life of the Department and the University.
We welcome all areas of specialization. However, a successful candidate will have a distinguished record of research and scholarship in the areas of Black Feminisms and/or Black Queer and Sexuality Studies and/or Black Women’s Studies, a demonstrated commitment to excellence in teaching, and an aptitude for mentoring graduate students in an interdisciplinary program. Ph.D. or comparable terminal degree is required. Rank at appointment will be commensurate with evidence of experience and expertise.
Additional Job Details
The Harriet Tubman Department of Women, Gender, and Sexuality Studies at the University of Maryland is recognized as one of the leading programs in its field within the United States and beyond. In addition to the B.A., Ph.D., and graduate certificate, our department offers undergraduate minors in WGSS, LGBTQ Studies, and Black Women’s Studies (offered jointly with the Department of African American and Africana Studies).
The Department hosts a vibrant community of scholars whose work reflects a wide range of interdisciplinary expertise. Our areas of strength include: Black women’s studies, Black feminist thought, and intersectionality; race and racialization, critical ethnic and diasporic studies, and anti-caste studies; arts, media, cultural, and literary studies; feminist science and technology studies, digital studies, and digital humanities; sexual cultures, queer and trans studies, and queer of color critique; transnational feminisms and global gender justice; Indigenous knowledge systems and Indigenous feminisms; and disability studies and health justice. We seek candidates whose work resonates with one or more of these areas and who are eager to contribute to ongoing departmental conversations about power, relationality, and transformative justice. We also welcome candidates whose work opens new directions or complements existing strengths in ways that deepen our shared commitments.
The Harriet Tubman Department of Women, Gender, and Sexuality Studies maintains a long-standing intellectual and institutional commitment to addressing the structural dynamics of race, racialization, and social injustice. We view the mentoring and training of graduate and undergraduate students as essential to transforming the power structures of the academy and cultivating more equitable futures. In alignment with the College of Arts and Humanities’ strategic commitments to transformative thinking, we continually challenge ourselves to build curricula, research agendas, and public-facing programs that are anti-racist, trans-inclusive, non-ableist, and grounded in the complexity of lived experience. We invite applicants to show how their research, teaching, and service reflect these principles, and how they contribute to building more just, creative, and connected worlds through feminist and interdisciplinary inquiry.
Minimum Qualifications
Education
Ph.D. or comparable terminal degree in Women, Gender, and Sexuality Studies or a related field is required.
Experience
Established record of research and scholarship in the areas of Black Feminisms and/or Black Queer and Sexuality Studies and/or Black Women’s Studies
Preferences
Aptitude for mentoring graduate students in an interdisciplinary program
Required Application Materials
- A 3-4-page letter of application (describing scholarly achievements, contributions to relevant fields, and trajectory of work as it relates to current research agenda; teaching philosophy and experience, including experience in mentoring graduate and/or undergraduate students; and major contributions to the institutions, professions and communities in which the applicant has served)
- a curriculum vitae
- a writing sample (one article or book chapter)
- one syllabus
- the contact information for three recommenders who will submit their references online
If there are other forms of work or URLs related to their work that candidates want the committee to consider, applicants have the option of submitting a single PDF file with a representative sample.
Compensation
Salary Range
$90,000-$110,000
Benefits Summary
For best consideration, please ensure that all application materials are uploaded by December 01 2025.
Inquiries may be sent to the chair of the search committee, Professor Michelle V. Rowley, at mrowley1@umd.edu. Applications must be submitted online via the job posting in Workday.
Contact Information
Inquiries may be sent to the chair of the search committee, Professor Michelle V. Rowley, at mrowley1@umd.edu.
2.3 Two-term Stipendiary Lectureship in French, University of Oxford – Merton College
Merton College proposes to appoint a Stipendiary Lecturer in French for the period 5 January 2026 until 30 September 2026.
The main duties of the post will be: to teach undergraduates reading French for up to twelve weighted hours (i.e. approximately eight contact hours) per week in full term, to share in the organisational responsibility and administration of undergraduate degrees involving French, to act as Director of Studies for a number of students studying French, and to provide study skills and pastoral support.
The successful candidate will be able to teach French language, specifically French to English translation, at all levels; 1st year (Prelims) Paper III (Short Texts) and Paper IV (Narrative Fiction, but not necessarily the prescribed medieval text); and 2nd and 4th year Final Honour School papers in the modern period (19th century to present). They will have completed, or be about to complete, a doctorate in modern literary studies in French (1789-present). The ability to be an effective and inspiring teacher to high-achieving undergraduates is essential.
The duties and skills required, and the entitlements of the post, are described in more detail in the further particulars which also contain information about how to apply. These are available via the ‘Apply’ button above.The closing date for applications is 9.00 am (GMT) on Thursday 20 November 2025. Interviews are expected to be held in the week commencing 1 December 2025.
Merton College is an equal opportunities employer.
2.4 Lecturer in Literatures and Cultures of the Black Atlantic, King’s College London – English Language & Literature
King’s College London is one of England’s oldest and most prestigious universities, founded within the tradition of the Church of England by King George IV and the Duke of Wellington who granted our royal charter in 1829.
King’s has a proud history of inspiring and supporting those who seek to solve the world’s most pressing problems. For almost 200 years, our community has been deeply rooted in the belief that learning and research should serve society.
This commitment to knowledge with purpose – using our expertise as a force for good – lies at the heart of our core mission at King’s. From research that led to the discovery of the structure of DNA, to developing life-changing therapies and making maths education available to underrepresented groups, we continue to have a transformational impact on society.
Fourteen people from King’s and its associated institutions have been awarded the Nobel Prize, including Archbishop Emeritus Desmond Tutu for his role in South Africa’s anti-apartheid campaign, and Professor Michael Levitt for his joint work in developing multiscale models for complex chemical systems.
Notable alumni include British sprinter and world-record holder Dina Asher-Smith , biophysicist Dr. Rosalind Franklin, famous for her work in X-ray spectroscopy, and acclaimed children’s writer Sir Michael Morpurgo.
The Faculty of Arts & Humanities at King’s is distinctive in representing exceptional strength in both the longer established disciplines (such as Philosophy, Classics, English, History, Languages, Music Philosophy and Theology) and world-leading quality in more recently established fields (such as Digital Humanities, Film, Interdisciplinary Liberal Arts, and Culture, Media and Creative Industries).
About the role
The role will be on our Education and Research pathway.
The successful candidate will have proven experience of university teaching, a record of published research appropriate to their career-stage, and also be able to undertake administrative and pastoral duties. They will be able to convene and teach on a range of undergraduate and postgraduate modules. These may include the core level 4 modules Reading Theory and Reading Poetry (taught in small tutorial groups); the level 5 module Genres of Liberation in the Black Atlantic, and the level 6 module Black Studies: Method, Aesthetics, Environment. The role will involve supervision of BA dissertations on topics relating to the successful candidate’s field. They will also be asked to supervise MA dissertations for students on our MA in Contemporary Literature, Culture and Theory and to deliver teaching on the core modules for that programme, Post-1945: Literature, Culture, Theory and Thinking the Contemporary: Theory and Fiction in the Twenty-First Century. The postholder will contribute, as personal tutor, to the pastoral care of students. They will be expected to undertake departmental administration as required, including taking a leading role in the organisation of our annual Sylvia Wynter lecture, as well as our research strand on Critical Race Studies and Global Englishes. They will be responsible to the Head of Department.
Shortlisted candidates will be asked to give a short presentation to the interviewing panel at the beginning of their interview.
This is a full-time post, offered on a fixed-term contract from 5 January 2026-31 December 2026 (Maternity cover)
2.5 Postdoctoral Research Associate – Program in African Studies, Princeton University – Princeton Institute for International and Regional Studies (PIIRS)
Position Description:
The Program in African Studies (PAS) at Princeton University invites applications for a Postdoctoral Research Associate or more senior research positions for the 2026-2027 academic year. Up to two appointments will be offered to exceptional recent PhDs in the humanities, social sciences, interdisciplinary environmental science or engineering, with a focus on African thought, art, media, activism, conservation, economics, urban and rural communities, post-colonialism, and other research related to the African continent and its diaspora.
The term of appointment is based on rank. Positions at the postdoctoral rank are for one year with the possibility of renewal pending satisfactory performance and continued funding; those hired at more senior ranks may have multi-year appointments. The appointment will be made through the Princeton Institute for International and Regional Studies (PIIRS). Applicants must demonstrate outstanding scholarly achievement and excellence in teaching. These positions are open only to scholars who currently do not hold a tenure-track or permanent academic position.
Responsibilities include teaching (one semester-long course per year) and active collaboration in research, discussions, and scholarly events within PAS and PIIRS. In addition, the successful candidate may have the opportunity to advise students in their area of expertise or related areas. When teaching, the successful candidate will carry a secondary teaching rank. Any teaching role is contingent on sufficient course enrollment and prior approval from the Office of the Dean of the Faculty.
In addition to salary and benefits, the program will provide a research fund in the amount of $3,000 per year and a shared office space. Anticipated position start date is 9/1/2026.
Applicants must apply online. The following application items are required and should be uploaded by the applicant:
- Cover letter
- Curriculum vitae
- Dissertation abstract
- Writing sample: one chapter of the dissertation or one published article related to the dissertation topic – 30 pages max with citations.
- Research proposal
- Two course proposals
- Details of prior courses taught and evaluation results if available
- Document confirming your completion of all requirements for the PhD degree
- Names and email addresses for three references. References will be contacted only for those who advance to the short list of candidates.
For fullest consideration applicants should apply by December 15, 2025 11:59 (EST). Due to the anticipated volume of applications, only final candidates will be contacted. Further information about The Program in African Studies can be found at: https://afs.princeton.edu.
Questions about the application process for this position may be directed to Fiona Romaine, fromaine@princeton.edu.
This position is subject to the University’s background check policy. The work location for this position is in-person on campus at Princeton University.
Princeton University is committed to equal opportunity and non-discrimination. To maximize excellence, we seek talent from all segments of American society and the world, and we take steps to ensure everyone at Princeton can thrive while they are here. That is the sole rationale and purpose of our diversity and inclusion programs, all of which are voluntary and open to all, and which comply with federal and state non-discrimination laws.
2.6 Assistant Teaching Professor of French Studies, Wake Forest University
WAKE FOREST UNIVERSITY. The Department of French Studies invites applications for a non-tenure-track Assistant Teaching Professor to begin July 1, 2026.
Position Summary: We seek a dynamic teacher with relevant experience and / or interest in directing study abroad. This is a permanent position with an initial two-year appointment (renewable) that includes funds for professional development. The position of Assistant Teaching Professor offers a clear promotion track toward Full Teaching Professor, providing opportunities for recognition of excellence in teaching and service; research is not required. Teaching load is 3/3; primarily lower-division French courses with regular opportunity to teach mid-level courses in French and first-year seminars in English.
Qualifications: Candidates should have a record of high-quality undergraduate teaching and be committed to contributing to a vibrant French Studies curriculum on campus and on our summer and semester abroad programs in France. M.A. minimum; Ph.D. preferred. Native or near-native fluency in French. We welcome applications from candidates who bring varied experiences, backgrounds, and approaches to the position.
About the Department: The Department of French Studies is an undergraduate department with nine full-time faculty who teach courses at all levels of the curriculum. We are a collaborative group of colleagues who share a strong commitment to engaging students with the rich and varied perspectives of the Francophone world. Our department has a major and a minor, a concentration in French for Business, and well-established faculty-led study abroad programs in Tours (summer) and Dijon (semester). The Wake Forest undergraduate college is firmly committed to the humanities and offers a variety of opportunities for collaboration across campus.
About Wake Forest University: Founded in 1834, Wake Forest University is a private, coeducational institution dedicated to academic excellence in liberal arts, graduate, and professional education. With more than 5,400 undergraduates and 3,800 graduate and professional students, Wake Forest is a collegiate university offering a vibrant intellectual community with a rich cultural life, an impressive array of facilities, and a strong athletics program competing in the Atlantic Coast Conference (ACC). Since its founding, the University has adopted the motto Pro Humanitate, which is exemplified by a deep institutional commitment to public service and engagement with the world. For more information, visit: https://about.wfu.edu/.
Wake Forest University is in Winston-Salem, a beautiful, mid-sized city centrally located in the Piedmont-Triad region of North Carolina. To learn more about Winston-Salem, visit: www.visitwinstonsalem.com.
Application Instructions: Applicants should apply online at https://apply.interfolio.com/17479, submitting a CV and a letter of application (addressed to members of the Search Committee) that addresses (1) the applicant’s approach to teaching introductory and intermediate language courses, as well as (2) the applicant’s interest in directing study abroad and/or experience with programs abroad. Supporting materials regarding study abroad are welcome. After initial review, selected candidates will be invited to submit a complete dossier. Deadline November 1, 2025.
Inquiries should be directed to Dr. Stéphanie Pellet, chair of the Department of French Studies, at pelletsh@wfu.edu or to Wake Forest University Human Resources at AskHR@wfu.edu. Wake Forest University conducts background investigations for all final faculty candidates being considered for employment.
Equal Employment Opportunity Statement: The University is an equal opportunity employer and welcomes all qualified candidates to apply without regard to race, color, religion, national origin, sex, age, sexual orientation, gender identity and expression, genetic information, disability, and military or veteran status.
Accommodations for Applicants: If you are an individual with a disability and need an accommodation to participate in the application or interview process, please contact AskHR@wfu.edu or (336) 758-4700.
2.7 Assistant Teaching Professor in French & Francophone Studies
The department of Modern Languages & Literatures at Santa Clara University (SCU), a Jesuit, Catholic university, invites applications for a full-time, renewable, non-tenure track faculty position at the rank of Assistant Teaching Professor in French & Francophone Studies. SCU is a welcoming and inclusive community of teaching scholars whose work is grounded in the university’s fundamental values. Those values, which include academic excellence, social justice, and community engagement, are infused with a culture of care that defines our community—upholding the dignity of all. The university draws on the many resources of the greater Bay Area, including Silicon Valley, where we are located.
We are seeking to hire a candidate who can demonstrate superior pedagogical acumen and instructional effectiveness at the lower-division level, and who has the ability to build curricular connections with other disciplines (such as STEM, Business, Political Science, International Relations, Communication…). We are particularly interested in candidates whose area of specialization focuses on contemporary French & Francophone cultures and who has the ability to combine their expertise with other areas of need such as French for professional purposes, Environmental studies, medical humanities, translation and translingual pedagogies that would help us better serve a diverse body of students. Ability to speak Spanish is highly desirable but not required. We expect the candidate to actively contribute to our curriculum which combines rigorous training in language and cultures with a variety of opportunities for internships, independent research and cross-cultural interactions perfect for students considering global careers in business, international relations or government related positions. The candidate should also expect to engage in collaborative work to support our curriculum development as well as our outreach and community-engagement efforts.
The successful candidate will start on September 1, 2026. This is primarily a teaching position. The teaching load consists of seven courses (primarily lower-division language courses and Core courses in English), distributed across three quarters (e.g., 2-3-2), which constitutes 70% of any annual evaluation. The successful candidate will also be expected to engage in professional activity (15%), and service (15%) to the department, college, and university. Assistant Teaching Professors are appointed for an initial term of three years. Reappointment to subsequent terms of three years depends upon the availability of funds, persistent programmatic need, and superior teaching, service, and professional activity. Promotion to Associate Teaching Professor and then Teaching Professor is possible under the terms of the Collective Bargaining Agreement.
As with most of the departments in the College of Arts and Sciences, the Department of Modern Languages & Literatures is strictly an undergraduate program. Experience working with diverse groups of students is valued.
REQUIRED QUALIFICATIONS
The following are required of all candidates:
- D. in French & Francophone Studies, or a related field, with a specialization in Contemporary French & Francophone Cultures.
- Evidence of at least two years of excellence in teaching as instructor of record in French language at the university level
- Demonstrated potential for effective and inclusive teaching and mentoring of a diverse undergraduate student population.
- Demonstrated expertise with communicatively-oriented, proficiency-oriented and Standards-based language instruction and assessment at the lower division level.
- Native or near native proficiency (oral & written production and comprehension) skills in French (this includes all its varieties: European, Caribbean, North American, African, etc.), and English.
- Solid proficiency with digital technologies and social media as they relate to teaching and service
- Evidence of creativity in curriculum innovation
- Ability and interest in enhancing students’ learning experience outside of the classroom, including organizing cultural events, academic presentations, internships…etc.
- Ability to work in a collegial and collaborative manner to contribute to departmental goals and priorities
- Demonstrate understanding and support of the University’s Jesuit mission
PREFERRED QUALIFICATIONS
- Ability to design and teach courses that connect with other disciplines (e.g. STEM, Business, Political Science, International Relations, Communication, Public Health…) and for our Core Curriculum (courses in English).
- Experience with instructional technologies
- Experience implementing experiential, and/or project-based learning;
- Demonstrated success in program development is desirable.
- Interest and potential in mentoring undergraduates for internships.
- Ability to teach French for the Professions
- Ability to speak Spanish
Responsibilities. Teaching Professors at SCU are expected to balance teaching, professional activity, and service. This is an in-person position. More specifically, duties include but are not limited to the following:
Teach courses as assigned which may include elementary through advanced courses in language and culture, and CORE courses in English. Teaching load is 7-courses (over 3 quarters) per year. Design creative learning experiences, provide students timely feedback, measure student learning outcomes within the context of departmental and Core objectives and the ACTFL World Readiness Standards, and submit grades by the designated deadline. Maintain weekly office hours on campus at times reasonably convenient to students. Serve as an advisor and mentor to students. Participate in curricular design, new initiatives and assessment projects appropriate to program needs. Collaborate with colleagues in creative efforts to enhance students’ learning experience outside of the classroom (e.g. organizing cultural events, academic presentations, internships etc.) and to promote French & Francophone Studies program. Actively collaborate with colleagues to enhance the French program’s marketing, outreach and recruitments efforts Engage in professional activity that is appropriate to the discipline and that contributes to their primary responsibility for teaching. Fulfill other instructional, academic, and service duties as may be assigned by the Chair of the Department or the Dean of the College of Arts & Sciences.
Teaching and Advising
Teach lower- and upper-division courses in the major and university core curriculum, as assigned by the chair. SCU is on the quarter system and an Assistant Teaching Professor will typically teach two courses in two quarters and three courses in the third. High-quality teaching is prioritized at SCU; therefore, significant faculty-student interaction is expected. The university offers many different opportunities to develop teaching skills through Faculty Development, including regular lunchtime workshops on pedagogy, teaching and technology grants, communities of practice, teaching mentors, and a scholarship of teaching and learning faculty group.
Teaching will be evaluated according to the Teaching Effectiveness Standards and Evaluation (TESE) document developed by each department. Ignatian pedagogy, a hallmark of Jesuit, Catholic universities, is based on the principle of cura personalis, that is, teaching the whole person. At Santa Clara University we define effectiveness in teaching as respectful, challenging, inclusive, engaging, and evidence based. Teaching Expectations and Academic Policies at SCU can be found here.
Professional Activity
Engage in professional activity, which for non-tenure track faculty on the Teaching Professor track refers to scholarly or creative work, professional practice, or other active engagement in a discipline or field that enables a faculty member to remain current in that area and vital as a teacher. Examples of professional activity include attendance or presentations at conferences, occasional publications that contribute to scholarship or pedagogy in the field, creative work in the arts, and practice in a professional field. Faculty in the Teaching Professor ranks shall not be held to the same standards of scholarship as tenure-track Faculty.
Service
Provide effective service to the Department of Modern Languages & Literatures, the College of Arts and Sciences, the University, and the profession through contributions other than teaching and scholarship, such as helping to market the program and recruit, service on committees, participation in professional organizations and activities, leadership, and community service performed by virtue of professional expertise or association with the university, as appropriate to rank and experience.
DEADLINE FOR APPLICATIONS
12/01/2025
START DATE
9/1/2026
SPECIAL INSTRUCTIONS TO APPLICANT
Please submit the following materials through the hiring portal at https://jobs.scu.edu :
- Letter of application, including a statement/ information regarding:
- applicant’s teaching philosophy
- applicant’s vision for promoting student interest in French & Francophone Studies.
- the applicant’s commitment to the Jesuit model of educating the whole person.
- how the applicant meets required and desirable qualifications.
- Curriculum vitae
- Graduate transcripts (unofficial, with official available upon request)
- Names of three persons able to produce letters of recommendation upon request
- Evidence of teaching excellence (small portfolio of sample syllabi, faculty evaluations and
student teaching evaluations from most recent position)
- Applicants selected for an interview will be asked to provide a videotaped teaching
demonstration from one of his/her classes.
ADDITIONAL INFORMATION: Please note that the employment of non-tenure-track faculty as SCU is subject to the terms of a collective bargaining agreement between the University and the Service Employees International Union Local 1021 (“Local 1021”; see https://www.scu.edu/provost/faculty-affairs/cba-ntt/).
Telecommute
Santa Clara University is registered to do business in the following states: California, Nevada, Oregon, Washington, Arizona, and Illinois. Employees approved to telecommute are required to perform their work within one of these states.
Work Authorization:
SCU does not sponsor any applicants for work visas for this position. The successful candidate must be able to provide evidence of identity and legal authorization to work in the United States.
EEO Statement
Equal Opportunity/Notice of Nondiscrimination
Santa Clara University is an equal opportunity employer. For a complete copy of Santa Clara University’s equal opportunity and nondiscrimination policies, see https://www.scu.edu/title-ix/policies-reports/
Title IX of the Education Amendments of 1972
Santa Clara University does not discriminate in its employment practices or in its educational programs or activities on the basis of sex/gender, and prohibits retaliation against any person opposing discrimination or participating in any discrimination investigation or complaint process internally or externally. Information about Title IX can be found at www.scu.edu/title-ix. Information about Section 504 and the ADA Coordinator can be found at https://www.scu.edu/oae/, (408) 554-4109, oae@scu.edu. Inquiries can also be made to the Assistant Secretary of Education within the Office for Civil Rights (OCR).
Clery Notice of Availability
Santa Clara University annually collects information about campus crimes and other reportable incidents in accordance with the federal Jeanne Clery Disclosure of Campus Security Policy and Campus Crime Statistics Act. To view the Santa Clara University report, please go to the Campus Safety Services website. To request a paper copy please call Campus Safety at (408) 554-4441. The report includes the type of crime, venue, and number of occurrences.
Americans with Disabilities Act
Santa Clara University affirms its’ commitment to employ qualified individuals with disabilities within the workplace and to comply with the Americans with Disability Act. All applicants desiring an accommodation should contact the Department of Human Resources, and 408-554-5750 and request to speak to Indu Ahluwalia by phone at 408-554-5750 or by email at iahluwalia@scu.edu.
2.8 Assistant Professor or Associate Professor
The Department of French at the University of California, Berkeley invites applications for a tenure-track position as Assistant Professor of French or a tenured position as Associate Professor of French, focusing on Francophone African literature/film and/or culture, whose primary research focus lies south of the Maghreb. The expected start date of the position is July 1, 2026.
The position entails deep expertise in literary, film, and/or cultural studies related to non-Maghrebi African Francophone Studies, demonstrable either through formal study or publication record, and excellence in teaching. The successful candidate will teach undergraduate courses and graduate seminars for students with a range of disciplinary interests.
We welcome applicants whose research spans a variety of topics and approaches, including, but not limited to, African Diaspora Studies, Caribbean Studies, Film Studies, or Translation Studies.
About the Department:
In the Department of French at UC Berkeley, our dedicated and creative faculty shares a commitment to excellence in teaching, whether it is in an introductory French class, a specialized course for majors, a course on French literature in translation, or an advanced graduate seminar. We encourage independent and innovative thinking and research at both undergraduate and graduate levels.
For its undergraduate majors, minors, and graduate students, the department provides thorough coverage in all periods of both French and Francophone literatures and cultures. It combines this coverage with an array of related fields and topics – from literary history and theory to philosophy, to social and cultural theory, to historical and contemporary linguistics, to the study of gender and sexuality, critical race theory, colonial and post-colonial studies, historiography, visual arts and film, music, popular culture, and politics. We participate fully in the interdisciplinary emphasis that has traditionally distinguished study and research at Berkeley.
Many of our faculty members are affiliated with other programs in the University (with the Departments of Comparative Literature, Italian Studies, Film & Media, and Linguistics, with programs in Romance Languages and Literatures and in Medieval Studies, with Graduate Designated Emphases in Critical Theory; Digital Media; Women, Gender, and Sexuality; Renaissance and Early Modern Studies, and with the Berkeley Language Center, the Center for the Study of Sexual Culture and the Center for Race and Gender).
The department is committed to addressing the family needs of faculty, including dual career couples and single parents. We are also interested in candidates who have had non-traditional career paths or who have taken time off for family reasons, or who have achieved excellence in careers outside academia. For information about potential relocation to Berkeley, or career needs of accompanying partners and spouses, please visit: https://ofew.berkeley.edu/new-faculty.
The University of California, Berkeley is an Equal Opportunity employer. All qualified applicants will receive consideration for employment without regard to race, color, religion, sex, sexual orientation, gender identity, national origin, disability, age, or protected veteran status.
2.9 Assistant Professor – Francophone Caribbean Studies
Assistant Professor – Francophone Caribbean Studies
Full Time
R00110148
Job Description
The Department of French Studies in the College of Humanities & Social Sciences at Louisiana State University is seeking applications for a tenure-track Assistant Professor of Francophone Caribbean Studies, inclusive of Louisiana and the Gulf Coast, across chronological periods. We seek a candidate with an interdisciplinary research practice including (but not limited to) ecocritical, feminist, cultural studies, historical or anthropological approaches. Experience in digital humanities as it relates to the candidate’s field of study, interest in public humanities and innovative pedagogy are encouraged. Designated as one of the “Centers of Excellence†by the Cultural Services of the French Embassy, the Department of French Studies and its Center for French and Francophone Studies are, in addition, part of the network of Chaires Senghor de la Francophonie.
Possibilities for collaboration exist with multiple interdisciplinary programs within the College of Humanities and Social Sciences, including Comparative Literature; Linguistics; African and African-American Studies; Women’s, Gender and Sexuality Studies; and with other colleges across the university, including the Ogden Honors College, the Colleges of Music and Dramatic Arts, Art & Design, Coast and the Environment, and Science.
Required Qualifications: The candidate must have a PhD in French Studies or an equivalent degree at the time of employment, as well as four-skills fluency in both French and English. Knowledge of spoken and written creole (including Haitian, Martinican, or Louisiana French) is desirable. The candidate’s research in their area of expertise must be commensurate with LSU’s Carnegie Classification (Research University – very high research activity).
Responsibilities: A successful candidate will teach undergraduate courses in both French and English, as well as graduate courses in their field of expertise. A successful candidate will have opportunities to supervise and mentor graduate students and serve on graduate committees for students in the DFS and other departments.
A complete application consists of a letter of application; a current CV; a one-page research statement; and a sample of written research work not to exceed 20 double-spaced pages. Application and requested materials should be submitted via https://lsu.wd1.myworkdayjobs.com/LSU/job/0416-Campbell-B-Hodges-Hall/Assistant-Professor—Francophone-Caribbean-Studies_R00110148. A copy of your transcript(s) may be attached to your application (if available). Original transcripts are required prior to hire. Please attach all required documents under the “Resume/CV” section of your application.
In addition, candidates are requested to send three confidential letters of recommendation to the following email address: lsufren@lsu.edu. Letters hosted by a dossier service such as Interfolio may also be sent to this email address.
To apply, visit: https://lsu.wd1.myworkdayjobs.com/LSU/job/0416-Campbell-B-Hodges-Hall/Assistant-Professor—Francophone-Caribbean-Studies_R00110148
All materials, including letters of recommendation, must be received by December 5, 2025.
For questions or concerns regarding the status of your application or salary ranges, please contact Greg Stone, Department Chair, at stone@lsu.edu.
To apply, visit https://lsu.wd1.myworkdayjobs.com/en-US/LSU/job/0416-Campbell-B-Hodges-Hall/Assistant-Professor—Francophone-Caribbean-Studies_R00110148
2.10 Assistant Teaching Professor in French and Francophone Studies
The Department of French and Francophone Studies at Brown University is seeking applications for a language instructor at all levels (three-year contract, renewable).
Responsibilities will include teaching French language classes at all levels (4 courses a year, 2 per semester), coordinating multi-section French language courses, training and supervising Graduate Teaching Assistants, and supervision of Undergraduate Teaching Assistants.
A Ph.D. or ABD in French and Francophone Studies and/or language pedagogy, near-native fluency in French and English, and in-depth knowledge of France and the Francophone world are required. The successful candidate will collaborate with the other members of the program to teach and coordinate courses in the language sequence and will also participate in the ongoing development of the curriculum as well as in the pedagogical training of Graduate Teaching Assistants. They will contribute to the goals of the French program by promoting literacy and integrating fundamental practices of the discipline (creative and expository writing, close reading, intellectual engagement with literary texts and films) across all curricular levels while participating in the broader Humanities mission of the University. Additional duties will include committee assignments, advising, and community engagement.
To receive full consideration, applicants’ dossier must include a cv, cover letter, teaching philosophy statement, sample syllabi, course evaluations, 3 letters of recommendation (2 of which must address the candidate’s teaching), and selection of teaching materials (for instance, a lesson plan or pedagogical sequence). Please address in your materials (cover letter or statements) how you would contribute to the teaching and research missions of our diverse and inclusive university community. Applications will be accepted until the position is closed or filled, but to guarantee full consideration please complete your application by December 1, 2025. Please submit all requested materials via Interfolio. For technical or logistical questions concerning the submission of the application, you may contact the French Studies Department Manager, Candace Laning. For substantive questions, you may contact the Chair of the Search Committee, Prof. Lewis Seifert.
2.11 Assistant Professor of French
Hampden-Sydney College invites applications for a tenure-track position in French at the rank of assistant professor beginning July 1, 2026.
Candidates must be dedicated to undergraduate teaching and be able to teach all levels of language, as well as upper-level literature and culture courses. Interest in contributing new and innovative courses, building the French program, and willingness to teach outside of the program is desired. Responsibilities include teaching 6 courses per year (plus an additional course every three years), scholarly activity, and providing service to the department (including assisting with the French Conversation Table, French Club, and creating a summer study abroad program for French students) and to the College and the community. Completion of the Ph.D. is required by July 1, 2026.
Hampden-Sydney is one of three liberal arts colleges in the United States dedicated to the education of men, and our mission is to educate “good men and good citizens in an atmosphere of sound learning.” As a community, we are dedicated to the goal of building a culturally diverse staff committed to working in a multicultural environment and strongly encourage applications from women and minoritized groups. Hampden-Sydney College values diversity, prohibits discrimination, and is committed to equal opportunity for all employees and applicants for employment.
Review of applications will begin on November 15. Please submit letter of application, curriculum vitae, teaching statement, and three confidential letters of reference to Interfolio.com, https://apply.interfolio.com/174952 c/o Dr. Julia Palmer, Department of Modern Languages, Hampden-Sydney College, Hampden-Sydney, VA 23943. Applications will be considered until the position is filled. [www.hsc.edu; www.hsc.edu/academics/majors-and-minors/modern-languages]
2.12 Assistant Professor – Black French Thought
The Department of French Studies in the College of Humanities & Social Sciences at Louisiana State University is seeking applications for a tenure-track Assistant Professor of Black French Thought, broadly construed. The ideal candidate will have a background in philosophy/literary theory and will demonstrate a sustained interest in the problems raised by contemporary African and Continental philosophy with respect to the history, politics, religion, and esthetics of Francophone African, Afropean, and diasporic communities. We invite a broad array of scholarly orientations and projects, and we are seeking a scholar who is able to make connections across a broad array of on-campus units, including AAAS, Geography and Anthropology, Philosophy and Religion, WGSS, Comparative Literature, and English. Designated as one of the “Centers of Excellence†by the Cultural Services of the French Embassy, the LSU Department of French Studies and its Center for French and Francophone Studies are, in addition, members of the Reseau International des Chaires Senghor de la Francophonie.
Required Qualifications: The candidate must have a PhD or an equivalent degree at the time of employment and a native or near-native mastery of both French and English.
Responsibilities: Ability to teach French language, theory, philosophy, and cultural studies undergraduate courses, as well as graduate courses in their field of expertise. Interest in teaching literature and in innovative pedagogy and expertise in digital forms of delivery is also desirable.
Special Instructions:
Submit letter of application; a current CV; a one-page Research Statement; three letters of recommendation; and a writing sample not to exceed 20 pages via Louisiana State University – Careersby December 5. A copy of your transcript(s) may be attached to your application (if available). However, original transcripts are required prior to hire. Please attach required documents under the “Resume/CV” section of your application. Please address any questions about these special instructions to stone@lsu.edu.
Application deadline is December 5, 2025.
To apply, visit: https://lsu.wd1.myworkdayjobs.com/en-US/LSU/job/0416-Campbell-B-Hodges-Hall/Assistant-Professor—Black-French-Thought_R00109807
2.13 Assistant Professor of French Studies
The Department of Languages, Literatures & Cultures at Susquehanna University invites applications for a tenure-track position in French Studies at the rank of Assistant Professor beginning in August 2026. Candidates must have native or near-native fluency in French and a solid record of student-centered teaching. They must demonstrate an ability to teach French language at all levels as well as a range of courses in French and Francophone cultural and literary studies. The teaching load is 3 courses per semester. Demonstrated success or evidence of potential to excel in teaching and advising undergraduates is essential, as is ongoing scholarly productivity and institutional service.
An earned doctorate in French or Francophone studies (or a related field) is required by date of appointment. A strong commitment to teaching in a liberal arts environment will be essential.
Please submit an online application including a cover letter, CV, and three letters of recommendation. Inquiries should be sent to Dr. Greg Severyn, Chair of the Search Committee: severyn@susqu.edu. Applications are due by November 7.
2.14 Chair, Department of English and Foreign Languages
The Department of English and Foreign Languages at Louisiana State University Shreveport invites applications for the position of Department Chair to begin August 2026. This 9-month tenure-track position is a key leadership role responsible for the overall management of the department’s instructors, curriculum, and educational resources. The chair will work in collaboration with dedicated faculty across literary studies, rhetoric and composition, creative writing, foreign languages, and general education offerings to achieve departmental and institutional goals.
The Chair plays a key leadership role in mentoring and evaluating faculty (especially with respect to the tenure and promotion process), and providing support such that they realize their potential in teaching and research. S/he provides leadership in faculty recruitment, directs academic standards and policy implementation, is responsible for assessing program curricula, collecting accreditation data and for using those to improve outcomes. The Chair also represents the department to academia, industry, and the government to ensure its continued vitality. S/he models collegiality by functioning cooperatively with faculty, while respecting their autonomy. In addition to overseeing departmental operations, personnel, budget and resources, s/he will also teach two classes per semester (6 credit hours).
The successful candidate will have an earned Ph.D. in English or a closely related field. He /she will provide evidence of organizational leadership and will have the effective communication, interpersonal, and administrative skills necessary to nurture an environment of collegiality, collaboration and trust within the department, to negotiate and navigate conflict, influence, and persuade, as well as build genuine connections and trusting relationships within university stakeholders.
Preference will be given to candidates with expertise in 18/19 century literature or upper division writing. Substantial (at least 3 years) experience in academic administration, with proven skills of navigating the unique challenges associated with departmental leadership is also preferred.
Interested individuals should submit an application, including a cover letter summarizing qualifications and leadership approach, a statement of research activity, a teaching statement, a detailed curriculum vitae, and contact information for at least three references. Please send electronic copies of these documents to Dr. Tibor Szarvas at tibor.szarvas@lsus.edu. Applications will be reviewed on a continuing basis until the position is filled and the posting removed from the LSUS HR Web site. We welcome questions related to this posting.
Please visit www.lsus.edu for more details about LSUS and https://www.lsus.edu/faculty-and-staff/human-resources for more information on this position and other employment opportunities.
3. Announcements
3.1 6th Annual Roundtable for Black Feminist and Womanist Theory (Hybrid & Free!)
Dear Colleagues,
I hope you are doing well. I’m writing to share a reminder that the 6th Annual Roundtable for Black Feminist and Womanist Theory is just under two weeks away, and registration is still open! We would be grateful if you could share this event with your students, faculty, and campus networks who may be interested in attending.
This year’s Roundtable will take place November 6–8, 2025, hosted at the University of Rhode Island’s Gender and Sexuality Center, with full hybrid access via Zoom.
All in-person meals are free, and the event is open to the public—registration is required for both in-person and virtual attendance.
Dr. Jasmine Syedullah
Assistant Professor of Africana Studies, Vassar College
Thurs., Nov. 6 | 4:30–6:00 PM
“Truants Congregate in Loopholes: Methods for Surviving the Carceral Futures of Ms. Harriet Jacobs’s Freedom”
A conference reception will follow.
Dr. Olivia Perlow
Professor of Sociology, African & African American Studies, Latino/a/x and Latin American Studies, and Women’s, Gender and Sexuality Studies, Northeastern Illinois University
Sat., Nov. 8 | 3:30–5:00 PM
“Too Much Theory, Too Little Praxis: Unshackling Black Feminism from the Academy”
Event Website (Program Posted Here Soon):
https://roundtableforblackfeminismandwomanism.weebly.com/2025.html
The Roundtable is a gathering space for scholars, activists, students, artists, and community members across fields to share work that centers the intellectual contributions of Black women, femmes, and gender-expansive people throughout the African diaspora. We welcome participation from all disciplines and career stages.
Please feel free to share the registration link widely with students, colleagues, and campus partners. We would especially love to see representation across New England institutions this year.
Thank you for helping us spread the word, and I hope to see you or members of your community at the Roundtable.
Warmly,
Dr. K. Bailey Thomas
Founder & Organizer, Roundtable for Black Feminist & Womanist Theory
bailey.thomas@uri.edu
Contact Information
Dr. K. Bailey Thomas [They/Them]
Contact Email
bailey.thomas@uri.edu
URL
https://forms.zohopublic.com/bfwroundtable/form/2025RoundtableforBlackFeminista…
3.2 DECOLONIAL EDUCATION AND GLOBAL CITIZENSHIP
This international seminar examines the intersections between colonial legacies, educational systems, and decolonial pedagogies within a global framework. Interdisciplinary by design, it fosters dialogue between contemporary history and intercultural pedagogy.
The programme consists of two sessions: a Public History workshop inviting students to critically engage with archival footage and postcolonial literary texts, and an academic symposium dedicated to research presentations and scholarly debate on decolonizing education.
Through images, testimonies, and critical conversations, the seminar asks: What does it mean to teach and learn beyond imperial legacies, and how might we imagine education otherwise?
The event is organized by Roma Tre University, in collaboration with the University of Geneva and the University of Coimbra, on the occasion of the 80th anniversary of the foundation of UNESCO, under the patronage of the Italian National Commission for UNESCO.
Contact Information
Prof. Marialuisa Lucia Sergio
Associate Professor in Contemporary History
Roma Tre University
Department of Education
Via del Castro Pretorio 20, 00185, Rome
Contact Email
marialuisalucia.sergio@uniroma3.it
URL
https://www.sissco.it/calendario/decolonial-education-and-global-citizenship/
4. New Publications
4.1 Resurrecting the Past: France’s Forgotten Heritage Mandate
by Sarah Griswold
Imprint
Cornell University Press
In Resurrecting the Past, Sarah Griswold shows how the Levant became a crucial front in a post-1918 fight over the French past—a contingent and contradictory but always hard-charging struggle over a forgotten “heritage mandate.” Many scholars, clergy, pundits, politicians, and investors perceived the moment Allied forces entered Jerusalem in December 1917 to be a once-in-a-lifetime opportunity to expand French influence, evoking the vision of a new colony in the territory: a French Levant. But what transpired for the French state in the Levant after World War I, and why does that ill-conceived venture still matter today?
Resurrecting the Past investigates how heritage politics led to a new form of empire—a French mandate for Syria and Lebanon—and with it a tide of regional and international critique. Against such opposition, the heritage mandate leaned heavily on spectacle and science, generating a sprawling set of sites and objects—Ottoman mansions, crusader castles, Umayyad mosques, Roman arches, buried synagogues, and Sumerian ziggurats.
As Griswold traces how French heritage efforts cycled through multiple ideal pasts in the Levant from 1918 to 1946, she reveals how each one, though grounded in realities, also complicated those constructs and the work of French heritage-makers. Resurrecting the Past offers a parable of how efforts in heritage politics aimed to construct a union of ideologies and objects deemed the best past for France’s uncertain future but struggled as much as they succeeded. Eventually those same heritage politics ironically helped officials justify the end of the “French Levant.”
4.2 Managing Global Student Migration in the Twentieth Century: The Cité Internationale Universitaire de Paris Experiment
Editors:
- Book
- Open Access
- 2025
- Part of the book series: Palgrave Studies in Migration History (PSMH)
This open-access book examines student migration in the twentieth century, focusing on the Cité Internationale Universitaire de Paris. Established in 1925 by the French government with support from a diverse coalition of international public and private actors, this campus was intended to host up to 10,000 students from various national backgrounds each year, thereby fostering French influence and promoting cross-cultural understanding. In this context, the book traces these students’ trajectories through major social and political movements of the century—such as anti-colonialism, communism, and feminism—from the interwar period to the globalization in the 2000s. It explores the varied backgrounds of students, including democratic elites, exiles fleeing military dictatorships, and students from developing nations.
Through this analysis, the book illuminates the forces driving global student mobility and academic diplomacy, assessing the roles of governments, universities, and philanthropic organizations in shaping these efforts. Furthermore, it reveals the complex intersections of class, gender, and race within migrant student communities, for whom the Cité served as a nexus of exchange and cultural transfer. By using the Cité Internationale as a case study, this work offers a distinctive perspective on the global history of student mobility and transnational higher education.
4.3 French Studies Bulletin
Liverpool University Press
Volume 46
Issue 4
Oct 2025
ISSN (online): 1748-9180

